«Il me semble qu'il me manque un paragraphe», a dit le maire Gérald Tremblay, hier, en s'arrêtant au milieu d'une phrase.

Debout dans le grand hall de l'hôtel de ville, Gérald Tremblay a tourné la feuille de son discours, un point d'interrogation dans le front. Devant lui, des journalistes et des étudiants en communications de l'UQAM; à ses côtés, les 12 membres de son tout nouveau comité exécutif.

«Ah! a-t-il lancé en retrouvant le paragraphe égaré. J'étais en train de m'oublier. Je vais m'occuper de la démocratie...»

C'est le maire tout craché. S'oublier. Candide, toujours prêt à présenter l'autre joue lorsqu'il reçoit un soufflet.

 

Son frère Marcel lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Débonnaire, jovial, pas rancunier, avec, en prime, un moral d'acier.

Même si le maire annonçait devant les caméras que son frère perdait la responsabilité du déneigement, Marcel Tremblay est resté impassible, le sourire accroché au visage. Un sourire pâlot, mais un sourire.

Sa déclaration maladroite sur les crampons lui a nui. En janvier, au beau milieu du psychodrame sur les trottoirs glacés, il a suggéré aux Montréalais de s'acheter des crampons. Ça ressemblait à un aveu d'impuissance: Courez chez le premier marchand de crampons venu puisque, nous, à la Ville, sommes incapables de nettoyer les trottoirs.

À part sa gaffe sur les crampons et les nombreux ratés du déneigement, Marcel Tremblay a fait du bon boulot. La ville est plus propre - un dossier qui lui tenait à coeur - et le service 311 fonctionne au quart de tour. C'est d'ailleurs étonnant, pour ne pas dire renversant.

Au lieu de se perdre dans les méandres de la bureaucratie municipale et de rebondir d'un numéro à l'autre, le citoyen qui cherche un renseignement peut désormais signaler le 311.

Un dimanche matin, vers 9h, j'ai appelé le 311. Je voulais savoir si les pistes de ski de fond sur la montagne étaient tracées. Drôlement pointue comme question. Après deux sonneries, une téléphoniste - et non une machine - a répondu. J'ai posé ma question, sceptique comme tout. Une minute plus tard, j'avais ma réponse: oui, les pistes sont tracées. Et c'était vrai. Je n'en revenais pas. Merci, M. Tremblay.

Marcel Tremblay perd donc le déneigement. C'est Luis Miranda, maire d'Anjou, qui en hérite. Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire sur ce joyau de la politique municipale. Luis Miranda aime l'inflation verbale. Il a déjà déclaré, dans un élan de pure démagogie, que les fusions étaient un génocide municipal.

Il ne s'est pas gêné, non plus, pour critiquer Gérald Tremblay. Aujourd'hui, il est revenu dans le giron du maire et il est prêt à boire la soupe dans laquelle il a craché.

Il va donc s'occuper du déneigement, un dossier qui est devenu pratiquement une affaire d'État. M. Miranda est un fan de la décentralisation. Ça commence mal. Le déneigement est un monstre à 19 têtes. Chaque arrondissement a son budget, sa manière, sa recette, ses priorités. Bref, c'est un joyeux bordel. L'automne dernier, le maire a mis un peu d'ordre dans la chose en identifiant 17 axes prioritaires et en prenant sous son aile la gestion des lieux d'élimination de la neige.

Attendons la prochaine tempête.

Gérald Tremblay a donc brassé les cartes. Le comité exécutif passe de huit à douze membres, le maximum permis par la charte. C'est beaucoup, surtout en période d'austérité économique. Et il n'y a que trois femmes.

André Lavallée, responsable du transport et ancien chef du défunt RCM (Rassemblement des citoyens de Montréal), prend du galon et devient vice-président. Une bonne nomination.

Michel Labrecque, passionné du vélo, a été nommé président de la Société de transport de Montréal. Il remplace le terne Claude Trudel. Personne ne va pleurer son départ. En espérant que Labrecque insuffle un peu d'énergie et d'idées neuves à la STM, une organisation assez crispée, merci.

Michael Applebaum, une tête forte qui n'a pas hésité à critiquer son chef, hérite des loisirs. Il remplace Francine Sénécal qui a démissionné l'automne dernier. Il peut difficilement faire pire.

2009 est une année électorale. Gérald Tremblay passe à l'attaque. Il a non seulement revampé son équipe, mais il a aussi réussi à recruter un candidat costaud, Réal Ménard. Député du Bloc québécois, il connaît son territoire par coeur, Hochelaga-Maisonneuve, fief de Vision Montréal depuis 1994. Une bonne prise qui devrait être annoncée sous peu.

Son adversaire a du pain sur la planche. Pendant que Gérald Tremblay recrute, Benoit Labonté, lui, essaie de stopper l'hémorragie à l'intérieur de ses rangs.

Un à zéro pour Gérald Tremblay.

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