La commission Charbonneau appelle Hollywood: c'est la première réflexion qui m'est venue en apprenant que Joseph Pistone, alias Donnie Brasco, le héros du film du même nom incarné par Johnny Depp, venait témoigner à la commission Charbonneau.

Qui dit Hollywood dit stars, strass, poudre aux yeux, mystification, glamorisation. Or, j'ai la désagréable impression que c'est à un exercice de glamorisation que se livre la commission en nous servant pour la reprise de ses travaux une vedette américaine triple A. Sommes-nous à une commission d'enquête ou au Festival des films de Toronto, je me le demande.

Je concède que Joseph Pistone, 73 ans, est une légende vivante. Cliquez sur l'internet et c'est écrit partout: Joseph Pistone, légende vivante du FBI! Tellement légendaire que Pistone vient d'entrer au Musée de la mafia à Las Vegas aux côtés d'Al Capone et de Lucky Luciano. Rien de moins.

Je concède aussi que l'homme a fait sa part pour l'humanité et cela au péril de sa vie. Agent double à une époque où le concept existait à peine, Pistone a infiltré la mafia, et surtout le clan Bonnano, pendant six ans. Ses bons services ont mené à une centaine de condamnations fédérales, à la pulvérisation du clan Bonanno et à la décapitation de la mafia de l'époque. Mais je vous signale que c'était dans les années 80, c'est-à-dire il y a pratiquement un siècle. Depuis, Pistone a écrit (ou dicté) six bouquins sur son épopée. Un, je comprends, mais six?

À force d'insister, Pistone a fini par convaincre Hollywood qu'il méritait un film à son nom. Le résultat fut une superbe production de 35 millions avec Johnny Depp et Al Pacino. Depp y incarnait l'agent double tandis que le vieux routier Pacino jouait Benjamin Lefty Ruggiero, son mentor. Sorti en 1997, Donnie Brasco a fait 124 millions aux guichets et a obtenu une mise en nomination pour son scénario aux Oscars (L.A. Confidential a gagné). Après Donnie Brasco, il y a eu la série Falcone, encore inspirée de sa vie. Décidément, ce type est une mine d'or.

J'ai été étonnée de lire dans les médias d'ici que Pistone allait témoigner à Montréal sans cagoule ni sac de papier sur la tête, mais à visage découvert. Pardon? La face de Pistone est partout sur le Net. Chaque fois qu'il fait une apparition chez Arsenio Hall ou dans une réunion d'agents retraités du FBI, on le prend en photo sans qu'il proteste. Et même si Pistone porte souvent des lunettes fumées, je doute que ce soit pour passer inaperçu.

Je ne remets pas en cause l'expertise et les connaissances de Pistone sur le fonctionnement de la mafia. Plusieurs autorités policières dans le monde le consultent à ce sujet. Mais Pistone a quitté le FBI en 1996, à temps pour le tournage de Donnie Brasco. Depuis, il a souvent été sollicité par Hollywood pour agir comme producteur ou conseiller sur le moindre film sur la mafia. Tout cela m'amène à une question: qu'est-ce qu'une légende vivante, absente du terrain depuis plus de 15 ans et plus acoquinée avec Hollywood qu'avec le monde du crime organisé, connaît à la mafia d'aujourd'hui, sinon à la mafia montréalaise?

Bref qu'est-ce qu'il vient faire à la commission Charbonneau, à part donner un bon show, ajouter une touche de glamour hollywoodien aux séances et nous distraire des vraies questions?

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On en parle trop

Borgen, la série danoise présentée par ARTV sur une femme qui vient d'accéder au poste de premier ministre. Des dizaines de DVD ont été envoyés aux médias, ce qui explique pourquoi on en parle tant. La série ne manque pas de mérite pour qui s'intéresse à la société danoise. Reste que les trois premiers épisodes sont remplis d'invraisemblances et d'interminables palabres. Au quatrième épisode, ça devient nettement plus captivant, à une nuance près: Birgitte, la Pauline danoise, n'a aucun défaut. Mère aimante, épouse fidèle, elle ne ment jamais, ne fait aucun coup bas, respecte tout le monde. Une danoise avec ça?

On n'en parle pas assez

Ève Landry, la Jeanne d'Unité 9: toute menue, tatouée, explosive, cette jeune actrice, diplômée du Conservatoire d'art dramatique, joue son premier grand rôle au petit écran. Et dès le premier épisode, elle a réussi à s'imposer magistralement. Retenez son nom.