Depuis quelques jours, un vent d'inquiétude souffle sur les théâtres de la ville, dans les salles de répétition des orchestres symphoniques, dans les locaux de danse et dans les directions de plusieurs festivals et de musées.

Tous craignent de faire les frais de la révision de la politique de commandites d'Hydro-Québec exigée par la ministre Nathalie Normandeau pour calmer la crise de confiance à l'égard de Thierry Vandal.

Pour ceux qui étaient en vacances ou perdus sur une île déserte, le jugement du PDG d'Hydro a été mis à rude épreuve lorsqu'une enquête de La Presse a révélé que ce dernier avait approuvé des commandites totalisant un demi-million aux collèges privés Notre-Dame et Brébeuf.

Commanditer des collèges qui sont déjà en partie subventionnés par l'État, sans en faire autant pour les écoles publiques dont l'état est lamentable et les besoins criants, était une très mauvaise idée, on en convient.

L'ennui, c'est que cette erreur de jugement a empoisonné l'atmosphère et jeté le discrédit sur une société d'État qui, dans le domaine culturel du moins, joue un rôle essentiel, voire crucial. Pour résumer les choses brutalement, disons que, sans l'appui financier d'Hydro-Québec, il n'y aurait pas de vie culturelle non seulement à Montréal, mais à la grandeur du Québec.

Pas étonnant que Lucien Bouchard, président du conseil d'administration de l'OSM, soit monté au créneau en signant une lettre ouverte publiée dans les journaux samedi.

«De grâce, écrit le président, ne nous laissons pas aller à l'émoi du moment: n'allons pas exclure Hydro-Québec et les autres agences gouvernementales de toute interaction communautaire et les écarter ainsi de leur légitime et indispensable contribution à notre épanouissement collectif.»

On comprend l'émoi de M. Bouchard. L'OSM bénéficie d'une commandite d'Hydro-Québec de 600 000 $ par an. Ce n'est pas rien. Retranchez cette somme ou réduisez-la de moitié, et le fleuron de la musique symphonique montréalaise va se trouver dans le pétrin et peut-être même au bord du gouffre financier. Il ne sera pas le seul.

Hydro-Québec commandite la plupart des théâtres à Montréal, une foule d'orchestres en région, plusieurs musées, le Centre des sciences de Montréal, sans oublier le Domaine Forget, dans Charlevoix, et le centre d'art d'Orford.

En 2008, Hydro-Québec a injecté 25,9 millions dans la vie culturelle québécoise. Cette année-là, l'OSM (600 000 $), le Musée Pointe-à-Callières (400 000 $) et le festival Montréal en lumière, qui a reçu une commandite de 900 000 $, ont été les plus choyés.

Mais les Grands Ballets canadiens (70 000 $), l'Opéra de Montréal (42 500 $), le Moulin à images de Robert Lepage (250 000 $) et le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (60 000 $), pour ne nommer que ceux-là, ont bénéficié d'un soutien financier d'Hydro-Québec qui n'était peut-être pas faramineux, mais qui était toujours bienvenu.

C'est d'ailleurs le message qu'a voulu lancer hier le Théâtre de l'Opsis, une compagnie de recherche théâtrale, dans un communiqué affirmant qu'il n'aurait jamais survécu sans l'appui d'organismes comme Hydro-Québec. Même si la commandite à l'Opsis en 2008 était de 10 000 $, elle a été vitale à la création comme au fonctionnement du théâtre.

Bref, des plus grandes institutions jusqu'aux plus petits organismes, le message est toujours le même: la vie culturelle québécoise a besoin d'Hydro comme les plantes ont besoin d'eau, les fleurs de soleil et les lampes d'électricité. Mais surtout, cette vie culturelle ne devrait pas faire les frais d'une révision qui est avant tout un exercice de récupération politique de la part du gouvernement dans le but de sauver la peau de Thierry Vandal.

Je laisse à d'autres le soin de déterminer si la tête du PDG mérite ou non de tomber. Chose certaine, la vie culturelle québécoise ne mérite pas de s'effondrer ni de frôler la faillite parce qu'un homme, un jour, a commis une erreur de jugement.

Québécois, please

Message aux Américains qui n'arrêtent pas de rire du Canada, des Canadiens et de leur système de santé soviétique. Chers voisins, vous voulez devenir Canadiens? C'est simple. Rangez vos fusils. Achetez-vous un canot et devenez multiculturels. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Julia Bentley et Andrew Gunadie, deux jeunes musiciens canadiens déguisés en police montée et auteurs de la chanson Canadian Please.

Pour s'amuser, et éventuellement attirer l'attention d'un parti à la recherche d'une chanson-thème pour les élections fédérales, les deux ont enregistré une chanson hilarante dont la vidéo est sur YouTube.

Sur une mélodie rythmée et dansante, Julia et Andrew vantent nos castors, nos caribous, nos deux langues officielles et s'excusent d'une seule chose: Céline Dion (même si elle a fait une bonne toune pour James Cameron).

Pour éviter qu'on se mette tous à fredonner cette chanson trop accrocheuse comme je l'ai fait toute la fin de semaine dernière, j'invite un duo ou un trio québécois à leur donner la réplique. Québécois, please, à vos stylos.