Quand le Belge Stefaan Engels s'est fait offrir par son commanditaire de venir courir à Montréal dans le cadre de son projet d'accomplir un marathon par jour pendant un an, il a regardé les cartes de météo.

«Montréal en août me semblait parfait, m'a-t-il expliqué hier, au parc La Fontaine, avant de démarrer son 209e marathon. Environ 25° en moyenne. Idéal.»

Jamais il ne s'est douté qu'il tomberait en pleine canicule.

Marathon Man, comme il aime se faire appeler, trouve ça difficile. Et pas juste parce qu'il doit boire 8 L d'eau par course.

«La chaleur est dure. Quand je cours, je sens l'asphalte chaud sous mes pieds. Je suis vraiment fatigué.» Une chance que Montréal lui offre des steaks dont il se régale depuis son arrivée. «J'ai faim tout le temps. Je mange comme deux personnes normales.»

Engels s'attend à de la chaleur au Mexique, la prochaine étape de sa folle entreprise, où en plus il aura droit au contraste de l'altitude et à la pollution de Mexico. Mais ici? Au Canada? Pays nordique? Non, il n'avait pas prévu. «En fait, ce qui nous surprend, c'est l'humidité», explique sa compagne et agente, Petra Sap. «Je ne sais pas pour vous, mais nous, on a l'impression d'être sous les tropiques.»

C'est apparemment la troisième fois que Montréal voit une canicule de ce genre à la fin d'août et au début de septembre, affirme René Héroux, météorologue à Environnement Canada, qui précise que les frasques contrastées du temps sont l'une des caractéristiques de notre climat.

Il y en a eu une en 1953, puis en 1973. Mais ce qui est particulier, cette fois, c'est que non seulement il fait plus de 30° depuis dimanche - avec une légère baisse hier -, mais la température ne diminue pas beaucoup durant la nuit.

Marathon Man, d'ailleurs, n'a même pas pensé à changer son horaire de course pour s'adapter à la météo et profiter des périodes plus fraîches de l'aurore ou de la soirée.

«J'ai déjà donné rendez-vous ici à d'autres coureurs, en après-midi», explique-t-il. Et de toute façon, courir au petit matin, même quand il fait encore frais, n'est pas une option. Son horaire de vie préféré? L'espagnol. Où on court tard, on mange tard et on se couche tard.

Si vous faites partie de la bande qui, comme Engels, s'entraîne pour le marathon de Montréal dimanche (ou le demi-marathon ou le 10 km ou le 5 km), rassurez-vous cependant. Il paraît que la température va chuter. Pas aujourd'hui. Mais quelque part d'ici à demain. Apparemment, on va enfin pouvoir monter un escalier (ou faire une brassée de lavage ou couper des haricots) sans dégouliner comme les ciels indiens à la mousson.

En attendant, coureurs, prenez ça mollo.

Ce n'est pas une raison de stopper l'entraînement. Mais on peut en diminuer l'intensité.

Et si la chaleur intense fait fondre votre motivation, dites-vous que Monsieur Marathon, lui, ne s'est pas laissé arrêter.