Avant de devenir informateur de la police, Claude Lachapelle jouait son rôle de chef de cabinet du maire de Mascouche Richard Marcotte avec zèle. Arrogant et agressif, se souvient Stéphane Handfield, habitué du conseil municipal, où il emmerdait le maire avec ses questions.

Un jour, se souvient Handfield, Claude Lachapelle l'a apostrophé en bordure de l'hôtel de ville.

«Il m'avait dit: Toi, mon p'tit crisse, si tu continues de même, tu vas être dans la marde», raconte Handfield, aujourd'hui chef de Vision démocratique Mascouche.

Dans l'acte d'accusation contre les 15 personnes soupçonnées de corruption à Mascouche, le nom de Claude Lachapelle revient souvent. Il semble avoir été une sorte de lubrifiant dans les rouages du copinage orchestré, selon la police, par le maire Marcotte et les entrepreneurs Normand Trudel et Tony Accurso.

C'est cet homme qui a, semble-t-il, viré capot et choisi d'aider l'escouade Marteau dans son enquête en piégeant ses anciens complices. Comment? Pourquoi? On ne le sait pas encore.

Mais Claude Lachapelle semble avoir fait le même travail que ceux qui tournent leur veste et qui ont coulé les motards, dans quelques enquêtes. Un travail de délateur.

Tous les délateurs ont leurs zones d'ombre: ils ont souvent participé aux actes criminels, ou du moins fermé les yeux. C'est pourquoi tous les délateurs sont sauvagement attaqués en cour par les avocats de la défense. M. Lachapelle va se faire rosser, c'est sûr, par du talent juridique de qualité.

Évidemment, les délateurs sont plus difficiles à piéger quand ils ont de la preuve matérielle à offrir, comme des enregistrements. Si M. Lachapelle a immortalisé les paroles de certains accusés, les procès risquent d'être très divertissants... si tout le monde ne plaide pas coupable.

Quand il a vu le Journal de Montréal d'hier, Claude Lachapelle a dû avaler ses Corn Flakes de travers. Même si l'acte d'accusation laissait deviner qu'il bossait pour la SQ - on décrit ses gestes, potentiellement illégaux, alors qu'il n'est pas parmi les accusés -, sa photo à la une annonçait son nouveau rôle: délateur de crimes en col blanc.

Or, un délateur du genre, ça se protège.

Claude Lachapelle est-il protégé par la police?

Hier, la SQ a refusé de répondre à cette question. Je comprends la police d'être de façon générale parano quant à ces questions de sécurité, mais dans le cas particulier de M. Lachapelle, c'est différent.

D'abord, parce que le monde de la construction a la fâcheuse habitude d'être le théâtre de claques sur la gueule, la SQ devrait protéger le témoin Lachapelle. L'intérêt public, qui dépasse largement le MascouGate, serait desservi si quelque chose de fâcheux arrivait à M. Lachapelle.

Et la SQ devrait non seulement protéger M. Lachapelle, mais aussi dire qu'il est protégé. Ça enverrait le message à d'autres personnes qui pourraient être tentées de collaborer à l'enquête, et qui pourraient avoir des craintes pour l'intégrité de leurs rotules, qu'elles peuvent le faire sans inquiétude.

AH, LA FAMILLE! Le PQ a sorti un joli missile sol-sol à l'Assemblée nationale hier. Il semble que l'UPAC ait de la difficulté, depuis trois mois, à obtenir des documents du ministère de la Famille, dans son enquête sur l'attribution des places en garderie, sous Tony Tomassi.

L'explication de la ministre actuelle, Yolande James, frise l'ésotérisme. Elle plaide la confusion bureaucratique. Les fonctionnaires pensaient que les documents visés par les enquêteurs étaient des données personnelles et confidentielles.

C'est fascinant de voir l'UPAC parlementer ainsi avec un organisme qui branle dans le manche.

Pourquoi ne pas avoir requis un mandat de perquisition pour aller fouiller dans les tiroirs du ministère de la Famille?

Si l'UPAC veut des documents au ministère de la Famille, surtout concernant un ministre qui a (dans une autre affaire) été accusé de crimes de corruption, elle ne devrait pas avoir peur d'écraser des orteils pour arriver à ses fins.

C'est pour ce genre de délicatesse que certains disent - j'en suis - que l'indépendance de l'UPAC par rapport au gouvernement reste à établir.

AH, LAURENT! Le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a dit que le maire de Mascouche, Richard Marcotte, devrait se poser des questions sur son aptitude à siéger comme maire de Mascouche.

Très juste. Pour une rare fois, je suis d'accord avec M. Lessard. En plus, je le comprends! Il a dit cela en français, et pas en klingon, comme il en a l'habitude.

M. Marcotte, on le sait, est accusé de crimes de corruption. Comme Tony Tomassi, ancien ministre libéral. Mais aucun de ses collègues ne lui a suggéré de réfléchir à son aptitude à siéger comme député de LaFontaine.

Un oubli, sans doute.