Un Languirand est un objet rare, aux contours fauves, de forme bizarre, qui tient à la fois de la boîte à surprise et de la pile électrique. La description est de feu Hubert Aquin qui fut, de son vivant, un ami cher à Jacques Languirand. La description est non seulement riche et imaginative, elle sied parfaitement à monsieur Languirand qui tire sa révérence aujourd'hui même, après 43 ans de fidèles et loyaux services à la radio de Radio-Canada.

Cette fois, il n'y aura pas d'émission spéciale animée par Monique Giroux. Pas de rires tonitruants qui explosent comme des bombes ni de témoignages tripatifs, livrés par la crème de la crème médiatique, littéraire, théâtrale et ésotérique. Il n'y aura qu'une entrevue avec Joël LeBigot, ami et complice de longue date, enregistrée cette semaine et diffusée ce matin à 9h10.

Toute bonne chose a une fin. C'est ainsi que monsieur Languirand annonçait de manière totalement inattendue son départ de l'émission à laquelle il a consacré la moitié de sa vie, sur sa page Facebook cette semaine. Il avait avisé la direction de Radio-Canada une dizaine de jours plus tôt.

On devine que la maladie est à l'origine de sa décision de quitter aussi abruptement Par quatre chemins. On en aura la confirmation aujourd'hui chez LeBigot au cours d'une entrevue incroyablement touchante où les deux hommes rient, blaguent et évoquent, avec pudeur et franchise, les aléas de l'alzheimer dont Jacques Languirand est atteint.

L'animateur de 83 ans raconte en toute franchise, parfois avec humour, parfois avec émotion, ce mal qui gruge sa parole et lui fait perdre ses moyens et dont les effets débilitants l'ont convaincu de se retirer de la vie publique et d'éteindre son micro. Ce soir, dans son ultime émission diffusée à 20h, Languirand ne prendra pas quatre chemins pour parler de l'alzheimer, un sujet qu'il entend explorer à fond tant qu'il en aura la santé.

Toute bonne chose a une fin. De cet adage, je voudrais effacer la fin, inévitable, inéluctable, la fin qui finit toujours par arriver, qu'on le veuille ou non, qu'on l'ait mérité ou non. Une fin qui, même dans les meilleures conditions, n'est jamais douce ni agréable.

Un diagnostic d'alzheimer est toujours une tragédie, mais, dans le cas de Jacques Languirand, c'est encore plus vrai et plus désespérant, parce que cet homme, ce formidable passeur, communicateur hors pair, éclaireur hors norme, cet homme, c'était aussi beaucoup la mémoire, le disque dur, de la culture québécoise des 50 dernières années.

Tel le Zelig du film de Woody Allen, Jacques Languirand a été témoin de toutes les révolutions en culture, de tous les tournants et courants, assistant aux débuts de la radio, puis de la télévision, fondant sa propre troupe de théâtre à une époque où le théâtre québécois en était encore à ses balbutiements. Il a été ami avec Hubert Aquin et tous les grands intellectuels nés dans la grande noirceur mais éperdus de lumières.

Languirand aurait pu être l'homme d'une époque, d'un moment figé dans l'Histoire, mais, en réalité, il n'a cessé d'être de son temps, tripant sur le rock, la contre-culture et le LSD à la fin des années 60, écolo et végétarien avant l'heure et surtout ami, complice et collaborateur de générations successives de créateurs.

La mémoire de cet homme n'aura cessé d'enregistrer le présent, toujours à l'écoute, toujours à l'affût d'un nouveau courant de pensée, d'un nouveau trait de société, d'une nouvelle religion. Mais comme il l'a si bien écrit lui-même: toute bonne chose a une fin.

De cet adage, je retiendrai que la vie fut bonne pour Jacques Languirand. Bonne pratiquement jusqu'à la fin, lui permettant de rester actif, engagé, lucide et allumé jusqu'à la dernière heure de sa dernière émission.

Ce matin, en principe, tout devait être fini, scellé, enregistré. Mais LeBigot, devinant le grand vide que son ami doit ressentir, a invité Languirand à venir faire un tour en studio. Comme le veut le rituel en politique, à la fin de l'émission, LeBigot prendra par le bras son ami et le reconduira à la porte du studio avant de le laisser partir en douceur, vers les terres profondes et brumeuses de sa mémoire.

On en parle trop

Encore et toujours, de Justin Bieber qui multiplie les frasques de Miami jusqu'à Panama en passant par Toronto. Une pétition sur le site de la Maison-Blanche, signée par plus de 200 000 Américains, réclame son extradition des États-Unis. J'espère que la proposition sera rejetée, sinon Justin va revenir à temps plein parmi nous! Quelle malédiction!

On n'en parle pas assez

Du prix de plus en plus exorbitant des billets de spectacles. Avec les taxes foncières qui montent, le déficit qui se creuse et les augmentations du coût de la vie, on se demande qui peut encore se payer une soirée à l'opéra, au théâtre ou avec le Ballet national d'Ukraine. Heureusement, il y a La Vitrine, qui offre parfois de bons rabais sur des spectacles intéressants. Mais pas tout le temps.