Si les Français sont de bons dormeurs et les Japonais sont friands de télévision, les Canadiens demeurent doués pour le bonheur. Un ambitieux travail de l'OCDE, salué par les sociologues, permet d'établir des liens entre le tissu social des divers pays à travers les petites et grandes choses de la vie. Bienvenue au jeu des comparaisons où le Canada fait fort belle figure.

Vous connaissez mon affection pour la Scandinavie et les pays nordiques. Pour leur design, la «Nordic Cuisine», la très grande civilité de ces sociétés, leur intelligence. Et pour le hygge, ce mot danois qui parle de ce besoin qu'ont les gens du Nord de se retrouver entre proches autour d'un café ou d'une øl (bière), avec beaucoup de chandelles, quand la lumière dehors se fait rare et la pluie grasse.

Eh bien! ce n'est pas le dernier rapport de l'OCDE sur les tendances sociales qui va me faire changer d'avis. Le document est imbibé de la réussite humaine de ces pays que rien n'arrête, fût-ce le froid, le manque de lumière ou toutes ces contraintes géographiques et démographiques qui, au Québec, nous pétrifient trop souvent.

Prenez par exemple l'essentiel. Le bonheur. Ou la satisfaction face à la vie puisque c'est ainsi qu'en parle le rapport, cette capacité d'apprécier ce qu'on a plutôt que de passer son temps à rêver d'une plus grosse auto ou d'un troisième écran plasma. Devinez dans quel pays les gens sont les plus sereins face à leur vie?

Oui, c'est au Danemark.

Encore une fois - ce sont toujours les Danois qui gagnent le concours du bonheur - le pays de Hamlet - étrange quand même - est au sommet de l'échelle, côté bonheur/satisfaction de la vie, suivi de la Finlande, des Pays-Bas (pays du Nord mais non nordique) et puis de la Norvège.

Et le Canada? Il est en huitième place, ce qui n'est pas mal du tout, puisqu'il est au même niveau que la Suède et avant les États-Unis.

Mais sommes-nous le «plus meilleur pays» du monde, comme l'a déjà dit l'ONU? Pas selon ce document.

Ce bonheur, il va de pair avec une mesure de civilité: la quantité de temps libres, de loisirs qu'ont les citoyens, même s'ils travaillent.

Qui a le plus de temps libre chez les pays de l'OCDE? Des Scandinaves. Les Norvégiens, cette fois, qui triomphent avec leurs 7470 heures de loisirs par année, suivis de près par les Néerlandais (voisins du nord de l'Europe), suivis des Danois et des Suédois. Les derniers de la liste? Les Américains.

Tout ça n'est pas anodin, sachant que plus on a de temps résiduel, donc non consacré au travail, plus on a de chances d'être heureux (toujours selon le rapport). Remarquez, le temps de loisir est aussi en lien avec le revenu national, donc, direz-vous, ce sont les riches qui ont du temps de loisir et qui sont donc heureux. Nuance: il faut, toujours selon le rapport, un mélange de richesse et d'égalité sociale pour que la recette du bonheur fonctionne à plein.

Autre qualité norvégienne: c'est dans ce pays que l'écart entre la quantité de temps de loisir des hommes et celui des femmes est le plus petit. Les Norvégiens ont plus de temps de loisir que les Norvégiennes, mais la différence est de moins de 10 minutes par jour, en moyenne, une nuance anecdotique, note le rapport.

En Italie, en revanche, pour marquer le contraste, les hommes ont en moyenne 1h20 de plus de loisirs par jour que les femmes, puisque les femmes ont plus d'activités de travail non rémunérées (et vous vous doutez bien qu'activité de travail non rémunéré rime pas mal plus avec lavage, cuisine, ménage, etc. qu'avec aller au spa ou lire dans son bain.)

Par contre, les Italiens, avec les Japonais, les Néo-Zélandais et les Français (grands champions du temps passé à table et à dormir), sont dans le peloton de tête des pays où l'on passe le plus de temps à manger et à boire.

Si c'est ça ne pas être champion du bonheur, ça va aussi.