C'est à pleurer. La chaîne Comedy Central, à plusieurs égards un bastion de la liberté d'expression, vient de se soumettre, sous la menace, au diktat d'un livre vieux de 1400 ans. Le Coran.

Comedy Central fait dans l'humour, mais dans l'humour de certaines de ses émissions, on trouve du commentaire social et politique percutant. C'est la chaîne du Daily Show et du Colbert Report, par exemple.

Et c'est la chaîne de South Park.

Depuis 1997, South Park, un dessin animé, varge à coups de sarcasme et d'ironie dans la culture populaire. Pour les petits bonshommes de Trey Parker et Matt Stone, il n'y a pas de vaches sacrées. Au fil des ans, ils se sont moqués d'artistes, de politiciens, de sportifs, de Jésus, de Mahomet, de Bouddha, des juifs, des mormons, de la scientologie. Sans oublier le Canada!

Pour le 200e épisode, l'équipe de South Park a réuni toutes les têtes de Turc de la série pour un jamboree festif. Le prophète musulman Mahomet avait déjà fait une apparition, vocale, dans un vieil épisode. Pour marquer ce 200e, les créateurs Parker et Stone ont décidé de dessiner Mahomet.

South Park étant South Park, ce pauvre Mahomet a été dessiné... dans un costume d'ours. Pourquoi? Aucune idée. C'est ça, l'absurde.

Sauf que le Coran, bien qu'écrit quasiment un millénaire et demi avant South Park, est assez clair sur un point: il ne faut pas reproduire le prophète Mahomet, en dessin, en sculpture ou en Play-Doh.

Les fous d'Allah n'ont pas tardé à se manifester quand il fut connu que Mahomet en peau d'ours ferait une apparition spéciale dans South Park: un petit groupe de fêlés établis à New York a publié des menaces à peine voilées à l'endroit de Parker et Stone, rappelant pas très subtilement l'assassinat de Theo Van Gogh, le cinéaste néerlandais qui a commis le «crime» de critiquer l'islam dans un court métrage. Photo du corps de Van Gogh à l'appui.

Qu'a fait Viacom, le conglomérat propriétaire de Comedy Central? Eh bien, tragiquement, il s'est soumis au diktat des excités de l'islam. L'épisode a été censuré. Les références à Mahomet, visuelles et autres, ont été supprimées de l'épisode. Bienvenue en 632 après Jésus-Christ!

La bande de South Park est évidemment méchante, iconoclaste, sans aucun respect pour le sacré, qu'il soit laïque (stars de la culture populaire) ou religieux (Bouddha, Jésus, Mahomet). Mais cette méchanceté, c'est le corollaire d'une société ouverte et libre, qui peut critiquer tout le monde et son prochain.

Et cette liberté, c'est une condition essentielle au développement d'une société. Comme l'écrit l'islamologue Bernard Lewis, dans What Went Wrong, son livre sur la modernité et l'islam: «Pour un observateur occidental, c'est précisément ce manque de liberté - liberté de l'esprit contre la contrainte et l'endoctrinement, de questionner et de parler; liberté économique contre la corruption; liberté des femmes contre l'oppression masculine; liberté des citoyens contre la tyrannie - qui sous-tend beaucoup des problèmes du monde musulman.»

Lewis note que l'islam a été, traditionnellement, un vecteur de développement économique et scientifique. La radicalisation est venue aux XIXe et XXe siècles. Et là, au XXIe, voici que l'islam a peur... d'un dessin animé.

Évidemment, chaque fois qu'on recule devant un extrémiste, ça ne l'apaise pas. Ça l'encourage. Si un tata barbu tenant un blogue obscur peut faire reculer Viacom - CBS, Paramount, Nickelodeon, MTV -, un géant médiatique pesant 22 milliards en Bourse, imaginez le message que ça envoie aux autres tatas barbus...

Le message, c'est que l'intimidation, ça marche.

L'EAU DE GATINEAU Dans un débat sur la fluoration de l'eau, une conseillère municipale de Gatineau, Denise Laferrière, opposée à l'idée, a lancé cette poétique bêtise: «Je crois que ce n'est pas le rôle d'une ville de mettre un médicament dans l'eau. Après ça, qu'est-ce qui empêchera le gouvernement de mettre du Prozac dans l'eau parce qu'il trouve que les gens chialent trop ou du calcium pour éviter que les gens se brisent les os?»

Sans parler du Viagra, madame.

LES MICROPUCES DE GÉORGIE Toujours dans la catégorie «Élus en liberté», ceux de l'État américain de la Géorgie, probablement après avoir réglé tous les problèmes de la société, ont adopté une loi interdisant l'implantation, par l'État (au sens large), de micropuces dans le corps des citoyens sans leur consentement.

L'implantation de micropuces dans le corps des gens, par des agents de l'État, pour surveiller leurs faits et gestes, est un incontournable des théories du complot débiles qui circulent sur le web.

Le parrain de la loi est un élu républicain. Ça n'a rien de bien étonnant.

Ce qui l'est: il s'appelle Chip Pearson! Chip, en anglais, signifie puce, comme dans microchip (ceci n'est pas une blague).

Selon certaines sources, Chip Pearson a une cousine au Québec. Elle est conseillère municipale à Gatineau (ceci est une blague).