Normalement, quand on offre un cadeau d'anniversaire à quelqu'un, on le lui remet le jour de sa fête. Montréal et ses citoyens ne recevront pas tous les cadeaux promis l'an prochain à l'occasion du 375anniversaire de la métropole. Plusieurs projets prévus dans le cadre de cet événement sont touchés par des retards ou des reports. Voilà une situation qui mettra davantage à rude épreuve la patience des citoyens.

C'est la conseillère de Projet Montréal dans Côte-des-Neiges, Magda Popeanu, qui a attiré l'attention des membres du conseil municipal sur cet aspect lors de la séance de lundi. Devant les nombreux reports, elle a littéralement demandé de repousser les festivités à 2022 ou à 2042. Mon collègue Pierre-André Normandin, qui assistait à la réunion, a rapporté ces faits dans un article publié hier. J'ai voulu en savoir plus sur les projets qui sont touchés. Voici le portrait de la situation.

Projet de la place Jacques-Cartier

Après un bras de fer qui a duré plusieurs mois entre l'administration Coderre et les restaurateurs de cet endroit (ils ne veulent rien savoir de ce réaménagement qui va les forcer à déménager leurs terrasses au centre de la place), la Ville a annoncé qu'elle remettait ce projet aux calendes grecques, car elle n'aurait reçu qu'une seule soumission, qui aurait été jugée trop élevée.

Réaménagement du square Viger

Des négociations entre la Ville et le ministère des Transports du Québec sur des aspects techniques ont mis les travaux en veilleuse. La première étape des travaux devait être terminée en octobre. Elle est reportée à l'hiver prochain. La réouverture du square Viger, prévue pour le printemps 2017, aura-t-elle lieu ? Rien n'est moins sûr.

Projet de réfection de la rue Sainte-Catherine

Au départ, les travaux de réaménagement de la plus importante artère commerciale de Montréal devaient commencer en 2016. Puis, ils ont été reportés à 2017. Mais afin d'éviter des répercussions négatives sur les commerçants pendant la période des Fêtes, ils auront finalement lieu en 2018.

Projet de transformation du Biodôme

On devait fermer les portes du Biodôme le 5 septembre dernier pour amorcer d'importants travaux de transformation en Espace pour la vie. Il restera ouvert jusqu'en janvier 2018. Ainsi en a décidé le maire Coderre après avoir été informé que les coûts exigés par les trois soumissionnaires dépassaient les évaluations des gestionnaires du projet.

Projet de l'île Sainte-Hélène

Annoncé en grande pompe, le projet de réaménagement de l'île Sainte-Hélène accuse un an de retard. Les travaux, qui comprennent notamment la construction d'un amphithéâtre extérieur de 65 000 places, devaient être faits en 2017 et en 2018. On verra finalement le résultat en 2019.

Projet de la place Boyer à Rosemont

Le projet de transformation d'un terrain de stationnement en espace vert appelé place Boyer est reporté à 2019. Des travaux qui auront lieu dans la rue Saint-Hubert en 2018 et dans l'avenue Christophe-Colomb en 2020 vont créer un manque d'espaces de stationnement. Cette place devra donc attendre avant de devenir verte.

Qu'en est-il des projets de l'autoroute Bonaventure, du bain portuaire, du terminal de croisières, du recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, de la place Vauquelin, de la promenade Fleuve-Montagne et des dizaines de projets qui font plus ou moins partie de la liste officielle du legs du 375e anniversaire ? On ne le sait pas trop. Projet Montréal demande d'ailleurs à l'administration Coderre de présenter un rapport trimestriel sur l'avancement de ces importantes réalisations.

J'aurais bien aimé vous présenter les explications du maire, mais son entourage ignore mes nombreuses demandes de renseignements (quatre demandes en neuf jours).

Je crois que j'aurais plus de chances d'obtenir des informations sur ces retards en téléphonant à la tribune téléphonique de l'émission J'ai une question M. le maire diffusée à LCN.

Si on repousse certains de ces projets pour éviter des factures trop élevées aux contribuables, c'est bien. Mais si on repousse certains de ces projets parce qu'ils sont mal gérés, qu'on le dise. Si on fait face à un trop grand nombre de projets d'infrastructure en même temps, qu'on le dise aussi. À neuf mois de la date anniversaire, il serait temps de faire le point et la lumière sur l'ensemble de ces réalisations.

Les Montréalais ont passé leur été dans un gigantesque chantier de construction. C'était d'une telle ampleur que certains ont été tentés d'aller acheter un casque de sécurité. Pour se donner du courage, ils se sont répété que tout cela était pour le mieux et qu'ils allaient bientôt être récompensés. Ils ont aussi expliqué aux parents et amis venus les visiter que cette situation était inhabituelle et que ce bordel allait prendre fin (en grande partie) à temps pour le 375anniversaire.

Que vont-ils dire à leurs parents et amis l'été prochain ? Vont-ils déserter la métropole et lui préférer la tranquillité et la quiétude d'un chalet ou d'une autre ville ? Vont-ils vivre l'été 2017 et ceux de 2018, 2019 et 2020 en compagnie de millions de cônes orange ?

La patience a des limites. L'envie de fêter aussi.