Au lendemain du reportage de l'émission Enquête sur le monopole de la location d'équipement dans le milieu du cinéma, François Macerola, président de la SODEC, n'était pas aux abois. Au journaliste du site ctvm.info, il a déclaré qu'il était satisfait du système existant «même s'il y a toujours place pour l'amélioration».

Il a changé d'avis depuis. Il n'a pas eu le choix puisque la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, inquiétée par les allégations de pratiques déloyales évoquées dans le reportage et visant Location Michel Trudel, l'a chargé de procéder à un examen de la situation et de lui remettre un rapport au plus tard le 15 janvier.

Le président de la SODEC ne tiendra pas de commission d'enquête et ne contraindra pas des témoins clés à faire des déclarations écrites ou enregistrées dans son bureau.

«Ce n'est pas le rapport Duchesneau ni la commission Charbonneau», a-t-il averti à la blague. M. Macerola se contentera plutôt de rencontres informelles avec les principaux artisans du milieu du cinéma. Les rencontres porteront sur les escomptes consentis par Location Michel Trudel, le plus gros locateur d'équipement de cinéma et le copropriétaire des studios Mel's. «Que les producteurs reçoivent des escomptes, c'est normal. C'est un principe de fidélisation basé sur le volume qui existe dans tous les milieux. Mais ce dont on veut s'assurer, c'est que les escomptes vont dans les films et non dans la poche des producteurs», expliquait hier le président, ajoutant que son rôle n'était pas de juger les pratiques commerciales de Michel Trudel, mais de s'assurer que tout se faisait dans la transparence et la légalité.

Le mandat du président ne s'arrêtera pas aux productions locales et visera aussi les productions étrangères (majoritairement américaines), à qui la SODEC accorde des crédits d'impôt pour les inciter à venir tourner au Québec.

«Mon mandat est d'examiner les efforts consentis pour attirer les producteurs étrangers dans une situation de monopole et d'évaluer les résultats incluant les facteurs expliquant que des segments de productions échappent au Québec. Bref, je vais devoir m'assurer que tout se déroule dans les normes et qu'on ne va pas se réveiller avec de mauvaises surprises», dit le président de la SODEC.

Des mécanismes de contrôle et de vérification existent afin de protéger les fonds publics investis dans les films. Ces mécanismes ont même été revus et resserrés dans la foulée du rapport Lampron, rendu public en 1999 et portant sur les pratiques douteuses de certains producteurs et leur usage frauduleux de crédits d'impôt.

Mais le président de la SODEC estime qu'une remise à jour des règlements est toujours une bonne idée.

«À la fin de l'exercice, on veut que notre système de financement et de production de films soit à l'épreuve des balles», conclut-il en se servant d'une métaphore balistique que certains trouveront tout à fait de circonstance.

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Précision

Le titre original de cette chronique publiée le 2 novembre dernier sur l'annonce d'une étude commandée par le ministère de la Culture à la SODEC pouvait laisser croire que seule l'entreprise de Michel Trudel était visée par l'étude. Or, cet examen de la situation englobe plusieurs intervenants du milieu du cinéma, dont Locations Michel Trudel est un joueur important. Le but est de s'assurer que les fonds publics consacrés au cinéma et à la production télévisuelle sont utilisés à bon escient. Nos excuses aux dirigeants de Locations Michel Trudel.