Depuis des mois et des mois, les titres dans les épiceries, les supermarchés, les pharmacies, nous narguent. Rien ne va plus entre Brad et Angelina. Il l'a quittée. Elle l'a trompé. Ils ne se parlent plus. Elle en a marre. Il n'en peut plus...

Depuis des mois, je résiste à l'appel de ces prophètes de malheur, de ces corbeaux de pacotille, de ces corneilles potinières. Je résiste et je refuse d'accorder une once de crédibilité à ce que leurs titres avancent. Parce que moi, voyez-vous, je crois, ou du moins je croyais, dans Brad et Angelina et dans le couple aussi improbable qu'inattendu qu'ils forment depuis cinq ans.

Je croyais dans la marque Brangelina et ce qu'elle me vendait comme illusions domestiques, conjugales, familiales. Dès la première photo publiée dans le premier torchon, j'ai adopté et adhéré à ce couple atypique, peu conventionnel, sexy à l'os, qui tripait enfants et famille malgré un passé de sexe débridé, de mutilation, de sang mêlé, de drogue, de dépravation, de rumeurs d'inceste et de dépression. Le fait que cette nomenclature toxique concerne surtout Angelina Jolie ne faisait qu'augmenter ma foi et ma fascination pour cette union entre le prince blond de la normalité américaine et cette princesse de la nuit qui avait tout essayé et qui semblait revenue de tout.

La combinaison de ces deux contraires réunis à la fois par le sexe, par l'amour, mais aussi par un désir de fonder une famille, a probablement été le point de départ et la bougie d'allumage de la marque pour la plupart des gens.

Mais ce qui a vraiment fait le succès de la marque, c'est que Brad et Angelina ont respecté leur contrat. Leur désir de former un couple et de fonder une famille, et cela, en dehors du mariage, n'était pas de la frime. Pendant plus d'années que bien des unions soi-disant normales et équilibrées, ils ont été un couple amoureux et une famille unie. Ils ont adopté des enfants, donné des tonnes de fric à des orphelinats, à La Nouvelle-Orléans et tout récemment à Haïti.

Mieux encore: ils ont mis au monde trois de leurs propres rejetons. C'est dire qu'à deux reprises, l'actrice la plus sexy au monde a renoncé à son corps d'enfer et à sa minceur professionnelle pour laisser son ventre plat enfler comme un ballon. Au lieu de confier ses maternités à une mère porteuse façon Sarah Jessica Parker, elle a assumé tout cela elle-même, ce qui, pour une star d'Hollywood, prisonnière de son image et constamment dans l'objectif des caméras, est un exploit en soi.

Bref, il y avait peut-être beaucoup de relations publiques dans la marque Brangelina, mais il y avait de la sincérité et de l'amour. C'est pour ça que j'y croyais et que je voulais y croire mais, cette semaine, bien malgré moi, ma foi a fléchi alors que la marque subissait un coup fatal.

On dit que c'est le blogue Drudge Report qui a porté le coup en reproduisant un article du tabloïd britannique News of the World, affirmant que la rupture entre Brad et Angelina était imminente. Et même si la rumeur a été diffusée la même fin de semaine où Johnny Depp est mort et a miraculeusement ressuscité et qu'on aurait tous dû se méfier, on dirait que c'est la goutte qui a fait déborder l'océan.

Depuis, les démentis alimentés par des sources paniquées ont beau se multiplier, le doute s'est installé. Comme pour les voitures Toyota défectueuses qui ont fait l'objet d'un vaste rappel, on fait moins confiance à la marque Brangelina. On croit moins à sa pérennité.

Déjà, les charognards traquent tout ce qu'il y a comme domestiques, femmes de ménage et portiers frustrés, fabulateurs ou opportunistes, pour scénariser un film sordide annonçant leur chute.

Si Brad et Angelina survivent à ce nouveau déversement toxique, ce ne sera pas seulement une bonne nouvelle. Ce sera un miracle.