Rien ne m'enrage plus qu'un vendeur qui veut me vendre quelque chose sans savoir de quoi il parle. Tu veux que j'achète ta Toyota Prius avec une cote de consommation combinée de 3,8 litres aux 100 kilomètres? Laisse faire les formules et dis-moi depuis combien de temps tu la conduis. Tu veux que je reparte à la maison avec un écran plasma de 52 pouces, ne me dis surtout pas que tu n'as pas de télé à la maison. Pour vendre, il faut connaître et savoir de quoi on parle. Principe élémentaire.

C'est pour cette raison que je ne suis pas choquée par le rapatriement pendant une semaine à Montréal des 22 conseillers culturels des délégations générales du Québec dans le monde, à la demande du ministre Maka Kotto qui en paie le prix politique depuis.

Tout cela à cause de la mauvaise foi d'un conseiller culturel, probablement un libéral déçu sur le point d'être rétrogradé, qui s'est plaint à une journaliste de l'inutilité de son séjour à Montréal et du gaspillage de fonds publics qui en a résulté.

Le type a parlé sous le couvert de l'anonymat, ce qui donne la mesure de son courage, mais il a surtout omis de mentionner que son séjour coïncidait avec CINARS, la conférence internationale de la scène, un des plus gros marchés de spectacles du monde.

Du 12 au 18 novembre, CINARS a accueilli 280 acheteurs venus de 45 pays. La plupart des 22 conseillers culturels, sauf peut-être l'anonyme bougon, ont passé la semaine soit au Reine Elizabeth, le quartier général de la conférence, soit au Monument-National, à la salle Pierre-Mercure, à la Tohu ou dans 40 autres salles en ville. De midi à minuit, tous les jours, ils ont pu voir la nouvelle chorégraphie de Marie Chouinard, les frasques délirantes de la troupe Les 7 doigts de la main, Virginie Brunelle, la nouvelle coqueluche de la danse, l'opéra déjanté Caligula Remix ou Léo l'étonnant solo techno mis en scène par Daniel Brière.

Pourquoi les conseillers culturels avaient-ils intérêt à voir ces spectacles? Parce que c'est leur travail de les faire rayonner à l'étranger et de favoriser leur diffusion sur leur territoire respectif. Ils sont les commis voyageurs attitrés des produits culturels québécois. Or, comment peuvent-ils vendre les produits d'ici s'ils ne les connaissent pas? Comment peuvent-ils aiguiller les acheteurs étrangers sur ce qui se fait de mieux sur les scènes au Québec s'ils n'ont pas mis les pieds dans une salle depuis quatre ans?

Lorsque les libéraux ont mis fin à la participation des conseillers culturels à CINARS, il y a précisément quatre ans, les protestations ont fusé de toutes parts. Les artistes et leurs compagnies, de même que les dirigeants de CINARS, ont déploré de ne plus avoir un accès direct et privilégié pendant une semaine à leurs principaux intermédiaires.

Le ministre Maka Kotto a voulu rétablir le courant. Il a bien fait. Quoi qu'en pense le bougon anonyme, il n'y avait rien de criminel ni d'amoral au fait de dépenser 64000$ pour un bain culturel québécois qui, bon an, mal an, génère des ventes de plusieurs millions à l'étranger.

Si le bougon anonyme avait voulu régler ses comptes avec le ministre, il aurait dû cogner sur un autre clou, comme la déclaration du ministre au sujet de la pseudo crise du cinéma québécois: «Nous devons nous sensibiliser au fait que si nous ne consommons pas nos produits culturels, personne d'autre ne va le faire», a déclaré le ministre à un journaliste. Pardon? Comment peut-on sérieusement évoquer l'absence d'intérêt des autres pour notre culture, quand il y a 280 acheteurs de spectacles québécois en ville et que les films québécois ont eu cette année plus de succès ailleurs que chez nous?

Maka Kotto a aussi exigé une étude scientifique sur la désaffection du public. J'espère qu'il confiera au bougon anonyme la tâche d'installer des électrodes sur le crâne de chaque spectateur qui va voir un film québécois. Au moins, là, le bougon aura une vraie raison de se plaindre.

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On en parle pas assez

Le monopole des studios Mel's sur l'industrie du cinéma. Que Mel's soit vendu à Vision globale ne change rien au fait que le monopole de l'entreprise sur la location d'équipement, qualifié de nuisible par le rapport de la SODEC, perdure. À quand la fin de ce monopole?

On en parle enfin

La responsabilité de la monarchie britannique dans le suicide de l'infirmière d'origine indienne. Morrissey, antimonarchiste notoire et chanteur des Smiths, a été le seul à décrier l'arrogance de la monarchie britannique, laissant entendre que le poids écrasant qu'elle exerce sur la société britannique a pesé plus lourd dans le geste désespéré de Jacintha Saldanha que la mauvaise blague des animateurs de radio qui l'ont piégée. Enfin, quelqu'un qui dit les vraies affaires!