Honnêtement, je ne m'attendais pas à ça: à ce tollé, à cette déferlante, à cette pluie d'insultes. Je ne m'attendais surtout pas à ce qu'on interprète si mal mes propos au sujet de la séparation de Marie Mai. De toute évidence, on n'a pas compris où je voulais en venir. Et si on ne m'a pas comprise, c'est que je me suis mal fait comprendre. C'est de ma faute et vous m'en voyez sincèrement désolée. Vraiment. Cela dit, permettez que je remette certaines pendules à l'heure.

D'abord, sachez que je ne tiens toujours pas à savoir ce qui s'est passé dans la vie privée du couple que formaient Marie Mai et Fred St-Gelais.

Je le répète, ce qui a mené à leur séparation amoureuse ne concerne qu'eux. Ce n'est pas de mes affaires ni de celles du public.

Quant à «l'insatiable curiosité» qui soi-disant m'habite, comme l'a écrit avec une belle solidarité une camarade journaliste, j'ai beau me palper, je ne la trouve pas: je suis curieuse de bien des choses et de quelques personnes, parmi lesquelles, j'ai le regret de vous annoncer, ne figure pas Marie Mai.

Ce qui m'amène à un point hyper important: la journaliste que je suis. Cette journaliste-là, dans les faits, n'a aucune importance. Elle n'est qu'une intermédiaire qui pose des questions au nom du public. C'est bien parce que Marie Mai est cette vedette immensément populaire auprès du public qu'en tant que journaliste, je me suis intéressée à son silence. À la limite, je n'ai rien à voir dans l'histoire.

Tout ce qui compte, c'est le public qui suit Marie Mai depuis onze ans. C'est lui qui a un rapport signifiant avec la chanteuse: un rapport d'affection, d'identification, mais aussi un rapport commercial et financier, puisque c'est lui qui achète ses albums et ses billets de spectacle. C'est au nom de ce public-là que j'aurais aimé que Marie Mai, ou du moins quelqu'un de son entourage, donne des détails sur une rupture ARTISTIQUE entre la chanteuse et celui qu'elle a décrit mille fois, et jusqu'à tout récemment, comme un mentor sans qui elle n'existerait pas.

Était-il vraiment trop tôt pour poser des questions sur une étroite collaboration artistique d'une décennie qui venait de prendre fin subitement? Était-il vraiment trop tôt alors que Fred St-Gelais a disparu sans crier gare des quatre derniers spectacles du St-Denis?

Je crois que les vedettes ont droit à une vie privée à l'abri des médias. Et cela même quand ces vedettes ont fait de leur vie privée un produit dérivé.

En principe, leur vie privée n'est pas d'intérêt public. Mais il y a des exceptions, notamment lorsqu'un couple amoureux dans la vie mène une carrière artistique et professionnelle commune.

Je pense à René et Céline, qui formaient une entité professionnelle solidaire et soudée. Je pense à Julie Snyder et Pierre Karl Péladeau. Quand ils se sont séparés temporairement, des questions ont immédiatement surgi au sujet de la pérennité de leur union professionnelle. Est-ce que Julie allait poursuivre ses productions à TVA ou repartir à Radio-Canada? Ne me dites pas que ces questions n'étaient pas légitimes. À l'inverse, la séparation de Mariloup Wolfe et Guillaume Lemay-Thivierge n'était pas d'intérêt public. Ils avaient chacun leur carrière, chacun leurs affaires. Ils planchaient peut-être sur un projet de série ensemble, mais le projet a pris une autre tournure avec leur séparation. Fin de l'histoire.

Ce qui ne serait pas le cas pour Louis et Véro. On ne le leur souhaite pas, mais si d'aventure ils devaient se séparer, le public qui les suit et qui les aime serait en droit de se demander ce qui va advenir de leur mini-empire. Ou dans un tout autre ordre d'idées, imaginez qu'en pleine saison de Format familial, le magazine télé de Bianca Gervais et de Sébastien Diaz, les deux se séparent. Est-ce qu'ils continuent à animer Format familial comme si de rien n'était? Est-ce que l'émission devient Format monoparental ou Format garde partagée, chacun animant à tour de rôle l'émission? Ce n'est pas vrai que, dans de tels cas, le privé n'est pas public, et vice versa.

Pour en revenir à Marie Mai, qu'elle se taise ou non, je lui souhaite la meilleure des chances dans ce nouveau chapitre de sa vie. Tout ce que j'espère, c'est que son silence soit un vrai silence et non pas un silence organisé par ses producteurs ni un silence monnayé qui fera bientôt l'objet d'une émission exclusive à TVA. Si c'est le cas, je vous jure que je ne la regarderai pas, du moins je vais essayer...