Le blues de la métropole est terminé. Fini la morosité, le chiâlage, les prophètes de malheur décriant une ville à la dérive, les cyniques et les désabusés déplorant que Montréal soit la dernière de la classe en Amérique du Nord.

Adieu la désillusion et la déprime. L'heure est désormais à l'espoir, à la réalisation, à la construction, à l'épanouissement et au rayonnement de la métropole culturelle. L'heure est à la mélodie du bonheur pour Montréal.

C'est du moins ce qu'il fallait en conclure lundi au musée de Pointe-à-Callière lors d'une réception réunissant le PDG de L'Oréal Canada, la première VP de la Banque Scotia, le président de la Chambre de commerce, le ministre Christian Paradis, lieutenant québécois du gouvernement Harper, la ministre St-Pierre, Simon Brault, le président du comité de pilotage de Montréal, métropole culturelle et le maire Gérald Tremblay.

Tout ce beau monde était venu donner son appui symbolique au plan d'action 2007-2017 de Montréal, métropole culturelle et donner l'image d'une famille unie, solidaire et soudée par la volonté de voir Montréal sortir de son marasme et devenir la métropole culturelle vibrante qu'elle rêve d'être depuis longtemps.

En même temps, ces gens n'avaient rien de neuf à annoncer. Rien, sinon la nomination de Manuela Goya, l'ex-attachée de presse du ministre Raymond Bachand, qui deviendra sous peu la première vraie directrice du comité de pilotage de la métropole culturelle. Outre cette nomination, attendue depuis longtemps et capitale à l'avancement du dossier, on a annoncé la tenue, en 2012, d'un autre Sommet de la culture semblable au premier de 2007. Deux ans et demi de cogitations pour accoucher d'une nomination et d'un autre sommet, on ne peut pas dire que l'hyperactivité étouffe Montréal, métropole culturelle.

Qu'à cela ne tienne. Comme l'heure est à la mélodie du bonheur, on nous a distribué lundi une grande brochure publicitaire d'une quarantaine de pages, célébrant les grandes réalisations culturelles montréalaises en 2009.

Le maire Tremblay a lourdement insisté sur l'importance de cet indispensable document. À au moins trois reprises, le maire nous a invité à lire et à relire cette bible de la métropole culturelle. Je me suis empressée de suivre son conseil, impatiente d'apprendre ce qu'elle contenait de si révolutionnaire.

Qu'y ai-je appris? Qu'en 2009, tout le monde et son festival ont fêté un anniversaire. Dix ans pour le Festival du monde arabe. Dix ans pour le Festival Montréal en lumière. Quinze ans pour le Festival international de littérature, le FIL. Trente ans pour le Festival de jazz. Vingt-cinq ans pour le Cirque du Soleil. Trente-cinq ans pour la Carifête.

Quoi d'autre? Que le vélo Bixi a fait la fierté des Montréalais. Que la Vitrine est devenue la référence incontournable en ce qui touche l'offre culturelle montréalaise. Que le théâtre de Quat'Sous a fait peau neuve. Que la croix du Mont-Royal a un nouveau système d'éclairage. Que la pinte de lait géante Pure Milk a été repeinte. Que le piano Fazioli de la chapelle du Bon-Pasteur a eu droit à une restauration complète en Italie. Et que Xavier Dolan, Dany Laferrière, Wajdi Mouawad et Yannick Nézet-Séguin pour ne nommer que ceux-là, ont contribué au rayonnement de Montréal dans le monde.

Tout cela c'est bien beau j'en conviens, mais où est la nouvelle? Le miracle? La révolution?

Les événements et les artistes consignés dans la brochure publicitaire existaient bien avant le Sommet de la culture à Montréal en 2007. C'est d'ailleurs la force de leur nombre, leur dynamisme et leur vitalité qui ont convaincu les politiciens comme les gens d'affaires de s'asseoir autour de la même table pour discuter de l'avenir de la métropole culturelle. Or l'avenir nous y sommes aujourd'hui. Tant mieux si tout le monde a fêté son anniversaire en 2009, l'important c'est ce qui s'en vient. Et à ce chapitre, Montréal a repris du poil de la bête.

Contrairement aux déceptions de l'an passé avec le départ du Grand Prix, la fermeture des salles de cinéma d'Ex-Centris et les succès fulgurants de la ville de Québec qui faisaient cruellement ressortir les failles montréalaises, Montréal a retrouvé le moral et cela, sans même avoir besoin d'une psychanalyse signée Clotaire Rapaille.

Montréal aura bientôt une adresse symphonique de prestige et un Quartier des spectacles, qui une fois la tour du 2-22 au coin de Saint-Laurent terminée, cessera de ressembler à Beyrouth après un bombardement. Son musée d'archéologie à Pointe-à-Callière sera agrandi. Sa Grande Bibliothèque marche à pleine vapeur et dépasse les plus folles espérances d'achalandage. Le Grand Prix de formule 1 sera de retour en ville dans moins d'un mois. La saison des festivals va bientôt recommencer de plus belle.

Bref, Montréal poursuit son déploiement culturel avec une belle intensité et pour une rare fois, avec de vrais appuis politiques. Par moments d'ailleurs, on a la nette impression que la culture est la seule chose qui marche dans la cité. Si c'est le cas, il faut s'en réjouir et comprendre qu'avec un peu de chance et beaucoup de volonté, le reste ne va pas tarder à suivre.

 

Photo: Bernard Brault, La Presse

En 2009, tout le monde et son festival ont fêté un anniversaire. Dix ans pour le Festival du monde arabe. Dix ans pour le Festival Montréal en lumière. Quinze ans pour le Festival international de littérature, le FIL. Trente ans pour le Festival de jazz. Vingt-cinq ans pour le Cirque du Soleil. Trente-cinq ans pour la Carifête.