Je n'ai pas vu la première de la téléréalité Montréal-Québec, dimanche soir à TVA. Solidarité syndicale oblige, j'étais au Show du Cadenas pour célébrer (enfin, façon de parler) le premier anniversaire du lock-out au Journal de Montréal.

Loco Locass y était aussi. Du moins deux de ses trois membres sans instruments, mais avec leur belle liberté d'expression et le chronomètre de Quebecor les poussant à faire vite pour ne pas arriver en retard à l'aréna de Verdun.

Dommage que Biz et Batlam n'aient pas chanté L'hymne à Québec, la chanson qu'ils ont composée pour la téléréalité de TVA. C'est un rap qui déménage et qui nous aurait permis de danser aux frais du grand patron. Mais je m'égare...

Je n'ai pas vu la première de Montréal-Québec, mais je me suis rattrapée lundi pour la première émission de l'après-match. L'exercice m'a laissée pour le moins perplexe.

Je vous concède que je ne suis pas la plus grande fan de hockey au monde. Je n'ai pas le CH tatoué sur le coeur ni nulle part ailleurs, et je peine à me souvenir du nom de la plupart, sinon de la totalité, de ses joueurs. La plupart du temps, le hockey et moi, ça fait trois.

Mais je ne suis pas une complète cause perdue non plus. J'ai assisté à au moins trois matchs dans ma vie, dont le célèbre massacre du Vendredi saint entre les Canadiens et les Nordiques. Oui, monsieur, j'étais là. Je me suis même portée volontaire pour couvrir au moins deux défilés de la Coupe Stanley et pour faire une entrevue avec Carbo. Bref, même si je ne suis pas la candidate idéale pour une téléréalité sur le hockey, je pourrais le devenir. Enfin, je croyais pouvoir le devenir, mais depuis lundi, je m'interroge...

Non seulement je m'interroge, mais je m'ennuie... de Star Académie. Car Montréal-Québec est, si l'on veut, une sorte de Hockey Académie basée sur les mêmes principes de démocratisation, d'émotion brute, de victoire à l'arraché, d'élimination et de sauvetage. Sauf qu'il y a des différences. La première étant que la musique est universelle. Le hockey l'est un peu moins. Et même si nous, les non-partisans, devenons tous fous de hockey lorsque le Canadien se rend en séries éliminatoires, notre passion est conjoncturelle et vise plus la gloire par procuration que l'amour d'un sport.

Cela revient à dire que pour passionner les non-partisans comme moi, Montréal-Québec doit nous offrir autre chose que du hockey. Elle doit nous offrir du drame, de l'émotion, des personnages impudiques, exubérants qui n'ont pas peur de la caméra et qui brûlent de se retrouver dans sa ligne de mire.

Pour les participants de Star Académie, cela allait de soi. La plupart avaient déjà une expérience de scène et, le cas échéant, avaient du charisme, sinon une personnalité qui avait besoin de s'exprimer devant les réflecteurs. C'est loin d'être le cas des participants de Montréal-Québec. Ces derniers sont des sportifs avant d'être des showmen et charisme n'est pas le premier mot qui vient à l'esprit en les voyant. Et c'est normal. L'important, c'est qu'ils sachent jouer au hockey. L'important, c'est qu'ils aient de bonnes performances sur la glace. À cet égard, aucun doute: la glace est le seul endroit où ils ont brillé jusqu'à maintenant.

Pour le reste, trop nombreux, trop silencieux, trop intimidés par la caméra et trop habillés comme des gérants de caisse populaire, les joueurs de la série Montréal-Québec semblent se fondre dans un magma beige et impersonnel qui manque cruellement de relief. En principe, l'après-match de lundi et la mise au ballottage de six d'entre eux auraient dû être un moment dramatique. Mais tout s'est déroulé comme un exercice de routine administrative aussi palpitant qu'un changement de quart de travail à Postes Canada.

Du côté des entraîneurs, ce n'était guère plus captivant. Carbo a autant d'éloquence et de bagout qu'une pierre de curling. Et Michel Bergeron est tellement gentil et souriant qu'on a la nette impression que le tigre dans son moteur a été noyé sous un déversement de sans plomb. Qu'est-ce qu'on attend pour appeler Denise Filiatrault en renfort? Puis Patrick Huard, Sophie Faucher et Michel Rivard?

Même si, au paradis de la téléréalité, l'homme ordinaire et l'ailier droit sont rois, la participation ponctuelle de vedettes est toujours recommandée. Ça pimente l'action et surtout ça maintient l'intérêt des non-partisans comme moi. Et puis, qu'on le veuille ou non, une partie de hockey professionnelle est une téléréalité en soi. D'un soir à l'autre, on ne sait pas qui va gagner, qui va être éliminé. Si on veut à tout prix recréer artificiellement ce qui existe déjà, il faut arriver avec quelque chose de neuf et de différent, sinon quel est l'intérêt?

Mais bon, soyons patients. La partie ne fait que commencer. Je souhaite aux joueurs de Montréal-Québec d'enflammer toute la province avec leurs coups de patin. Je leur souhaite aussi de ramener la paix sur terre et, un coup parti, d'accélérer le règlement du conflit au Journal de Montréal. Comme ça, on ne sera plus obligés de se farcir des compte-rendus complaisants sur une série qui, pour l'instant, ne les mérite pas.

 

Photo: fournie par TVA

Guy Carbonneau a autant d'éloquence et de bagout qu'une pierre de curling. Et Michel Bergeron est tellement gentil et souriant qu'on a la nette impression que le tigre dans son moteur a été noyé sous un déversement de sans plomb. Également sur notre photo, l'arbitre de la série Montréal-Québec, Ron Fournier.