Quel labyrinthe.

Ou devrais-je parler de fouillis, de méli-mélo, d'un lacis indémêlable combinant conventions collectives, bouts de loi spéciale, confusion générale, incompréhension...

Je ne vois pas comment cette rentrée scolaire pourrait se faire autrement que dans le chaos, après les grèves du printemps et le couperet de la loi spéciale (78) qui a tout laissé en suspension, dans les airs, comme ces images sportives à la télé que l'on fige d'un coup de télécommande.

Mais peut-être ai-je trop peu confiance en l'élasticité (inertie?) du système. Peut-être que tout finira par s'arranger, par trouver sa place, parce qu'il y a assez de gens de bonne volonté prêts à dénouer l'indénouable...

J'aimerais toutefois ne pas avoir cette impression qu'une fois les conditions de travail des professeurs clarifiées, les heures supplémentaires payées, les classes augmentées, les horaires condensés, bref, une fois la solution raboutée, on aura tous une bonne facture bien solide, nous les contribuables, pendant au bout du nez.

La facture de cette grève déclenchée par les étudiants, la facture de leur intransigeance, la facture de l'incapacité du gouvernement à régler cette crise à temps afin qu'arrête le dérapage.

Fallait-il vraiment faire tout ça pour lancer un message politique aux jeunes? Et quel message au juste?

Le prix est lourd, non?

Soupir.

«D'habitude, on voit son fils devenir un homme à la maison. Moi, j'ai vu ce jeune garçon devenir un homme à la télé.»

C'est le père de Léo Bureau-Blouin, Marcel Blouin, qui a dit ça, hier, à Monique Muise de The Gazette. Son fils était à côté de Pauline Marois, chef du Parti québécois, pour annoncer officiellement sa candidature dans Laval-des-Rapides et confirmer ainsi le scoop de notre intarissable collègue Denis Lessard.

Quelle phrase touchante qui en dit long sur ce conflit de l'ère numérique.

La vie en direct, au bulletin d'information. L'idéaliste qui amorce une longue marche vers la sphère politicienne, avec tous ses compromis, sous nos yeux.

Le Parti québécois a fait un beau jeu en allant chercher ce jeune allumé et charismatique, ancien président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), figure de proue de la crise étudiante, phase 1.

Les adversaires diront qu'il a été récupéré ou utilisé ou je ne sais quoi. Normal, ils sont jaloux. Qu'on soit d'accord avec les positions prises par la FECQ durant les derniers mois ou pas, on ne peut que saluer l'intelligence et la cohérence de ce leader au talent naturel. Nous avons tous hâte de voir quels acteurs du même calibre, avec autant de potentiel mobilisateur, les autres partis seront capables de recruter, en commençant par le Parti libéral, qui a déjà été celui des jeunes et des rêves, celui de la Révolution tranquille...

La semaine prochaine, on apprendra probablement qu'il y aura des élections au Québec et le conflit étudiant, qui était à l'origine un débat de société non partisan, ne pourra faire autrement que prendre un virage politique.

Cela ne veut pas dire que tous les opposants à la loi spéciale et à la hausse des droits vont se ranger en bloc du côté du Parti québécois.

Mais croyez-vous que cette rentrée qui s'annonce si complexe se fera sur le ton du compromis ou de l'affrontement, dans un tel contexte?

Croyez-vous qu'on va discuter ou qu'on va s'invectiver?

La candidature de Léo Bureau-Blouin n'a étonné personne. Ce conflit a été politisé depuis le début par un gouvernement convaincu qu'il y avait plus à gagner du point de vue électoral par une prise de position intransigeante que par une attitude de compromis.

Ce sont les étudiants qui ont parti le bal et l'ont alimenté, mais c'est le gouvernement qui a choisi de gérer la crise pour nous mener là où on est. C'est-à-dire devant une rentrée d'une complexité angoissante pour les étudiants et bien des professeurs, devant une fin d'été polarisée, politisée, facturée et fracturée.