Fuck her right in the pussy signifie Introduis ton appendice sexuel mâle dans l'appareil reproducteur de cette dame. Forme impérative, hyper trash, vulgaire au cube, dans le texte.

C'est une phrase, c'est un mouvement, c'est un cri de ralliement né dans l'imaginaire de débile léger de John Cain, un Américain qui a le chic pour produire des canulars prenant la forme de vrais-faux reportages télévisés. En mai 2014, Cain a donc créé une fausse séquence où un journaliste de la télévision dit - alors qu'il pense ne pas être en ondes - qu'il introduirait bien son appendice sexuel dans l'appareil reproducteur d'une femme disparue.

Depuis, viralité oblige, des centaines de cabochons anglo-saxons (mais pas seulement) s'amusent à interrompre le travail de femmes qui travaillent à la télévision pour dire à la caméra, pendant qu'elles sont en train d'interviewer quelqu'un : « Fuck her right in the pussy. »

La phrase est destinée à la journaliste. La prestation a lieu en direct. Je répète que la phrase est à la forme impérative, un peu comme un ordre à l'homme qui se fait interviewer par la journaliste.

Généralement de mèche avec d'autres grands primates, le type glousse et se trouve bien drôle. En cette époque de conformisme tous azimuts, ça passe pour un mouvement subversif...

Les femmes qui font ce métier de journaliste, qui se font harceler par cette phrase, par ce mouvement, par ce cri de ralliement ne la trouvent pas drôle. Il y a que c'est déconcentrant, que ça te scrappe une entrevue. 

Il y aussi que c'est une joke qui évoque une relation sexuelle non consentante, aussi appelée « viol ».

Je rappelle que la phrase est « Introduis ton appendice sexuel mâle dans l'appareil reproducteur de cette dame », et non pas « Demande donc à cette dame si elle voudrait consentir à l'idée d'aller souper avec toi et plus si affinités ». Dans « Introduis ton appendice sexuel mâle dans l'appareil reproducteur de cette dame », l'opinion de la dame n'est pas prise en compte.

Je vous parle de #FuckHerRightinThePussy (oui, la chose a son propre mot-clic) parce que la journaliste torontoise Shauna Hunt s'est fait faire le coup en marge d'un match de soccer professionnel à Toronto dimanche. L'idiot s'est prestement éloigné du cadre de la caméra après son forfait, mais un petit troupeau de cabochons s'est mis à glousser derrière elle, visiblement de mèche.

Hunt a donc apostrophé les gars qui riaient, en leur demandant ce qu'il y avait de si drôle à cette pratique dégueulasse. Un des hommes a rabroué la journaliste : « C'est f*****g hilarant ! Ça se fait ailleurs. En Angleterre, ils mettent un vibromasseur dans l'oreille des journalistes, compte-toi chanceuse... »

La prise de bec de Shauna Hunt est elle-même devenue virale, parce qu'elle affronte ses tourmenteurs avec verve, calme et aplomb. Parce que c'était une réponse imparable à une tendance qui réduit - encore - la femme à un orifice qui devrait se soumettre à la forme impérative des désirs masculins.

Shawn Simoes n'a pas dit Fuck Her Right in the Pussy mais c'est lui qui a dit à la journaliste Hunt que c'était « f*****g hilarant » tout en invoquant le vibromasseur qu'elle aurait pu se faire mettre dans l'oreille.

L'employeur de M. Simoes, Hydro One, a annoncé qu'il serait congédié après cette singerie qui a fait le tour du monde.

Je sais qu'un tas de gars vont lire cette histoire et se dire que le politiquement correct fait des ravages, que les femmes exagèrent, que #FuckHerRightInThePussy n'est après tout qu'une blague, une mauvaise blague, mais une blague quand même...

Parmi les imbéciles qui se moquaient de Shauna Hunt, aucun ne peut sérieusement prétendre qu'il risque de subir une agression sexuelle. Pour un homme adulte, c'est extrêmement rare. Pour Shauna Hunt, et pour à peu près toutes les femmes présentes aux abords de ce stade, et à peu près toutes les femmes qui ont vu la séquence, et à peu près toutes les femmes qui lisent cette chronique, c'est une réelle possibilité, qui est toujours là, quelque part en elles.

Par agression sexuelle, je parle de tout ce spectre qui va des caresses non désirées au viol par inconnu dans le fond de la ruelle. C'est un fléau qui victimise principalement les femmes. Ce fléau est banalisé par des singeries du genre #FuckHerRightInThePussy.

Alors phoque you, Shawn Simoes.

SYNERGOLOGIE EN RAPPEL

On me chuchote à l'oreille que l'Université Laval a été interpellée par mes reportages sur la synergologie et se demande s'il ne faudrait pas biffer la journée de synergologie du cours de 14 jours destiné aux enquêteurs civils du gouvernement. Bravo.

La grande soeur de la synergologie est en quelque sorte la Programmation neurolinguistique (PNL), elle aussi débusquée comme une pseudoscience depuis des années : les prétentions de la PNL ne sont pas fondées. Eh bien, pour un poste de directeur de programme à Montréal, le Canadien National (CN) exige une connaissance de la PNL. Et de l'intelligence émotionnelle.

Pas de farces...

Le CN a refusé de m'accorder une entrevue où il aurait été question de sa foi dans des méthodes discréditées par la science, hier.

Pour les conducteurs de locomotive, paraît que le CN demande aux Capricornes de ne pas postuler, leur carte du ciel est limpide là-dessus : ça ne sait pas chauffer un train, un Capricorne.

SYNERGO II

Vous ne le savez pas, mais La Presse a un commando secret de fantassins de l'information. Ce sont nos journalistes à la recherche Serge Laplante (Québec) et William Leclerc (Ottawa), qui fouillent les archives gouvernementales pour y dénicher des perles. Serge et Will ont été d'une grande aide dans mon dossier synergologie, et je les en remercie.

Je vous dis ça sans me gratter le nez, les boys.