Moi, si je devais passer aux Dragons, je tenterais de séduire Caroline Néron et Martin-Luc Archambault avec un projet de sacs à emplettes réutilisables faits à partir de vieilles catalognes et fabriqués par des membres du Cercle des fermières. Ta-dam!

Bon, je déconne et je fais preuve de cynisme. Mais j'avoue que ça me désole de voir que des villes québécoises, dont Montréal, sont en train d'emprunter un virage écologique majeur en contrôlant au maximum la circulation des sacs en plastique, mais qu'elles ont raté le bateau de l'autonomie.

D'où pensez-vous que les milliers de beaux petits sacs réutilisables qui sont offerts gratuitement ou vendus dans les supermarchés, épiceries fines, fruiteries et autres commerces proviennent? De la Chine, bien évidemment.

Ce pays a accaparé, comme pour beaucoup de choses, ce marché qui est en pleine expansion partout dans le monde.

Cette observation, j'ai eu l'occasion de la faire à de nombreuses reprises, depuis le 1er janvier dernier, soit la date d'entrée en vigueur du règlement qui bannit les sacs en plastique légers à Montréal. En passant, sachez que la période de grâce prend fin officiellement demain. Après cela, outre les sacs supérieurs d'une épaisseur à 50 microns et ceux dont on se sert pour emballer les fruits ou la viande, il faudra avoir sur soi un sac réutilisable. Sinon, il faudra en acheter un sur place.

Vous avez dû remarquer comme moi que de nombreux commerces proposent des sacs réutilisables sur lesquels on se garroche parfois en désespoir de cause. On ne veut évidemment pas subir le regard foudroyant des autres clients qui font la queue quand le caissier nous demande : «Voulez-vous un sac en plastique?» Alors, on en achète un pour enrichir son petit musée personnel (j'appelle le mien mon «Smithsonian du sac réutilisable»).

Je vous invite à lire attentivement les étiquettes de ces sacs. Vous découvrirez qu'ils proviennent très majoritairement du pays de monsieur Shipping, ce populaire personnage de l'émission À la semaine prochaine. La Chine nous a clairement signifié récemment qu'elle ne voulait plus trier nos matières recyclables. Mais en retour, elle nous fait parvenir ses sacs par dizaines de milliers. En clair, on veut être écologique, mais on contribue à polluer la planète en stimulant le transport d'une marchandise censée nous aider à être... écologiques. Ça s'appelle tourner en rond.

Il n'y a pas que les consommateurs qui doivent apprendre à vivre avec les soubresauts de ce grand changement. Les distributeurs de sacs prennent difficilement ce virage. Dans la région montréalaise, ils sont une douzaine d'entreprises à proposer des sacs sous différentes formes. Comme les revenus liés à la vente de sacs en plastique ont fondu comme neige au soleil au cours des derniers mois, la plupart de ces distributeurs sont contraints de se tourner vers le fameux «sac chinois», qui offre une marge de profit nettement plus mince.

Malgré ces difficultés, ces fournisseurs demeurent conscients que les sacs de plastique sont néfastes pour l'environnement et sont d'accord avec la philosophie de Recyc-Québec, qui dit que «le meilleur sac est celui qu'on n'utilise pas». Bref, plus vous étirez la durée de vie d'un sac, plus votre geste pour protéger l'environnement est grand.

Maintenant, quel type de sac choisir? En polypropylène? En polyéthylène? En coton? En papier brun? Ces matières, si elles ne sont pas toutes biodégradables ou compostables, demeurent recyclables. Les environnementalistes affirment qu'il faut regarder, entre autres, le lieu où ils sont fabriqués. Bref, il faut apprendre à être un consommateur responsable et tenter de voir clair dans tout cela.

Heureusement que dans ce tumulte, des entrepreneurs audacieux et créatifs ont décidé de prendre les choses en mains. Stéphanie Mandréa et Laurie Barrette ont créé Dans le sac, une entreprise qui propose des produits conçus chez nous. Le coton provient des États-Unis, mais tout le reste (assemblage, design, personnalisation, etc.) est fait au Québec.

C'est sûr qu'un sac réutilisable fabriqué au Québec coûte plus cher. Mais je précise qu'il est souvent plus attrayant, plus à notre image. Justement, tiens, donnons-leur une valeur, à ces sacs réutilisables. Peut-être qu'on voudra les garder plus longtemps et qu'on ne les oubliera pas dans le placard, au fond de la boîte à vieilles bottes.

On songe à bannir bientôt les bouteilles en plastique. Je vais donc m'inscrire dès maintenant à la prochaine saison des Dragons pour leur présenter un concept de bouteilles réutilisables et fabriquées au Québec.

Vous ne connaîtriez pas quelqu'un qui donne des cours de poterie, par hasard?