Quelle journée déprimante, hier, non ?Je sais, je sais, il faisait beau. Le printemps en novembre. Filles qui joggent en shorts dans le parc La Fontaine. Non, je parle du coucher et du lever du corps, hier.

Je ne sais pas pour vous, mais je me suis endormi avec des images d'Obama enflammant la nuit de Chicago, au terme d'une campagne présidentielle épique et historique.

Et je me suis réveillé avec Jean Charest qui déclenchait des élections dont personne ne veut !

Le premier ministre, en déclenchant ces élections, a fait un tort irréparable à la classe politique québécoise. Pas parce qu'il les déclenche, non, ça, on va oublier. Non, il nuit à tous les politiciens parce qu'il a eu l'inconscience de les déclencher le lendemain de la consécration d'un chef quasi messianique aux États-Unis.

Moins de 12 heures après le discours de Barack Obama, le premier ministre du Québec fait lui aussi un discours. Le contraste, restons charitable, ne pouvait être plus cruel.

Barack Obama a parlé d'Ann Nixon Cooper, 106 ans, qui a voté en Géorgie, mardi. Il a entrecoupé l'histoire personnelle de Mme Cooper, née une génération après l'abolition de l'esclavage, de l'histoire du dernier siècle des États-Unis. Le tout ponctué de «YES WE CAN» de la foule.

Jean Charest, lui, a parlé d'une tempête économique qui gronde à l'horizon, de ce véhicule - l'État québécois - qui ne peut pas être conduit par « trois paires de mains ». Le tout ponctué par des hochements de tête de mesdames Jérôme-Forget et Normandeau, derrière lui.

Barack Obama a préféré, globalement, inspirer en misant sur ses forces, sur ses promesses de changement. Il a laissé les attaques, personnelles ou pas, à son adversaire.

Jean Charest, lui, a dit que son équipe et son plan étaient meilleurs que ceux de ses adversaires. Puis, il a attaqué les deux partis de l'opposition. M. Charest a dépecé ses adversaires péquistes et adéquistes.

Je le regardais, déprimé.

Puis, Mario Dumont s'est pointé à LCN. Ça ne s'est pas amélioré.

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Le pire, c'est que le chef de l'ADQ s'est permis un parallèle avec la victoire d'Obama, se présentant en promesse d'espoir made in Québec. Là, j'ai été pris d'un fou rire. Allons, Mario, allons...

Espoir ? D'abord, pour incarner l'espoir, il faudrait dire à Mario Dumont de sourire un peu. Il ne sourit plus. Il a depuis des mois cet air sévère de l'homme qui sait qu'il doit aller subir une coloscopie, mais qui ne peut pas tout à fait s'y résoudre.

On dirait Dick Cheney. Pas Barack Obama.

Ensuite, pour incarner l'espoir, il faut rester positif. Être inspirant, rassurant. Or, Mario Dumont, hier, n'était que critiques et railleries.

Sa meilleure image ? Celle du véhicule, justement piloté par M. Charest, qui prend le champ. Mario Dumont est le champion québécois de l'image forte et de la phrase qui résume tout. Mais cet autobus qui dérape, ça reste une attaque.

Puis, Mme Marois est arrivée. C'en était trop. J'ai éteint la télé.

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L'effet net de la fantastique campagne à la présidence de Barack Hussein Obama, fils de Kényan, enfant du monde, premier Noir à entrer à la Maison-Blanche, c'est que des millions d'Américains se sont sentis suffisamment interpellés pour aller voter.

Et, depuis des mois, pour s'impliquer dans la campagne du candidat, pour donner de leur temps, pour solliciter des dons en son nom, pour faire du porte-à-porte, pour inciter les gens à s'inscrire sur les listes électorales.

Hier, je regardais M. Charest. Je regardais M. Dumont. Je regardais Mme Marois.

Et je me disais que c'est miraculeux qu'il y ait des gens qui vont poser des pancartes pour des politiciens si peu inspirants.

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Peut-être, au fond, que nous sommes condamnés, dans ce pays, dans ce Québec qui n'est pas trop sûr de vouloir en être un, à une vie politique marinant dans la morosité.

Comme le besoin qui crée l'organe, on a peut-être des politiciens ni grands ni petits parce que notre place dans le monde est justement comme ça, ni grande ni petite.

Avec, de temps à autre, un géant à la Lévesque.

Je vous jure que j'aimerais bien être enthousiaste face à la campagne qui commence. Vraiment. Comme citoyen.

Allez, je fais ma part. Répétez après moi :

Un CHUM de 700 places ? YES WE CAN !

Boucher tous les nids-de-poule du Québec ? YES WE CAN !

Louise Beaudoin qui revient ? YES WE CAN !

« Les Québécois zé les Québécoises... » YES WE CAN !

Un crédit d'impôt pour votre filtreur de piscine hors terre ? YES WE CAN !

Combattre Ottawa qui dépense trop (ou pas assez) ? YES WE CAN !

Réorganiser la santé ? YES WE CAN !

Le vérificateur général dit qu'on a un déficit caché ? YES WE CAN !

Nos enfants « réformés » qui ne savent pas écrire ? YES WE CAN !

Déjà, NON, JE N'EN PEUX PLUS.