Entendons-nous: j'adore l'hiver.

J'adore la neige et la folle douceur du cocon froid. J'adore le blanc poudre d'une tempête. J'adore la chaleur que la saison nous ressert en délicieux contraste.

Le bogue, c'est notre incompétence saisonnière. Que, en 2010, on puisse encore laisser l'hiver nous surprendre les culottes de ski à terre me laisse pantoise. Derrière la métropole nord-américaine qui se targue de sa futuriste ville souterraine se cache, on dirait, décembre après décembre, un éternel mauvais remake de Maria Chapdelaine.

La neige nous bloque, nous paralyse, nous fait râler.

Entre les voitures mal chaussées, les craintes mal mesurées, les trottoirs mal déblayés, les gens mal informés, on a l'air d'une bande de débutants en baskets dans la sloche, pas de tuque, pas de mitaines.

Sommes-nous résidants d'une ville nordique ou une bande d'ados à qui il faut répéter que le climat ne fait pas partie des choses contre lesquelles on peut se rebeller?

Meilleures méthodes de déneigement, protocoles tempête dans les entreprises (y compris des concepts aussi variés que télétravail, covoiturage ou subventions aux transports en commun), pistes de ski de fond, architecture mieux adaptée... Il doit y avoir moyen de faire mieux.

Évidemment, direz-vous, il faut faire les choses une à la fois. Et il est par exemple formidable que, après des décennies de déni, les fabricants de chaussures soient enfin, enfin capables de produire et de mettre en marché des bottes d'hiver à la fois chaudes et imperméables et cool.

Mais justement voilà, c'est fait. On a nos Canada Goose sur le dos, nos bottes La Canadienne aux pieds, nos bonnets de hipster en fourrure recyclée.

Maintenant, peut-on parler de brancher les cellulaires dans le métro pour qu'on ait envie de le prendre? Ou trouver une façon d'empêcher les déneigeurs privés d'ensevelir les trottoirs?