Ce n'était pas le débat du siècle. En fait, il n'y a pas eu de débat. Chaque candidat à la mairie de Montréal a résumé son programme électoral et répondu aux questions d'un auditoire un peu coincé. Temps alloué: 16 minutes.

Ce non-débat s'est déroulé hier au déjeuner-causerie de la jeune chambre de commerce. Les candidats n'ont pas croisé le fer une seule fois. Même s'ils étaient assis à la même table, ils n'ont pas échangé un mot. Entre l'endive et le poulet, l'atmosphère était glaciale.

 

Chaque candidat avait huit minutes pour parler d'un thème imposé par la jeune chambre: «Les principaux défis auxquels la ville devra faire face et comment ils entendent y répondre.»

Vague, trop vague. Erreur. Les candidats en ont profité pour réciter la liste de leurs promesses électorales en escamotant le sujet imposé.

Le maire Tremblay a parlé tellement vite et avec une telle conviction que la salle a ri à la fin de son allocution. Richard Bergeron a aussi débité son programme à la vitesse de la lumière. Louise Harel, elle, a parlé plus lentement. Le lutrin lui arrivait aux épaules et le micro, au nez.

Quatrième candidate, Louise O'Sullivan, ex-conseillère du maire Tremblay de 2001 à 2005. Elle a passé une partie de son discours à parler de son fils de 27 ans, brillant, tellement brillant, diplômé de McGill, et qui a décidé de vivre en Norvège. Elle a affirmé que Montréal était la ville la plus pauvre en Amérique (!) et qu'elle n'avait pas besoin de règles d'éthique. «Il faut être éthique pour se lancer en politique», a-t-elle précisé.

Sans commentaire.

Impossible de parler aux candidats à la fin du déjeuner-causerie. Ils ont tous galopé vers la Place Bonaventure pour participer à un autre débat - un vrai - animé par Benoît Dutrizac à la radio. Une heure vivante, drôle par moments. Dutrizac connaît la politique municipale. Ses questions étaient directes, justes, et il a laissé le temps aux candidats de débattre.

Et Louise O'Sullivan n'avait pas été invitée.

On était loin de l'atmosphère soporifique et complaisante de la jeune chambre de commerce.

Benoît Dutrizac a attaqué en parlant d'éthique. Gérald Tremblay a répété que GÉNIeau, le consortium au coeur du scandale des compteurs d'eau, ne sera pas dédommagé si la police prouve qu'il y a eu collusion.

Louise Harel a souligné qu'un maire a un devoir de surveillance.

Vrai. Article 52 de la Loi sur les cités et villes: «Le maire exerce le droit de surveillance, d'investigation et de contrôle sur tous les départements et les fonctionnaires ou employés de la municipalité et voit spécialement à ce que les revenus de la municipalité soient perçus et dépensés suivant la loi.»

Donc, même si le maire plaide l'ignorance, cela ne l'absout pas.

Évidemment, il a été question des incontournables cols bleus. Benoît Dutrizac fait des boutons dès que leur nom est prononcé. Le maire a accusé Mme Harel de s'être «assise main dans la main» avec le président des cols bleus, Michel Parent, lors du dernier conseil municipal.

Louise Harel n'est pas élue. Elle doit donc s'installer au balcon réservé au public et aux journalistes. Ce soir-là, Michel Parent était à ses côtés. Elle s'est défendue: «Je ne donnais pas la main à Michel Parent!» Richard Bergeron s'est empressé d'ajouter: «Je n'ai aucune relation particulière avec Michel Parent!»

Comme si Parent avait la lèpre et le choléra.

En ces temps d'élections, les cols bleus n'ont pas la cote.

* * *

Où est Diane Lemieux? À la fin du mois d'août, dans une conférence de presse, l'ex-ministre péquiste et ennemie jurée de Louise Harel est arrivée, triomphante, au bras de Gérald Tremblay.

Si le maire est réélu, Mme Lemieux ne moisira pas dans un rôle de figurante. M. Tremblay lui a promis un poste au comité exécutif. Probablement la présidence.

Depuis cette apparition éclatante, Mme Lemieux se fait discrète. À Union Montréal, on affirme qu'elle a participé à trois activités publiques. Trois en un mois, c'est mince. Après tout, on est en campagne électorale.

On est loin de l'euphorie de la fin août, lorsque Mme Lemieux avait affirmé que Gérald Tremblay était son homme.

«C'est mon homme, avait-elle dit. Je le respecte et j'ai de l'admiration pour lui.»

Depuis, il y a eu le rapport dévastateur du vérificateur général sur le scandale des compteurs d'eau.

Son «homme» a-t-il perdu une partie de son charme?