Samedi soir encore, Montréal était une ville hockey. C'était déjà le cas mardi dernier à la place des Festivals, où des milliers de partisans ont convergé par une magnifique soirée sous les étoiles pour la diffusion de la partie de hockey sur écran géant suivie par un concert tonitruant de décibels.

Même l'humiliante défaite du CH aux mains des Maple Leafs n'a pas réussi à éteindre l'électricité dans l'air ni à freiner l'ivresse collective qui s'est emparée de la foule. Des soirs comme ceux-là donnent l'impression que, sans le hockey, Montréal ne serait pas la ville vibrante qu'elle est. Mais c'est une illusion. Le hockey à Montréal occupe 40 soirs par année, une quinzaine de plus si le CH arrive à se traîner jusqu'aux finales. Or 55 soirs sur 365, ce n'est pas la mer à boire. Une fois la saison terminée, il reste 310 soirs à meubler. Et si Montréal parvient à meubler ces soirs-là, ce n'est pas grâce aux soubresauts d'une rondelle.

Mardi soir, pendant que les partisans communiaient avec la sainte Flanelle à la place des Festivals, les principaux candidats aux élections municipales, réunis un coin de rue plus loin, énonçaient leurs idées pour la culture. Or le seul ce soir-là qui semblait savoir de quoi il parlait, c'est Marcel Côté. Denis Coderre, fidèle à ses habitudes de vieux politicien des années 50, a débité une tonne de phrases creuses, faisant sien l'adage «la culture, c'est comme la confiture, moins tu en as, plus tu l'étales». Mélanie Joly, qui n'en finissait plus d'être fière d'être contente, a lancé une poignée d'idées saugrenues comme la transformation du silo no 5 en Moulin à images au rabais où seraient projetées les photos et les vidéos captées sur iPhone de n'importe qui, l'équivalent citoyen des gribouillis d'enfants collés sur les frigos et portés aux nues par l'aveuglement parental.

Richard Bergeron, en deuil de sa mère, avait délégué François Croteau, maire de Rosemont-La Petite-Patrie, qui a proposé de faire de Montréal une oeuvre d'art. Rien de moins. Comment? Mystère.

Je concède que parler de culture sans sonner cliché, cucul, abstrait ou carrément assommant n'est pas donné à tout le monde. Même la première ministre, pourtant grande consommatrice de produits culturels, est à court de mots pour décrire ce que ses lectures lui ont apporté, à part... la beauté.

Je l'ai déjà écrit et je le répète, Marcel Côté a une connaissance profonde de la culture, de ce qu'elle apporte à notre expérience humaine et à notre compréhension du monde. La culture, dit-il, il ne faut pas que la consommer, il faut la vivre, la ressentir, «s'y engager». Ce ne sont pas des paroles en l'air. Côté carbure à la culture depuis des années. Il a vu Montréal sortir de son sommeil culturel pour devenir une métropole vibrante, attirante, peuplée d'une masse grandissante d'artistes, qui ont choisi d'y vivre parce qu'ils sentaient qu'ils pouvaient y créer mieux qu'ailleurs.

Contrairement aux autres candidats qui chipotent sur le budget du Conseil des arts de Montréal, Côté a affirmé que le budget du Conseil doit être augmenté tous les ans. Si cela ne s'est pas produit jusqu'à maintenant, ce n'est pas faute d'argent, dit-il, mais faute de volonté politique. Côté croit aux créateurs comme Coderre croit aux joueurs de hockey. Il veut les intégrer aux missions économiques des gouvernements à l'étranger. Il veut que la culture soit l'image de marque de Montréal, que l'art public se répande partout à la grandeur de la ville et il fera tout en son pouvoir pour que la sublime sculpture de Calder, abandonnée à elle-même à l'île Sainte-Hélène, soit enfin mise en valeur.

Côté ne comprend d'ailleurs pas pourquoi elle ne figure pas sur une seule carte postale de Montréal. La culture, c'est l'âme d'une ville, dit-il. Sans culture, Montréal serait mort. Il a raison. J'ai connu Montréal quand, l'été, la ville était un cimetière et, l'hiver, une succursale de la Sibérie. Montréal a fait beaucoup de chemin depuis. Et désolée, mais ce n'est pas grâce au hockey.

ON N'EN PARLE PAS ASSEZ

De la nécessité de tenir un concours international pour le design du futur pont Champlain pour que ce pont ne soit pas un bras terne entre deux rives, mais une oeuvre forte et emblématique. Une pétition dont les signataires sont, entre autres, Nathalie Bondil et Phyllis Lambert circule. Ne la laissons pas mourir au feuilleton.

ON SE GARDE UNE PETITE GÊNE

Malgré les reportages troublants de Christian Latreille de la SRC sur le financement illégal de l'ADQ au temps où Mario Dumont en était le chef, celui-ci continue d'animer une quotidienne d'affaires publiques à TVA et de commenter l'actualité chez Paul Arcand et au Journal de Montréal comme si de rien n'était. Liza Frulla a disparu de la carte pour moins que ça. Deux poids, deux mesures?