Après ma chronique sur la mort de Paul Rose, les lecteurs Jean Gagnon et Jacques Desrosiers m'ont écrit pour dire que le felquiste n'était pas présent quand Pierre Laporte a été tué. Il est vrai que le rapport Duchaîne a jeté un doute sur sa présence ce jour fatidique d'octobre 1970.

Je sais tout ça.

Pourquoi, alors, amorcer cette chronique avec les mots «l'assassin felquiste de Pierre Laporte» ?

Parce que Paul Rose et ses camarades de la cellule Chénier ont toujours assumé une responsabilité collective pour la mort de Laporte. Sans jamais en raconter les détails.

Il y a un flou dans la mort de Laporte. Mais ce flou a été en grande partie entretenu par les membres de la cellule Chénier. C'est leur droit. Mais le corollaire de ce flou, c'est de porter l'étiquette d'assassin. Parce que Laporte n'est pas mort par l'opération du Saint-Esprit. Je sais, il y a cette théorie: Laporte serait mort dans une mêlée avec ses ravisseurs, accidentellement.

Vrai que c'est une théorie plus commode que celle de l'assassinat de sang-froid d'un homme sans défense.

En réponse à cette chronique sur le felquiste Paul Rose, Jean-François Thibaud m'écrit les mots les plus brutaux, les plus froids reçus dans ma messagerie depuis fort longtemps.

«Je peux vous assurer que si on vous retrouvait dans un coffre de char, je ne verserais pas une larme.»

Nous vaincrons.

Parlant de l'opération du Saint-Esprit, plusieurs lecteurs m'ont reproché cette chronique sur l'entrevue de Céline Galipeau avec le cardinal Marc Ouellet. Je n'en démords pas: ce n'était pas une entrevue, c'était une séance de lancer de la balle molle.

Le boss de la «chef d'antenne» Galipeau, Jean Pelletier, qui porte lui-même le titre pompeux de «premier directeur» de l'information télévisée à Radio-Canada, a même envoyé une note de service à toutes ses ouailles, from coast to coast. Pour dénoncer ma méchanceté.

Je ne suis pas étonné de la virulence de la réponse du Premier Super Suprême Maxi Directeur. Il a bien capté le message subliminal dans cette chronique: le problème, au fond, c'est pas la lanceuse de balles molles. Le problème, c'est le coach qui l'envoie au monticule.

D'où sa réponse un peu hystérique de gars qui a quelque chose à se reprocher...

Mais le vrai péché de cette entrevue, c'est l'information à la remorque du marketing de l'info. Quand on investit autant dans les têtes d'affiche de l'Information, quand on en fait des «chefs d'antenne», il tombe sous le sens qu'on leur refile les gros noms (comme Ouellet) quand ceux-ci daignent vous accorder une audience. Fait que les gros noms parlent aux gros noms, et la roue tourne et tourne. Dans le velours, bien sûr...

Mais ce n'est pas parce que votre visage orne les pubs de Radio-Canada sur les autobus de la Société de transport de Montréal et sur les panneaux d'affichage en bordure du pont Jacques-Cartier que vous êtes l'intervieweuse du siècle. Sorry.

Que dites-vous?

Lysiane Gagnon a commenté ma chronique Galipeau-Ouellet?

Je suis sûr que ce fut génial, comme à son habitude.

Foglia aussi l'a commentée. Il a dit qu'il l'avait trouvée très bonne, l'entrevue Ouellet-Galipeau. Quelques lecteurs en pâmoison devant les gros noms se sont fait un plaisir de me souligner que Foglia m'envoyait une taloche, bien sûr...

Croisant Foglia dans la salle de rédaction de La Presse, je lui ai demandé ce qu'il lui avait trouvé de si bon à cette entrevue...

Réponse de Foglia, sourire en coin: «Je ne l'ai même pas regardée, l'entrevue. Mais je suis sûr que c'était comme tu l'as dit!»

Je vais vous dire un truc à propos de Foglia et vous allez tout comprendre: ce n'est pas parce que vous pensez qu'il rit avec vous qu'il n'est pas en train de rire de vous...

Toujours dans la catégorie des réponses, j'aimerais souligner celle du cabinet du ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, aux reportages de l'équipe d'enquête de La Presse sur les grandes manoeuvres de Guy Hébert, ex-DG de la Ville de Montréal, qui voulait avoir la tête du chef de police Marc Parent.

Le cabinet de Bergeron a confirmé l'histoire de La Presse, lundi après-midi. Torpillant la réponse matinale, effarouchée et mensongère du DG Hébert. Le DG a démissionné avant le souper.

Ce ministre-là a refusé de jouer dans les combines de l'hôtel de ville de Montréal. Ce genre de refus, c'est rare. Et c'est peut-être la seule réponse efficace à opposer aux combinards. Juste ce mot-là: non.

Tenez, toutes ces firmes de génie à qui des partis politiques demandaient du cash, elles auraient pu dire non, par exemple. Et appeler les flics. Mais elles ont dit oui et la roue de la collusion a continué à tourner et à tourner. Dans le velours.

J'allais justement parler des réponses de Rosaire Sauriol, boss de la firme de génie Dessau, à la commission Charbonneau hier, mais je manque malheureusement de place ici. Ne crains rien, ami lecteur: Yves Boisvert y consacre toute sa chronique.

C'est vrai que quand il s'agit de Dessau, il y a beaucoup de vidanges à sortir.