Après les six enquêtes de la police, une nouvelle tuile est tombée sur la tête du maire Gérald Tremblay: une enquête du Directeur général des élections (DGE).

Mardi dernier, le DGE a envoyé ses hommes dans une dizaine d'arrondissements, tous contrôlés par le parti du maire, Union Montréal. Ils cherchaient des documents concernant du financement électoral illégal. Des fausses factures.

Je vous explique. La campagne de 2001 a laissé une dette. Union Montréal devait de l'argent à une firme de relations publiques. En 2004, un membre éminent du parti aurait fait le tour de certains arrondissements dirigés par Union Montréal pour leur demander un petit effort pour l'aider à essuyer la dette.

Un ou des arrondissements auraient accepté. Selon nos informations, au moins un arrondissement aurait pigé dans son budget régulier. Il aurait justifié cette dépense avec une facture bidon. Un truc vieux comme le monde. Un truc illégal.

Je vous rappelle que le budget d'un arrondissement sert à déneiger, ramasser les ordures, garnir les bibliothèques, etc. L'utiliser pour payer une dette politique est indécent. Et illégal.

Le maire était-il au courant?

Si oui, a-t-il rappelé les arrondissements à l'ordre ou a-t-il fermé les yeux?

Si non, comment pouvait-il ignorer un truc pareil?

Au courant ou non, le maire est chef d'Union Montréal et il est responsable de tout acte illégal posé par son parti.

C'est fou, mais j'ai l'impression d'écrire la même chronique depuis un an et de poser, toujours et encore, les mêmes questions: le maire était-il au courant, si oui... si non... Je commence à manquer de synonymes.

Montréal est-il en train de perdre le nord? Les scandales se multiplient, les enquêtes policières s'empilent et la mafia rôde autour de l'hôtel de ville.

Et là, vlan! Une enquête du Directeur général des élections. Il ne trouvera peut-être rien, le maire sortira peut-être blanchi, mais une chose est certaine, si le DGE a cru bon de lancer ses limiers dans les arrondissements, c'est parce que les allégations sont sérieuses.

Le maire nie tout. «C'est totalement faux», a-t-il dit-il. Par contre, il reconnaît que le DGE enquête.

La Loi sur les élections et les référendums est claire: un parti a le droit de recevoir 1000$ par électeur par année. Si l'enquête conclut qu'il y a eu des manoeuvres électorales frauduleuses, le parti sera poursuivi et il écopera d'une amende.

Gérald Tremblay est loin d'en avoir fini avec les questions d'éthique et de corruption. Ce soir, au conseil municipal, le vérificateur de la Ville va déposer son rapport sur les compteurs d'eau, un contrat hautement controversé qui a jeté le maire dans l'eau bouillante.

Gros conseil en vue, le dernier avant les élections du 1er novembre. Les élus causeront éthique. Vision Montréal veut déposer une motion pour demander la création d'une escouade spéciale anticorruption.

Le maire Tremblay, lui, attaque. Vendredi, il a convoqué les médias pour leur expliquer qu'il ne se contenterait pas d'un code d'éthique bidon. Il accepte enfin l'idée d'avoir un commissaire à l'éthique doté de larges pouvoirs. Il pourra enquêter et imposer des sanctions.

Mais Gérald Tremblay attend que le gouvernement crée un poste de commissaire pour la grande région métropolitaine. Si Québec ne bouge pas d'ici la fin de l'année, le maire ira de l'avant. Montréal, a-t-il promis, aura son propre commissaire.

Un bon coup. Un vrai code. Il était temps.

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Permettez-moi de revenir sur l'histoire du passé felquiste d'André Lavallée.

Au lendemain de la nouvelle publiée dans La Presse, il a passé la journée à justifier son «erreur de jeunesse». Il en a profité pour sous-entendre que Vision Montréal, le parti de Louise Harel, lui avait fait des menaces.

«Ou tu rejoins notre parti, ou tu en paieras les conséquences», l'aurait menacé un membre de Vision Montréal en juin.

Quelles conséquences? Celle de déballer son passé felquiste sur la place publique? André Lavallée n'a pas répondu. Il a préféré laisser planer le doute: Louise Harel aurait coulé l'information parce qu'il aurait refusé de joindre les rangs de son parti. Une vengeance politique.

Et il a ajouté que la campagne électorale allait être dure. Et sale.

Sauf qu'il n'a pas l'ombre d'une preuve. Mais la manoeuvre a fonctionné: un sous-entendu habile, une rumeur qui s'emballe et Louise Harel qui se retrouve sur le banc des accusés.

Interviewée, à Radio-Canada, Mme Harel pataugeait. Elle essayait de s'expliquer. Elle en avait des sueurs, elle, l'ancienne ministre des Affaires municipales qui, à une certaine époque, avait un brillant directeur de cabinet adjoint... André Lavallée.

Lavallée et Harel se connaissent depuis les années 1970. Une longue amitié. Aujourd'hui, ils se déchirent sur la place publique.

Oui, la campagne sera dure. Et sale.