Si tout se passe comme le veulent les propriétaires de la Maison Tendance de Beaconsfield, les démolisseurs pourront raser cette demeure historique dès le début juin.

Le permis de détruire de ce pavillon de bois construit à la fin des années 50 dans le cadre d'un programme d'architecture expérimentale pancanadien a été délivré.

Tout ce qu'on attend, maintenant, c'est que le projet de remplacement pour le grand terrain faisant face au lac soit accepté par la Ville. D'abord par le Comité consultatif d'urbanisme. Puis par le conseil municipal.

Déprimant?

Totalement.

Lorsque j'ai demandé à un responsable de l'administration de Beaconsfield si le nouveau projet avait quoi que ce soit d'innovateur, d'architecturalement créatif, quoi que ce soit qui reprend le flambeau audacieux et visionnaire du bâtiment menacé, il a répondu tout de go «pas du tout».

On parle plutôt de construire un bungalow, «pas du tout dans le même style».

Bref, d'une maison peut-être jolie, peut-être ordinaire, probablement quelque part entre les deux mais surtout pas marquante. Et c'est ça qui est le plus déprimant dans cette histoire d'avril, mois du gris et de la «slush» qui tombe du ciel directement prémélangée: on détruit du «wow» pour le remplacer par du «bof».

Il est encore possible que les choses changent, car le Comité d'urbanisme a demandé des modifications aux plans préliminaires présentés par les propriétaires du terrain. Et tant que le projet pour la nouvelle demeure unifamiliale n'a pas été accepté, le permis de démolition ne peut être activé.

Mais êtes-vous optimiste, vous?

Moi, il m'est difficile d'être optimiste en ce mois frisquet qui refuse de jouer franchement au printemps. Et il m'est difficile de croire que les élus et les responsables de Beaconsfield auront l'audace de trouver une porte de sortie respectueuse du patrimoine et honorable pour tout le monde dans cette histoire. Tout comme j'ai de la difficulté à m'enthousiasmer autant que les gens de la station CJAD pour un autre dossier municipal: ce projet-pilote de vente de légumes dans l'arrondissement de Ville-Marie.

Interrogé par la station de radio au sujet de l'interdiction de la cuisine de rue à Montréal, le porte-parole de l'arrondissement a en effet confié qu'un projet-pilote de kiosques de rue pour la vente de nourriture était en marche. Mais en fait, m'a-t-on précisé, on parle de comptoirs de produits frais, surtout des légumes. En gros, m'a expliqué Jacques-Alain Lavallée, porte-parole de l'arrondissement, on veut multiplier les comptoirs de vente comme ce petit marché installé aux Habitations Jeanne-Mance, boulevard De Maisonneuve, à la fin de l'été dernier. «Les sites sont à identifier», a-t-il ajouté.

Parle-t-on de prêt-à-manger comme à Portland ou San Francisco, où on peut acheter un bol de soupe thaï, des dumplings coréens, de la salade d'algues ou des crêpes Suzette en plein air, au coin de la rue? Pas du tout.

Le projet, totalement différent, vise plutôt à rapprocher les légumes des citoyens dans des quartiers où les vendeurs de primeurs se font rares.

L'idée est excellente.

Mais on est loin des schnitzels ambulants ou du laksa à la sortie du métro.

Cela va sûrement décevoir plus de 900 fans (la dernière fois que j'ai regardé) de la nouvelle page Facebook demandant la légalisation de la «bouffe de rue à Montréal», qui espèrent voir un jour notre métropole accueillir une culture de l'alimentation en plein air aussi dynamique qu'elle l'est actuellement dans tant de grandes villes partout au monde.

Parlant de groupes Facebook et de Montréal: l'an dernier, des citoyens de Notre-Dame-de-Grâce, quartier montréalais et circonscription électorale qui a le plus haut taux de vote vert aux élections provinciales, ont lancé une pétition demandant l'installation de stations BIXI dans leur quartier, un des rares encore totalement privés de ces vélos municipaux.

Hier, appel à la Ville, chez BIXI, à l'arrondissement... «Alors, vous allez en installer des stations BIXI ou pas?»

Réponse: on ne vous le dit pas.

Je vous assure, j'ai dérangé beaucoup de gens et tout le monde m'a donné la même réponse. Même le conseiller municipal Peter McQueen de Projet Montréal n'a pas été en mesure de me dire clairement s'il y aurait des BIXI cette année à NDG ou pas. Utile pour le citoyen amateur de vélo qui se demande ce qui se passe autour de lui...

«On n'a pas l'impression d'être traités comme des citoyens de Montréal», remarque James McLean, un des pilotes de la pétition, qui n'a pas été capable d'avoir une réponse lui non plus. «Pour être honnête, je ne sais plus trop à qui m'adresser...»

M. McLean a présenté sa pétition et ses mille signatures au maire de l'arrondissement, Michael Applebaum. «Mais on ne dirait pas qu'il y a beaucoup de volonté politique pour trouver une solution... Il y a pourtant tellement de cyclistes à NDG. Mais ça n'a pas l'air du tout de préoccuper le maire.»

Quant aux gens chez BIXI, ils disent que «la semaine prochaine» on devrait en savoir plus.

Bravo encore pour la clarté et la transparence.