Regarder le ministre Tony Tomassi en Chambre, c'est comme regarder un homme tomber du centième étage. La fascination est macabre. Tu ne veux pas regarder, mais tu regardes quand même...

Trois mois que je documente, en dilettante, sur mon blogue, la chute aux enfers du député de LaFontaine. Voici quelques cas qui ont propulsé Tony Tomassi, dans les derniers mois, dans les manchettes:

-Contribuer à la caisse du PLQ semble aider l'obtention de places en garderie privée;

-Habiter dans la circonscription de M. Tomassi ET contribuer à la caisse du PLQ accroît les chances d'obtenir des places en garderie privée de façon exponentielle;

-Être un ami d'enfance du ministre de la Famille est apparemment un antidote formidable pour surmonter le jugement défavorable des fonctionnaires chargés d'étudier les dossiers de garderie soumis par des promoteurs privés;

-Pour calmer les soupçons de favoritisme, le ministre a «ouvert les livres» de son ministère pour l'Association québécoise des centres de la petite enfance. Vérification faite, ces documents ne comportaient aucun nom de promoteur, aucune ville, aucune date!

-Quand il fut révélé que des garderies financées par l'argent public étaient gérées comme des incubateurs confessionnels pour petits juifs et petits musulmans, M. Tomassi n'y a bêtement rien vu de répréhensible (il s'est mystérieusement «ravisé» le lendemain);

-Après avoir tourné autour du pot pendant deux jours, M. Tomassi a dû reconnaître, jeudi, que l'entreprise de construction de sa famille, Genco, avait bel et bien rénové une garderie après l'arrivée au pouvoir des libéraux...

On regarde tout ça et on se dit que si Tony Tomassi était une plateforme pétrolière, il y a longtemps que le ministère de l'Environnement l'aurait fermée. Politiquement, tout ce qui sort de son bureau depuis des mois est l'équivalent d'une gigantesque marée noire.

Mais le plus surréaliste, c'est que Tony Tomassi s'empêtre dès qu'il ouvre la bouche pour donner des explications ou se défendre. Oubliez ses expressions sans queue ni tête, ses «monsieur le parfait» en lieu et place de «monsieur le président»: Jean Perron et Claude Poirier font bien carrière en parlant le klingon...

Non, c'est quand il dit ce qu'il veut dire que le ministre de la Famille creuse encore plus sa tombe. Quand il répond à Nicolas Girard, son tortionnaire péquiste, que ses attaques sont motivées par le racisme du PQ, par exemple...

Bref, par son manque de maîtrise des dossiers, par ses esquives télégraphiées et par ses amitiés qui semblent se faufiler jusque dans son bureau de ministre, Tony Tomassi a fait la preuve par mille depuis trois mois qu'il n'a pas sa place comme ministre du gouvernement d'une grande province comme le Québec.

C'est ça, le vrai scandale. Au-delà des allégations de favoritisme dont le ministre s'est défendu de façon risible, au-delà des stupides tentatives de se poser en victime de racisme politique, on sent Tony Tomassi totalement, désespérément, cliniquement incompétent.

Quelle grande qualité explique la sélection au cabinet, sérieux?

À part le fait qu'il possède un battement cardiaque?

Mes collègues qui couvrent la politique l'ont expliqué: il reste six semaines à la session parlementaire, ce serait tout un casse-tête que de le congédier maintenant. Le premier ministre Charest n'a pas le choix. Il doit vivre avec Tony Tomassi.

Peut-être. Mais le premier ministre a quand même dit ceci: «On a fait plusieurs gestes pour soutenir les familles. Nous allons continuer à le faire. C'est la mission qui est confiée au ministre de la Famille et il le fait bien.»

 

Toujours jeudi, après que M. Tomassi eut expliqué les origines modestes de son père, immigrant italien - ce qui n'avait aucun rapport avec les questions du PQ -, le ministre de la Famille a été croqué en photo, en Chambre.

Une photo formidable de Jacques Boissinot, de La Presse Canadienne. On voit M. Tomassi, mains jointes, l'air solennel.

Autour de lui, ses collègues libéraux. Tous debout. Et ils applaudissent.

Ils l'applaudissent, lui, le ministre de la Famille, qui fait si «bien» son travail.

Dans les archives, sous cette photo, je sais bien que c'est impossible, mais on devrait mettre la légende suivante: Voici pourquoi la population ne fait pas confiance à ses politiciens.

Photo: PC

Le ministre de la Famille Tony Tomassi croqué en Chambre jeudi, les mains jointes, l'air solennel. Après qu'il eut expliqué les origines modestes de son père, immigrant italien, ses collègues libéraux se sont levés pour l'applaudir.