Régulièrement, Google publie les questions le plus fréquemment soumises dans divers domaines (parentalité, santé, rénovation, etc.). Le moteur de recherche vient de rendre public son palmarès annuel des questions les plus populaires, toutes catégories confondues.

Les chercheurs ont recensé les questions qui commencent par «Comment» ou «How to». Voici donc les 10 problèmes, parmi les plus courants, que rencontrent les internautes au quotidien : 

1) Comment nouer une cravate?

2) Comment embrasser?

3) Comment tomber enceinte?

4) Comment perdre du poids?

5) Comment dessiner?

6) Comment gagner de l'argent?

7) Comment faire des crêpes?

8) Comment écrire une lettre de motivation?

9) Comment faire du pain perdu?

10) Comment perdre le gras du ventre?

Google a pris soin de compiler ces données par pays. Ainsi, on peut découvrir que, parmi tous les objets ou appareils que l'on souhaite réparer (sécheuse, porte, prise de courant, réfrigérateur, etc.), la toilette suscite le plus grand nombre de questions de la part des Canadiens.

Avons-nous des toilettes de mauvaise qualité? Aurions-nous une aversion pour les plombiers? Sommes-nous trop durs avec nos toilettes? Il y a décidément une enquête sérieuse à faire là-dessus.

Difficile de ne pas être perplexe devant cet étonnant et fascinant palmarès. Difficile aussi de ne pas succomber à la tentation de jouer au sociologue quand on voit de tels résultats. Remarquez, je n'ai rien contre ces questions d'ordre pratico-pratique, faut bien réussir le pain perdu.

Ce qui me titille là-dedans, c'est notre dépendance aux moteurs de recherche. Plus moyen d'avoir une discussion entre amis autour d'une table sans que l'un d'eux sorte son téléphone et tape quelques mots-clés afin de répondre à une question restée en suspens.

Nous sommes à l'ère de la réponse-à-tout et de la réponse-tout-de-suite. Nous sommes surtout à l'ère des réponses et des conseils qui se passent des humains.

L'autre jour, je me suis mis à donner des indications à un ami afin qu'il puisse se rendre à un endroit dans l'Ouest-de-l'Île. J'ai eu droit à un solide «Tu me niaises?». Il voulait ainsi me signifier que, dans une telle situation, l'humain n'a plus besoin de l'humain.

Mon ami n'avait pas compris que ce n'était pas autant le trajet que je voulais lui indiquer qu'une forme d'affection que je désirais exprimer à son égard. Le GPS intégré à son portable m'a privé de cela. Je vous avoue que j'ai souhaité intérieurement que son GPS perde le nord et le conduise à Pointe-aux-Trembles plutôt qu'à Pointe-Claire.

Bref, plus besoin du beau-frère pour savoir comment réparer sa toilette, Google est là. Plus besoin de sa meilleure amie pour savoir comment trouver l'amour, Siri est là. Plus besoin de sa mère pour savoir comment réussir le gâteau des anges, Firefox est là.

On est aussi bien de s'y faire avec cette aide numérique grandissante. Au printemps dernier, Google annonçait la fin de l'ère des moteurs de recherche traditionnels. Ceux-ci sont en train de disparaître pour laisser la place à des assistants personnels ultra sophistiqués qui prennent la forme de haut-parleurs intelligents capables de répondre à toutes nos questions, ou presque.

J'ai toutefois quelques interrogations : ces réponses que nous recevrons seront-elles vraiment faites sur mesure pour nous ou émaneront-elles d'intérêts purement commerciaux? Seront-elles là pour nous faciliter la vie ou pour diriger notre consommation? C'est le danger que je flaire.

En attendant d'assister à cette révolution, j'ai tenté de voir le bon côté des choses en m'amusant à soumettre (de manière traditionnelle) quelques questions de mon cru à certains moteurs de recherche.

«Comment bien vieillir?», ai-je demandé. Le premier conseil qui est apparu est : «Faites de l'exercice.» Je n'y avais pas pensé avant.

«Comment trouver la paix intérieure?», ai-je ensuite soumis. «En ayant un esprit ouvert», m'a-t-on dit. Renversant comme conseil.

J'ai soumis la question qui, à mon avis, devrait apparaître au sommet de tous les palmarès : «Comment faire taire Donald Trump?» Bizarrement, aucune solution n'est apparue.

Finalement, j'ai demandé : «Comment un homme peut avoir des orgasmes à répétition?» Croyez-le ou non, toutes les réponses obtenues concernaient les femmes.

Les moteurs de recherche ont leurs limites, j'en étais sûr. Ça m'a rassuré. L'être humain a encore un rôle à jouer.