Sia Furler, mieux connue sous le prénom de Sia, est une auteure-compositrice-interprète australienne lesbienne de 37 ans. C'est aussi, et surtout, une créatrice de grand talent. Les meilleurs tubes de Rihanna et de Beyoncé sont d'elle. La chanson titre du dernier Céline, c'est elle aussi. Idem pour Britney Spears et le rappeur Eminem avec qui elle a fait un duo qui cartonne. Quand Lea Michele, vedette endeuillée de la série Glee, a eu besoin d'une plume pour une chanson à la mémoire de son amoureux disparu, l'acteur Cory Monteith, c'est vers Sia qu'elle s'est tournée.

En plus d'écrire pour les autres, Sia a fait de la scène avec succès pendant 13 ans. Pourtant, elle vient de décider de se retirer des feux de la rampe. Raison?

«Les applaudissements de la foule, c'est bien, mais ce n'est pas ça qui nourrit mon ego», a-t-elle déclaré récemment.

Je ne pense pas avoir jamais entendu un tel aveu de la bouche d'un artiste. Les artistes, qu'ils soient pop stars, acteurs ou écrivains, vivent, créent et respirent pour les applaudissements. Certains n'en sont pas complètement rassasiés. Dans ces cas-là, les honneurs, les médailles, les trophées et la reconnaissance sociale viennent parfois combler le petit creux ou le grand gouffre de leur ego affamé.

Ce qui m'amène à Dany Laferrière, nouveau membre, désormais immortel, de la Star Académie des lettrés: l'Académie française. Dany que j'aime et que j'estime. Dany dont j'ai lu tous les livres sans exception. Ils sont encore bien en évidence dans ma bibliothèque. Je les consulte régulièrement tant j'aime sa façon précise, concise et moderne d'écrire. Il n'y a rien de pompeux ou d'ampoulé dans l'écriture de Dany Laferrière. Et c'est sans doute pourquoi je n'arrive pas à concevoir que le type drôle et brillant, avec lequel j'ai tant de fois échangé et rigolé, va bientôt parader en brocard vert et or avec une épée! Une perruque et des talons hauts avec ça?

Comprenez-moi bien: sachant que c'est Dany lui-même qui a postulé, je suis ravie pour lui. J'imagine qu'il doit être en ce moment le plus heureux des hommes. Non seulement devient-il le premier écrivain canadien admis dans ce temple des lettres, il sera aussi le deuxième Noir après le grand poète sénégalais Léopold Senghor à y siéger. Or, pour Dany, Senghor, c'était un modèle, un monument et sans doute l'ultime caution lui permettant de faire abstraction du ridicule de cette pompeuse institution créée par un magouilleur du nom de Richelieu qui voulait mettre les Lettres à sa botte trop bien cirée.

Je le répète: je suis enchantée pour Dany puisque son souhait le plus cher vient d'être exaucé, mais je m'interroge. Qu'est-ce qui lui a pris? Pourquoi vouloir sacrifier son indépendance, sa liberté de parole et sa liberté tout court, pour se joindre à une bande de vieux croutons au sein d'une institution douée pour les intrigues de couloirs et considérée par plusieurs comme rigide, pompeuse et rétrograde?

Qu'avait-il besoin de ça dans sa vie? Et comment peut-il sérieusement envisager de se promener avec son épée et ses dorures sans crouler de rire?

Pour moi, Dany restera toujours un grand écrivain qui, au fil de ses livres, a construit une oeuvre personnelle et fascinante. Que cela n'ait pas été suffisant pour lui me dépassera toujours un peu. Mais je ne suis pas dans ses souliers. Je ne connais rien des vicissitudes de la vie d'un écrivain ni des blessures secrètes qui l'animent. En plus, je ne suis ni noire ni haïtienne et donc pas vraiment en mesure de saisir l'importance de ce qui ressemble à une belle vengeance de l'Histoire au sein d'une institution beaucoup trop blanche.

Les applaudissements, le succès, la notoriété, les prix, les doctorats honorifiques, tout cela, c'était bien, mais de toute évidence, pas suffisant pour étancher la faim de Dany. Il avait besoin de quelque chose de plus grand. J'espère qu'en l'obtenant, il ne deviendra pas trop repu.

ON EN PARLE TROP

Du selfie d'Obama, de la première ministre danoise et de David Cameron. La photo des trois larrons en foire se mirant dans l'objectif d'un portable aux funérailles de Mandela a fait cent fois le tour du monde. Un seul problème: personne, sauf peut-être Michelle Obama, n'a vu le selfie en question. Qu'est-ce qu'elle attend pour l'afficher sur Facebook?

ON N'EN PARLE PAS ASSEZ

De la musique magnifique et captivante d'André Mathieu. Au lieu de toujours nous servir le même vieux répertoire classique, les orchestres symphoniques québécois si soucieux de rajeunir leur public devraient programmer Mathieu. Je suis convaincue que même les fans de Metallica seraient preneurs.