Je n'ai vraiment pas de chance... Demain, je pars pour Banff, magnifique endroit que je ne connais pas, mais dont tous me vantent les splendeurs. Je pars à Banff, mais surtout, j'y reste pour les sept prochaines semaines. Un projet d'écriture. Une résidence au Banff Arts Centre, l'un des plus anciens centres artistiques du Canada. Logée et nourrie. Pas de ménage, d'épicerie ou de cuisine. La belle vie!

Sept semaines, donc, loin du Québec, de La Presse, de ma chronique et d'une scène culturelle qui, elle, ne prendra pas de congé sabbatique.

Vous dire que je vais m'ennuyer serait mentir. Enfin, je l'espère. Il n'en demeure pas moins que j'ai déjà dressé la liste de tout ce que je vais manquer pendant que je serai en train de cogiter au pays des wapitis. Et ça ne se résume pas à un ou deux shows. Que non!

Au théâtre, ce sera le luxe et l'abondance, avec Serge Denoncourt qui met en scène de front deux grands classiques du théâtre américain: Un tramway nommé Désir avec Magalie Lépine-Blondeau et Céline Bonnier à l'Espace Go, et Qui a peur de Virginia Woolf? chez Duceppe avec Maude Guérin et Normand D'Amour.

J'aurais été très curieuse de voir la relecture, sans doute surprenante, que Denoncourt fera de ces deux classiques. Ce sera pour une autre fois. Idem pour deux autres productions que je brûlais de voir. D'abord, dans la salle de répétition du Quat'Sous, Auditions ou Me, Myself andI, un projet complètement fou mis en scène par Angela Konrad, qui nous avait éblouis avec son Tchekhov déjanté à l'Usine C, en 2013.

Cette fois, Konrad met en scène... une metteure en scène cruelle et manipulatrice qui monte Richard III, torture ses acteurs et finit par tout saboter. Avec les très talentueuses Dominique Quesnel et Lise Roy ainsi que des invités spéciaux, le tout se déroulera dans une salle qui ne pourra contenir que 50 spectateurs à la fois.

Ça promet, tout comme Dans la république du bonheur, un texte cinglant de Martin Crimp mis en scène par l'exubérant Christian Lapointe avec, entre autres, Ève Landry, David Giguère (le chanteur et comédien) et la musique de Keith Kouna. Rien qu'à regarder le clip publicitaire annonçant le spectacle à la Cinquième Salle de la Place des Arts, je sens que je vais vraiment manquer quelque chose!

En danse, je serais bien allée revoir la magnétique Louise Lecavalier, qui revient avec So Blue pour deux soirs, en février, au théâtre Outremont. Et je n'aurais pas manqué le retour du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui avec son spectacle de tango réinventé au théâtre Maisonneuve du 17 au 21 février.

Et puis, juste pour le titre Ce n'est pas la fin du monde, je serais allée fêter les 25 ans de Sylvain Émard Danse fin janvier à l'Agora de la danse. Pour le titre, et parce que le chorégraphe s'est donné comme défi d'exorciser nos peurs et nos angoisses face à un monde devenu fou. Bonne chance!

Côté musique, je me mords les doigts de ne pouvoir assister, le 19 février au Métropolis, au premier concert en terre québécoise de Christine and The Queens, charmante chanteuse française chaudement recommandée par Pierre Lapointe et dont j'ai écouté le dernier CD tout l'automne, en particulier la chanson Saint Claude, de la station de métro du même nom.

Même si la belle abuse un peu de l'anglais, ses mélodies et ses arrangements font souffler un vent frais venu de France. En musique, aussi, par pure nostalgie, je serais allée au Centre Bell le 5 février retrouver les cinq membres du Fleetwood Mac de Rumours, disque iconique qui a bercé la fin de mes années 70.

Contrairement à bien des albums de cette époque qui ont un son rance et suranné, celui de Fleetwood n'a pas vieilli d'un poil à mes oreilles. En musique, finalement, je n'aurais pas dit non à une soirée pop symphonique avec Mika et l'OSM le 10 février (ou le 11 ou le 12).

Au cinéma, je regrette de rater la sortie sur grand écran de Félix et Meira, film de Maxime Giroux sur un amour impossible entre un Québécois pure laine et une juive hassidique, mariée, mère et malheureuse. J'espère qu'à mon retour, en mars, le film sera encore à l'affiche, ce qui est peut-être plus un voeu pieux qu'une probabilité.

Et du côté de la télé, puisque Banff est au Canada et non pas en Arabie saoudite et que Radio-Canada y diffuse encore en français, je pourrai me tenir à jour et suivre, avec à peine quelques heures de décalage, la suite d'Unité 9, de Mémoires vives et de Nouvelle adresse.

Je pourrai même voir le retour de Tout le monde en parle, mais je ne sais pas si ce sera nécessaire. Il y a des choses qu'on ne voudrait pas rater et d'autres dont on pourrait très bien se passer.

Sept semaines, me disent camarades et amis, c'est vite passé. Je ne sais pas s'ils veulent me rassurer ou me couper mon fun. Peu importe, Banff et les wapitis m'attendent. C'est pourquoi, chers amis lecteurs, je vous salue chaleureusement et vous donne rendez-vous pour la suite en mars. Hasta la vista, comme disent les Chinois.

ON EN A BEAUCOUP PARLÉ

Du numéro historique de Charlie Hebdo, paru une semaine après l'attentat et tiré à 5 millions d'exemplaires. Autant dire que ce numéro-là, quoique douloureux, fut sans doute relativement facile à fabriquer. Mais que dire des prochains numéros à paraître. Dans un mois? Dans un an? Serons-nous toujours aussi nombreux à les attendre? Les paris sont ouverts.

ON N'EN PARLE PAS ASSEZ

Des animateurs en info ou en affaires publiques sur les réseaux anglais qui, malgré d'excellents salaires, acceptent d'être conférenciers payés par les sociétés pétrolières ou les banques, comme Peter Mansbridge, Rex Murphy et Amanda Lang. Le dernier de la liste est Leslie Roberts de Global. Suspendu pour avoir reçu à son émission des clients de la firme de relations publiques dont il est copropriétaire, il a remis sa démission jeudi.