Le 30 octobre 2015 marquera le 20e anniversaire du référendum québécois de 1995 et le 20 mai, le 35e anniversaire du référendum de 1980. Corrigez-moi si je me trompe, mais, depuis 35 ans, aucun film de fiction québécois n'a abordé ces deux moments importants de notre histoire moderne, moments qui ne manquaient pourtant ni d'action ni de piquant.

J'ai bien spécifié film de fiction, car, du côté documentaire, il y a eu quelques rares oeuvres dont Le confort et l'indifférence, triste poème trash de notre déconfiture nationale selon Denys Arcand ou encore Référendum II, le documentaire de Hugues Mignault qui n'a jamais vu le jour, faute de financement. Il y a eu aussi quelques reportages à la télé sur ces deux événements, mais comme on dit en bon français, that's it, that's all!

Est-ce un drame? Avons-nous vraiment besoin d'un film portant sur ce qui nous a si amèrement divisés et qui n'est toujours pas réglé? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que cette semaine, grâce à la magie du cinéma et au film No, j'ai pris un plaisir fou à vivre un autre référendum: celui des Chiliens en 1988.

Pour ceux qui l'auraient oublié ou qui ne le savaient pas, en 1988, le défunt général Augusto Pinochet, dont la dictature n'en finissait plus de finir, a voulu calmer l'opinion internationale par un grand geste, en apparence démocratique, en réalité parfaitement bidon: la tenue d'un référendum. Me donnez-vous le mandat decontinuer à vous gouverner pendant les huit prochaines années? demandait en substance Pinochet.

C'est la prémisse de départ de No, fabuleux film de Pablo Larrain primé à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en mai dernier et premier film chilien à s'être retrouvé en nomination dans la catégorie du meilleur film étranger aux Oscars cette année.

Le référendum, dans No, n'est pas raconté à travers Pinochet ou ses sbires, mais à travers un jeune publicitaire interprété par le formidable Gael García Bernal qui va travailler en skateboard et héberge dans sa cuisine un objet étrange et menaçant de nouveauté: un four micro-ondes. À mon avis, cet objet sera l'élément déterminant de la bataille musclée qui va s'engager.

Embauché par l'opposition pour concevoir la campagne du NON, le jeune publicitaire, qui vient à peine de revenir au Chili, constate que les dés sont pipés, que le poids de la dictature a tué tout élan d'indépendance, d'autonomie ou de désobéissance et que, même si les Chiliens rêvent en majorité de voter contre Pinochet, la peur les paralyse. Comment les réveiller? Comment faire fondre leur peur? Comment leur faire comprendre que chaque vote pour la liberté compte et qu'il n'en tient qu'à eux de changer le cours de l'Histoire? Comment? En leur vendant la démocratie comme un Pepsi et en faisant du bonheur le thème de la campagne. Le bonheur??? Ouache!

Autant dire que ceux qui ont engagé le jeune publicitaire le trouvent nul, con, cynique et superficiel. Ils lui reprochent surtout de manquer de respect et de compassion pour toutes les souffrances endurées par le peuple chilien depuis tant d'années. Le jeune publicitaire s'en fout. Il a lu l'avenir dans son micro-ondes et il sait que ce symbole de changement et de nouveauté pourra un jour renverser la vapeur et sortir les Chiliens de leur torpeur.

Je ne vous raconte pas la suite, mais j'ose croire que vous savez déjà la fin de l'histoire. Le film prend l'affiche à Montréal et à Québec le 22 mars prochain. Je vous le recommande chaudement. Vous y découvrirez qu'un film sur un référendum peut être très palpitant et pas ennuyeux du tout. Mais je vous mets en garde: si vous faites partie des 49,4% qui ont perdu le référendum en 1995, vous risquez de sortir du cinéma avec une furieuse envie de devenir chilien.

ON N'EN PARLE PAS ASSEZ

Le manuscrit du Vaisseau d'or d'Émile Nelligan mis en vente sur eBay. Qui en est le vendeur montréalais non identifié? Pourquoi les institutions muséales ,dont le Musée de la civilisation où il a été exposé en 2008, l'ont-ils laissé faire? Et surtout, que fait le ministre de la Culture ou même Pauline Marois, pour sauver ce trésor national?

ON EN PARLE TROP

Les pubs contre l'homophobie lancées par le gouvernement du Québec. Le jour où de telles pubs ne créeront pas de polémique, ne soulèveront plus de débats, sera un grand jour pour tous les gais et lesbiennes et leurs congénères hétéros.