Le maire Denis Coderre avait promis de s'élever au-dessus de la partisanerie, en campagne et après son élection. Message subliminal: la composition du comité exécutif représentera cette belle ouverture d'esprit. Eh bien, il a annoncé son comité exécutif, hier, qui inclut deux élus de l'équipe de Marcel Côté.

Deux morceaux de robot pour l'ouverture.

Et Projet Montréal, qui forme l'opposition officielle?

Rien. Pas un siège. De l'ouverture, mais pas trop.

Donc, Denis Coderre peut dire qu'il s'élève au-dessus de la mêlée de la politique en incluant Russell Copeman et Réal Ménard. Mais en excluant Projet Montréal, on peut dire qu'il a choisi de ne pas s'élever bien haut. Tout est relatif...

Il fait une petite place à une équipe politique qui n'existe pour ainsi dire plus, dans un contexte où il n'a pas le choix: il n'est pas majoritaire. La Coalition menée par Marcel Côté n'est pas une adversaire politique pour M. Coderre. Il a même enrôlé M. Côté, qui agira comme conseiller du néophyte président du comité exécutif, Pierre Desrochers!

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, est indigné que son parti n'ait pas été invité au «gouvernement» de Montréal. Nous parlerons pour les 69% de Montréalais qui n'ont pas voté pour Denis Coderre, a-t-il persiflé.

Puis-je apporter deux bémols à cette indignation projettiste?

Primo, en se confiant à Yves Boisvert il y a une semaine dans La Presse, M. Bergeron a dit avoir «côtoyé le vide» pendant toute la campagne. Il n'a nommé personne, mais il ne faut pas être Nostradamus pour voir qu'il visait Denis Coderre. Peut-être que le «vide» a de la mémoire...

Deuzio, le parti le plus progressiste de la scène municipale peut se réjouir: son exclusion montre qu'il est politiquement menaçant pour M. Coderre. Et il pourrait le devenir encore plus si le chef qui succédera à M. Bergeron peut connecter avec l'électorat.

Au strict chapitre de la realpolitik, exclure Projet Montréal est tout à fait logique, pour Denis Coderre. C'est un peu plus gênant quand on s'est posé comme le candidat du renouveau des moeurs et pratiques politiques, comme l'hyperactif politicien de Montréal-Nord l'a fait.

Réjouissons-nous cependant de l'exclusion de deux poids lourds d'Union Montréal, j'ai nommé Michel Bissonnet et Alan de Sousa. Déjà que l'Équipe Coderre a fait campagne avec tous les aveugles qui n'avaient rien vu des crocheries commises dans le parti de Gérald Tremblay, s'il avait fallu qu'il fasse entrer au comité exécutif deux des fleurons de ce parti moralement corrompu, c'eût été franchement embarrassant.

Denis Coderre a nommé hier huit de ces anciens d'Union Montréal, de ces aveugles qui n'avaient jamais su renifler les histoires de ristournes et de copinage au nom du lubrifiant monétaire des finances du parti.

Par charité humaine, laissons-leur le bénéfice du doute en nous disant qu'ils étaient des joueurs de l'équipe B, chez Gérald Tremblay.

D'autres l'ont dit: c'est une équipe peu expérimentée en politique municipale qui arrive au comité exécutif, une équipe dénuée de poids lourds. Réal Ménard est le seul à avoir déjà été membre du comité exécutif, dans le passé.

Ça peut sembler mince. Surtout que Pierre Desrochers, qui présidera ce comité exécutif, est un néophyte de l'administration municipale. Mais rappelons-nous que le numéro deux de Gérald Tremblay, au début de son règne, était un vieux routier de la chose municipale, fort expérimenté: Frank Zampino.

Tout est relatif.