Qui a besoin de Shakespeare quand on a le couple Snyder-Péladeau? Le moins qu'on puisse dire, c'est que ces deux-là nous auront fait vivre au cours des deux dernières années des émotions d'une rare intensité, nous entraînant de coups de tonnerre en coups de théâtre, d'entrées fracassantes en sorties de scène retentissantes. Amour, crises, séparation, mariage, trahison, re-crises, re-séparation, comment ne pas voir un drame shakespearien dans ce qui leur arrive, avec d'un côté une touche de Lady Macbeth chez Lady Julie qui est allée préparer la guerre ou alors assurer son avenir professionnel à la télévision publique, et un brin de Hamlet dans PKP qui, les larmes aux yeux et le menton tremblant, a renoncé à son trône et à son titre de chef du PQ au nom de ses héritiers.

Les médias ont fait grand cas du passage de Julie Snyder à Tout le monde en parle et ont conclu que c'est ce qui avait poussé Pierre Karl Péladeau à démissionner de son poste. Permettez-moi d'en douter. 

L'ex-chef du PQ a beau être un homme impulsif, il n'a quand même pas pris une décision aussi grave sur un coup de tête. Qu'il ait été ulcéré par la performance de Julie, par contre, cela je n'en doute pas une minute.

Là où les réseaux sociaux n'ont vu que le cri du coeur d'une femme transie d'amour pour celui qui fut «son repère, ses frontières, son pays», j'y ai vu autre chose: la plus habile des récupérations médiatiques par une femme qui a compris que sa carrière d'animatrice «captive» à TVA ne résistera pas longtemps aux affres d'un divorce acrimonieux avec l'actionnaire majoritaire de Québecor.

Quant à cette médiation qu'elle a qualifiée de beau défi, des sources proches du couple confirment que le défi a viré au vinaigre autour de la garde de leurs deux jeunes enfants. 

Devant l'absence de solution de rechange et surtout devant la perspective de voir ses enfants une fois par mois la semaine des quatre jeudis, Pierre Karl Péladeau a joué le tout pour le tout, avec en prime et en direct, des larmes et des émotions sincères.

Shakespearien que tout cela? Très certainement, mais plus proche de nous, il y a un film-culte dont certains se souviendront peut-être: La guerre des Rose, une comédie dramatique de 1989 mettent en vedette Kathleen Turner et Michael Douglas dans le rôle d'un couple de riches époux qui, au cours de leur divorce, en viennent à se livrer une guerre épique, pétrie de violence, de vengeance et de coups bas.

La guerre des Rose était une caricature grinçante et parfaitement exagérée du divorce à la moderne. Reste que des éléments de vérité s'y glissaient malgré tout, le premier étant que des gens qui se sont aimés passionnément peuvent à l'occasion d'une rupture en venir à se détester violemment, à perdre complètement la carte et à chercher tous les moyens d'anéantir l'autre.

Julie et Pierre Karl n'ont pas inventé le divorce ni la médiation. Ils ne sont pas les premiers ni les derniers couples à se disputer et se déchirer au sujet des enfants. Je connais malheureusement trop d'unions qui ont fini dans le feu et le sang et où les enfants sont devenus de pauvres otages écartelés entre des parents qui s'entretuent.

La seule différence avec les Snyder-Péladeau, c'est que leur divorce se joue sur la place publique dans un film qui ressemble de plus en plus à la version québécoise de La guerre des Rose: La guerre des fleurs de lys.

On espère que leur film ne finira pas aussi mal que la version originale, mais force est de constater que pour l'instant, l'affaire est bien mal barrée.

La fin de la favorite?

J'ai déjà écrit dans une chronique que Julie avait un vilain défaut: qu'elle voulait tout et qu'elle avait tout eu à TVA, propriété de son conjoint, où du temps de leurs amours, elle fut la favorite, celle à qui on ne pouvait rien refuser. J'avais pris la précaution de préciser que Julie ne devait pas sa carrière à PKP, qu'elle existait, et admirablement, avant lui et que TVA avait grandement profité de ses talents d'animatrice et de productrice, mais qu'il m'était difficile de croire que sa relation avec le grand patron ne lui avait pas donné un statut spécial à TVA et occasionné un traitement de faveur.

Dans une réplique sur Facebook, Julie m'avait répondu que sa relation avec PKP n'avait rien à voir avec son travail et que jamais elle n'avait eu de traitement de faveur à TVA, où elle devait prendre son numéro comme tout le monde. Or qu'a-t-elle raconté à TLMEP dimanche? Qu'elle était en captivité à TVA, que tout son travail s'y accomplissait en fonction de sa vie de couple et que: «tu ne vas pas scorer contre ton amoureux avec qui tu travailles en équipe».

Bref, Julie faisait tout pour TVA, mais n'en tirait aucun avantage? Elle faisait tout pour TVA, mais TVA ne faisait rien pour elle? Permettez-moi un certain scepticisme.