Il y a mille et une manières de finir l'année en beauté. On peut aller s'éclater à Times Square, prendre d'assaut la piste de danse du Fuzzy de Laval ou encore giguer sur le perron de l'église de Saint-Élie-de-Caxton en se contant des histoires. On peut se réunir autour d'une grande table chez soi en testant toutes les recettes de Ricardo. Et puis, si d'aventure, la fête pleine de promesses s'est muée en party plate à mort avec la visite qui commence à bâiller à l'apéro et la conversation qui meurt après la première bouchée au pesto, il y a toujours le remède miracle qui lisse et arrange tout: la télévision. On s'entend que regarder la télévision un soir de 31 décembre est un dernier recours, sinon un appel au secours.

Je ne parle pas de regarder le Bye Bye, qui appartient à une longue tradition socioculturelle et qui de toute façon commence assez tard pour qu'on ait eu amplement le temps de faire connaissance avec la tranche d'humanité prise pour changer d'année avec nous.

 

Non. Regarder le Bye Bye un soir de 31 décembre est normal. Ce qui l'est moins, c'est de passer TOUTE la soirée du 31 décembre écrasé devant la télé. C'est pourtant ce que Radio-Canada nous encourage fortement à faire avec un menu de la veille du jour de l'An qui ne nous donne aucun répit de 18h30 jusqu'à minuit. Spécial Gérard. D. Laflaque, spécial Infoman, spécial Tout le monde en parle, n'en jetez plus, la cour est pleine.

D'un côté, c'est super sympa de la part de notre télé publique de veiller à notre bonheur collectif. De l'autre, c'est un peu vexant dans la mesure où en nous offrant une programmation aussi intense, c'est comme si la télé publique nous enchaînait à elle ou, pis encore, comme si elle nous disait que dans le fond, on n'a pas de vie, pas d'amis et rien de mieux à faire un soir de 31 décembre que de la regarder.

Mais ne soyons pas malhonnêtes. Il y aura des reprises de toutes les émissions le lendemain, ce qui risque dans certaines maisons de perturber la bénédiction, mais d'assouvir la curiosité de ceux qui avaient mieux à faire le 31 au soir. Sinon, il existe une technique et même un appareil pour enregistrer ce qu'on a manqué.

Pour ma part, je ne sais pas encore ce que je vais enregistrer. Mais je sais avec certitude qu'il y aura une émission que même si j'étais clouée à un lit et incapable de bouger, je refuserais obstinément de regarder et encore moins d'enregistrer. C'est The Hour, une émission de la CBC que je regarde régulièrement et que j'aime bien. Son animateur, George Stroumboulopoulos est l'animateur de l'heure au Canada anglais. Toutes les stars se bousculent dans son studio. Et pour cause! Il est drôle, vif et intelligent comme un singe. Malheureusement pour son émission du 31 décembre, il a eu une très mauvaise idée et elle s'appelle Sarah Palin. Vous avez bien lu. La veille du jour de l'An, l'animateur le plus hot du Canada va présenter aux contribuables canadiens une entrevue d'une heure réalisée en Alaska avec une Barbie de la droite américaine, répudiée par les éléments les plus modérés de son parti et dont le seul exploit, après avoir plombé la campagne de son chef, est d'avoir relancé la carrière d'imitatrice de Tina Fey. Non mais. À quoi pensait George?

Si je ne me retenais pas, j'inviterais tous les Canadiens à boycotter cette triste démonstration de colonisation culturelle. Mais Noël approche et il me reste à peine l'espace pour vous souhaiter un Noël rempli de bonheur et une nouvelle année qui fera place à l'espoir, à la lumière, à l'inspiration, à tout sauf à Sarah Palin. Joyeuses Fêtes tout le monde.