Montréal ne mérite pas son titre de «ville cool» pour rien. Les exemples de concepts créatifs qui célèbrent la belle saison (quand elle daigne se pointer le bout du nez) et qui, surtout, créent des rapprochements entre les citoyens se multiplient.

Le dernier en date est un espace de travail partagé qui sera bientôt créé à l'extérieur, dans le quartier du Mile End, près du Champ des possibles, à l'angle des rues Bernard et De Gaspé. L'idée vient d'un groupe de jeunes entrepreneurs à la tête d'un OBNL (Îlot 84) qui ont envie d'offrir aux travailleurs un endroit pour échanger et fraterniser. Et aussi, disons-le, pour faire la fête.

Appelé Aire commune, cet espace de 4800 pieds carrés sera entièrement financé par des commanditaires privés. Sa réalisation, assurée par la firme (en)effet, coûtera environ 80 000 $. Aire commune sera accessible du 17 août au 16 septembre.

Les entrepreneurs, mais aussi les citoyens, pourront s'y rencontrer, assister à des conférences, y tenir des réunions dans des salles aménagées dans d'anciens conteneurs ou prendre part à des 5 à 7 thématiques. On offrira également la chance aux entreprises de présenter leurs services.

Montréal compte de plus en plus d'espaces de travail partagé (coworking space). Celui du Café Crew, installé dans l'ancienne Banque Royale de la rue Saint-Jacques, a beaucoup fait parler de lui. Il est considéré comme l'un des plus beaux au monde. Et c'est très vrai.

Ce concept est résolument de son temps et répond à des besoins bien actuels.

Ces lieux donnent l'occasion aux travailleurs autonomes de briser la solitude dans laquelle ils sont plongés au quotidien. Ils permettent aussi aux entrepreneurs de faire partager des expériences et même de créer des alliances.

Le projet Aire commune a ceci de particulier qu'il sera à l'extérieur et sera éphémère (on souhaite toutefois le ramener l'été prochain). On assiste depuis quelque temps à une prolifération de lieux semblables dans la métropole. Ils ont souvent la même signature, c'est-à-dire que leur conception se veut écologique et légère.

Les «haltes fraîcheur» ou «placotoirs» se sont multipliés dans la ville, notamment dans le Plateau. Depuis le début de l'été, on a vu pousser des lieux équipés de bancs et même de jets d'eau pour permettre aux passants de se rafraîchir et de faire une pause.

Profitant de la tendance du place making, on retrouve de plus en plus de «villages éphémères» qui dynamisent des endroits qui en avaient bien besoin. Je pense aux Jardins Gamelin (partenariat du Quartier des spectacles) et au Village au Pied-du-Courant (La Pépinière), lieu incontournable pour ceux qui veulent faire des découvertes musicales de toutes sortes.

C'est d'ailleurs à La Pépinière que l'on doit la présence du place making à Montréal. Ce collectif qui rassemble des gens de différents horizons s'est inspiré de plusieurs tendances pour répondre aux trois critères de ce qu'on appelle l'urbanisme tactique (tactical urbanism) : lighter, quicker, cheaper.

«Cette tendance est née du fait que l'on trouvait que les projets urbains étaient trop longs à faire, coûtaient trop cher et étaient loin de la réalité des citoyens. Cette forme d'appropriation de la ville peut être faite par les citoyens», dit Jérôme Glad, de La Pépinière.

Non seulement elle peut être faite, mais encore je crois qu'elle «doit être faite» par les citoyens. Cela n'enlève évidemment rien au rôle des urbanistes et des architectes, qui demeurent essentiels au bon développement d'une ville. Mais il faut que des citoyens qui ont des connaissances en design ou en architecture et qui sont capables de créativité arrivent avec des idées comme celles que nous voyons naître à Montréal depuis trois ou quatre ans.

J'ai entendu toutes sortes de commentaires au sujet de ces concepts. «Ça fait macramé-granola! Ça enlève des espaces de stationnement! On devrait s'occuper des rues au lieu de faire ça!»

Je ne fais pas partie de ces détracteurs. J'adore le côté champignon de ces lieux : ils naissent au début de l'été et transforment la ville, lui confèrent une personnalité qu'elle n'a pas durant l'hiver. J'aime surtout l'idée que ces endroits contribuent à casser l'anonymat, à faire tomber la distance entre les gens.

Je souhaite plus de lieux comme ceux-là. Ils font des Montréalais une foule sentimentale. Vous savez, celle qui a soif d'idéal!

Aire commune, du 17 août au 16 septembre