C'est l'histoire d'un jeune homme qui promène son chien dans un parc du quartier Mercier et qui aperçoit en plein jour un pauvre type en train de faire un numéro deux dans un bosquet.

Le jeune promeneur de chien enfile un métaphorique costume de superhéros et apostrophe le pauvre type. À grands coups de jurons, il l'insulte et lui ordonne de ramasser ses excréments.

Ça tombe bien, en propriétaire de chien modèle, il a un sac sous la main. Ramasse ta marde, lui dit-il.

Le pauvre type est un poqué, ce qui n'excuse rien mais qui en explique probablement un bout sur ce qu'il vient de faire dans le bosquet.

Il s'exécute. Il ramasse sa merde. Il la dépose dans la poubelle.

Ce n'est pas assez pour le jeune homme. Il ne veut même pas entendre le poqué rouspéter. Ta gueule, qu'il lui dit, sale BS, c'est moi qui paie ton logement; c'est moi qui paie ce parc-là, je sais pas pourquoi je ne te pète pas la gueule...

Et justement, au milieu d'une diatribe petit facho qui se donne le droit de tout parce qu'il paie des taxes, BANG, il fait tomber l'ivrogne, en continuant à le menacer.

L'ivrogne est quasiment en larmes. Je ne sais pas si le jeune homme avait une bosse dans le pantalon, mais je devine que oui...

Le justicier s'appelle Marvin Lapointe. Il a 26 ans.

Si, à ce point-ci de mon histoire, vous vous demandez comment je peux vous faire avec précision la description de la rencontre entre ces deux pauvres types - les deux étant pauvres pour des raisons différentes -, bravo, vous êtes allumé...

Réponse: c'est parce que nous sommes au XXIe siècle.

Et au XXIe siècle, tout se filme, parce qu'il faut bien évidemment tout montrer. Se montrer.

Dirty Marvin a donc filmé la scène avec son téléphone. Et il a mis la vidéo sur sa page Facebook.

Traduction: il s'est filmé en train de commettre des voies de fait et il s'est empressé de partager le délit avec l'univers entier. Jackass rencontre les Darwin Awards...

Quelle époque, où les gens se filment faisant toutes sortes de pitreries. Et en diffusent les images!

S'attirant honte, opprobre, accusations ou congédiements. Ces histoires d'arroseurs arrosés et filmés abondent. Tu penserais que les gens apprendraient de ces erreurs. Tu te tromperais.

Juste avant Facebook et Twitter, en pleine ascension des blogues, Marie-France Bazzo avait en 2004 lancé un concours pour nommer l'époque. Ses auditeurs de Radio-Canada avaient participé en grand nombre.

Gagnant: ego.com...

Si le concours avait lieu aujourd'hui, tata.com aurait une sérieuse option sur le titre.

L'ART - Xavier Dolan a réalisé un clip-coup-de-savate pour Indochine, à partir d'une toune qui s'intitule College Boy. Le vidéoclip est une fable sur le bullying. Un étudiant, dans un collège qu'on devine huppé, est la victime de petites brutes et ça se conclut par une crucifixion et beaucoup, beaucoup de sang...

C'est brillant. C'est dur. C'est d'une beauté troublante. C'est violent.

Ça fait scandale, forcément, justement parce que ça saigne. En fait, ça saigne et c'est beau: on sait pas comment prendre ça, en cette époque binaire...

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) français songe à l'interdire aux moins de 16 ans, peut-être même aux moins de 18 ans. MusiquePlus a annoncé qu'elle ne diffusera pas le clip.

Quelques observations...

Nous sommes en 2013: le clip de Dolan va vivre sur le web. Il sera vu par ces jeunes yeux qu'on veut préserver d'une métaphore qui décrit très bien la réalité du bullying.

Mais non, ça ne se finit (presque) jamais en boucherie. La question n'est pas là. Le truc, c'est que si on pouvait ouvrir une petite fenêtre dans le coeur, dans l'âme et dans la tête des ti-culs qui se font insulter et qui se font battre par les petites brutes dans nos écoles, c'est ce qu'on verrait. Du sang partout.

Quant à MusiquePlus qui ne diffusera pas le clip de Dolan-Indochine: je suis heureux d'apprendre que MusiquePlus existe encore.

Quant à Dolan: continue, jeune homme.

TATA.COM, PART II - J'ai lu dans le Journal de Québec, plus tôt cette semaine, un article sur ce soudeur montréalais qui a coulé une rondelle du Canadien dans les fondations du futur Colisée de Québec...

Et, et... Et je vais le dire comme ça sort: le journaliste a donné la parole à un certain Jean-Jacques Dubois, présenté comme un «psycho-hamanologue» et «spécialiste des mauvais sorts».

La semaine prochaine, Raël nous dit ce qu'il pense de l'exploration spatiale.

POW-POW - Drame au Kentucky, mardi. Dans cette maison mobile montrée dans les journaux, un garçon de 5 ans a tué sa soeur de 2 ans. Une balle de carabine de calibre .22 en pleine poitrine.

Une décharge accidentelle mortelle, comme il s'en produit chaque jour dans ce pays fou de ses 300 millions de guns.

Ce qui teinte ce drame-là: le ti-cul a tiré sur sa soeur avec sa propre carabine, une carabine pour enfants, fabriquée par Keystone Sporting Arms, dont le marketing est «Ma première carabine», justement. Bleue, pour les garçons. Pour les filles, devinez...

En 2008, il s'est vendu aux États-Unis 60 000 carabines pour enfants, chez Keystone Sporting Arms.

En 2008, il ne s'est vendu aux États-Unis aucune friandise chocolatée de type oeuf Kinder: trop dangereuses pour les enfants, selon les lois américaines.

À cause du jouet dans l'oeuf. Danger d'étouffement.

Je dis ça de même.