Une salle d'un centre communautaire, un soir de pluie de la mi-avril. À peine 25 personnes écoutent les candidats à l'élection partielle de dimanche dans le district du Vieux-Rosemont. La moitié est affiliée à un parti politique. Alors, du vrai monde prêt à discuter des enjeux locaux? Une douzaine à tout casser.

Denise Larouche se présente pour Union Montréal, parti du maire Tremblay. C'est une survivante municipale. Elle a été conseillère sous Pierre Bourque, à une époque antédiluvienne. Bourque était le chef de Vision Montréal, actuel parti de Louise Harel.

En 2003, Denise Larouche a tâté le terrain de la droite. Elle s'est présentée pour l'Action démocratique du Québec (ADQ). Elle a été battue, en ne recueillant qu'un maigre résultat de 11%. Il faut dire que Rosemont est un fief péquiste. Aux dernières élections, les électeurs ont envoyé un candidat néo-démocrate à Ottawa. Alors l'ADQ...

En 2005, Mme Larouche a été battue par André Lavallée, candidat-vedette d'Union Montréal. En 2009, elle s'est présentée sous la bannière d'une obscure candidate à la mairie, Louise O'Sullivan-Boyne. Encore battue. Aujourd'hui, elle est avec Union Montréal.

Vision Montréal, ADQ, Louise O'Sullivan-Boyne, Union Montréal, ça fait beaucoup de magasinage politique. Typique de la vie municipale où la fidélité à un parti ne veut pas dire grand-chose.

Au cours de la rencontre du lundi pluvieux, Denise Larouche a dit: «Je vous offre mon expérience du monde municipal, je n'ai pas besoin de training.»

C'est le moins qu'on puisse dire.

Mais le coeur des électeurs ne penche pas du côté d'Union Montréal. Le directeur général du parti, Richard Mimeau, l'admet: «C'est un secteur difficile pour nous.»

Gros défi pour Denise Larouche.

Le Vieux-Rosemont n'est pas un district baromètre; l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, non plus.

En 2005, l'arrondissement a flirté avec Union Montréal, mais en 2009, le parti de Gérald Tremblay a été rayé de la carte. C'est Vision Montréal qui a raflé la mairie et deux des quatre postes de conseillers.

Le maire de l'arrondissement, François Croteau, s'est vite senti à l'étroit avec Vision Montréal. Ses mesures environnementales audacieuses le rapprochaient de Projet Montréal. En novembre 2011, il a claqué la porte de Vision pour se joindre à Projet qui détient, désormais, la majorité dans Rosemont-La Petite-Patrie.

La démission de Pierre Lampron, bras droit de Louise Harel, a fait mal à Vision Montréal. Son passage en politique a été désastreux. Il se voyait président du comité exécutif à côté de la mairesse Louise Harel. Il est plutôt devenu un obscur conseiller de l'opposition. Un choc.

Il l'avoue candidement. «Le seul pouvoir qu'on a, c'est de chialer, m'a-t-il dit. Je suis un administrateur, un développeur. C'est extrêmement frustrant d'être dans l'opposition.»

C'est son siège qui est en jeu dimanche.

Si Vision Montréal perd le district, la défaite sera humiliante. En 2009, Vision Montréal avait gagné avec 42% des voix, comparativement à 34% pour Projet Montréal et à 24% pour Union Montréal. Rosemont est un terreau fertile pour Louise Harel. Un château fort péquiste. D'ailleurs, l'ancien chef du Bloc québécois Gilles Duceppe appuie la candidate de Vision, Hélène Dagenais.

Louise Harel en arrache. Son parti est criblé de dettes, une partie de son personnel politique a claqué la porte, exaspéré par sa gestion trop pointue des dossiers. Cette ancienne ministre péquiste semble avoir perdu son flair politique.

Comment a-t-elle pu choisir Benoit Labonté comme bras droit, puis Pierre Lampron? Labonté est parti une semaine avant les élections de 2009 dans une odeur de scandale.

Hélène Dagenais, candidate de Vision Montréal, n'a aucune expérience politique. «Je n'ai jamais été élue, mais j'apprends vite», a-t-elle dit lors de la rencontre des candidats, à la mi-avril.

Et Projet Montréal? Le maire François Croteau a le vent dans les voiles, mais il doit se battre contre la mauvaise réputation du Plateau qui est dominé par Projet Montréal. Les mesures controversées du maire Luc Ferrandez font peur: hausse vertigineuse du prix des vignettes et des parcomètres, circulation chaotique, rues non déneigées.

Le maire François Croteau se défend d'être un copier-coller de Ferrandez. «Projet Montréal s'adapte à la réalité des quartiers, m'a-t-il expliqué. On a gelé les tarifs des parcomètres et on n'a touché ni aux vignettes ni au déneigement.»

Luc Ferrandez, lui? Il refuse de donner des entrevues. Il a peur de se mettre les pieds dans le plat, sa spécialité.

La candidate de Projet Montréal, Érika Duchesne, n'a aucune expérience politique. Lors de la rencontre des candidats, elle a déclaré: «Je suis porteuse de nos rêves et de nos revendications.»

Vague à souhait.

Le Vieux-Rosemont n'est pas un district baromètre, mais les résultats en diront long sur la force de chacun des partis à un an et demi des élections.

Pour joindre notre chroniqueuse: michele.ouimet@lapresse.ca