J'ai bien envie de ne plus croire aux sondages. Un sondage national ? OK, peut-être. Des sondages régionaux ? Des sondages par circonscriptions? No way.

Je me souviens de la une du Quotidien, au Saguenay, vendredi passé. Blackburn battu. Trois bloquistes, zéro conservateur. La photo des trois bloquistes, souriants ! 

Je me souviens des sondages dans la région de Québec, qui donnaient à penser que le Bloc allait percer une brèche dans le château fort conservateur.

Je me souviens que les sondages indiquaient que les conservateurs allaient perdre des plumes au Québec.

Eh bien au Saguenay-Lac-Saint-Jean, M. Blackburn est réélu, sans grande difficulté. Trois conservateurs y sont élus. Le contraire de ce que la météo des sondages annonçait.

À Québec, au moment de mettre sous presse, tous les candidats de M. Harper semblent survivre, sauf Luc Harvey. Au moins, c'est Luc Harvey qui écope, le goon d'arrière-ban le plus détestable à s'être manifesté en politique depuis longtemps ! Mais Christiane Gagnon n'aura qu'un seul nouveau camarade à Ottawa, le jeune Paillé.

Au Québec, la députation conservatrice n'est pas décimée, loin de là, comme on disait. Pas de gains, mais pas la déroute annoncée par les sondages.

Bref, c'est fini, je ne crois plus aux sondages...

Mea-culpa, donc. Mea-culpa journalistique : les sondages obsèdent les politiciens, mais ils monopolisent aussi notre attention. De façon disproportionnée.

Je ne dis pas que nous ne couvrons pas les enjeux. Nous les couvrons. Mais on saute, nous aussi, d'un sondage à l'autre, on extrapole, on fait des prévisions, on joue aux météorologues et...

Et le jour du scrutin, quand les bulletins de vote sont dépouillés, on est un peu pris les culottes baissées. Même scénario en 2007, quand l'ADQ a fait une percée que les sondages n'avaient pas prévue, quand le PQ a pris une débarque monumentale qui n'avait pas été envisagée.

Bref, c'est une leçon pour nous aussi, humbles travailleurs de l'information et de l'opinion. Ça n'engage que moi, mais comme un politicien qui n'a pas été plébiscité, je dis: je prends acte.

Moins de sondages météorologiques, plus de papiers sur ce qu'ils disent, font, promettent; sur ce que les gens ressentent, croient et craignent. J'aime mieux me planter avec mon pif qu'avec la marge d'erreur des autres.

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BERNARD ET CLAUDE - J'ai souvent dit mon admiration pour le travail de Bernard Derome. Je conçois que le direct est une bibitte cruelle et impitoyable. Mais hier soir, ouch, c'était pénible. L'homme de fer de Radio-Canada suivait difficilement le rythme, cassait celui de ses collaborateurs en les interrompant pour rien, y allait d'observations parfois désarmantes et souvent dénuées de pertinence.

Bref, j'étais un peu mal à l'aise.

Remarquez, à TVA, Claude Charron était, lui aussi, furieusement en manque d'une rasade de Red Bull.

Les temps sont durs pour les légendes.

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LE BLOC - Au moment d'écrire ces lignes, 50 députés. On rêvait à 53, 54 députés, en privé au Bloc. Cinquante, c'est un exploit olympique, pour un parti qui n'a pas de bonbons électoraux en argent sonnant à donner à l'électeur, qui n'a qu'une promesse d'indignation et de bon travail de ses députés. Surtout quand on débattait de sa « pertinence », en début de campagne. Mais c'est une petite déception, toute petite. Dire le contraire, c'est enrober la Tylenol de confiture aux pêches.

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MINORITAIRE, ENCORE - Donc, si je comprends bien, on va encore se taper des psychodrames nationaux à chaque vote de confiance, à chaque vote sur le budget fédéral ? Donnez-moi de la confiture aux pêches, pour mes Gravol...