Julie Couillard a finalement vendu SA robe.

Oui, cette robe-là.

La BCBG ultra décolletée et au motif paisley marron et bleu ciel qu'elle a portée à la prestation de serment du cabinet conservateur le jour où elle accompagnait Maxime Bernier. Celle qui lui a valu une place à la une de dizaines de journaux dans le monde quand la controverse entourant sa liaison avec l'ex-ministre, ses liens passés avec des motards et tout le reste s'est mise à gicler.

Bye-bye la robe. Vendue.

 

Elle ne lui appartient plus.

Bon débarras.

Je ne suis pas du genre à croire que les objets portent malchance, mais cette robe-là, on ne peut pas dire qu'elle ait été associée à grand-chose de bon dans la vie de Mme Couillard.

Même sa mise en vente aux enchères, mardi, pour amasser de l'argent au profit de la recherche contre l'épilepsie, s'est avérée une sorte de bizarre tragicomédie.

Je vous raconte.

Il faut dire, d'abord, qu'il était très tard - 23h bien sonnées - quand la vente de la robe a finalement été lancée dans le cadre d'une soirée au profit de la fondation Charles-Guindon. Une bonne partie des 250 invités avaient déjà quitté la salle et plusieurs autres lots avaient déjà été vendus à l'encan. Des maillots du Canadien signés par des joueurs, un magnum d'un grand cru, le bâton de Kovalev... Pas mal d'argent, donc, avait déjà été dépensé.

C'est dans ces circonstances, disons, fatiguées, que la vente de la robe a démarré en demandant 1000$ comme prix de départ.

«Mille dooooolars, qui dit mieux», a vociféré l'animateur de l'encan.

«Mille, mille dollars, mille do-o-o-o-laaaaars! ...»

Il a continué sa routine pendant des minutes qui ont semblé interminables car personne, personne ne misait.

Pas un chat.

Finalement, l'encanteur a dit ce qu'il faut dire dans ce temps-là: «Faites-moi une offre.»

- Cinquante dollars, a répondu quelqu'un.

- Ah ben là! 200$! a rétorqué une autre personne, visiblement insultée de la première somme avancée.

Les enchères se sont ensuite poursuivies et lentement, tranquillement, plutôt péniblement, les mises ont remonté jusqu'à 1000$. Et c'est à ce prix que la robe a finalement été vendue.

À qui?

À Lucie Morin, une gynécologue de Sainte-Justine, mariée avec le neurologue Lionel Carmant, président de la fondation Charles-Guindon pour laquelle la soirée avait lieu.

«Je l'ai achetée pour la cause», m'a expliqué la Dre Morin quand je lui ai demandé ce qui l'avait décidée à offrir la mise finale. (Mme Morin n'a pas l'intention de la porter) «Je ne voulais pas que la soirée se termine en queue de poisson.»

Julie Couillard a avoué, après ce dur moment, qu'elle était déçue. Qu'elle aurait aimé avoir 5000$ pour la robe et 150 000$ pour la soirée. Finalement, elle s'en est sortie avec un chèque total de 31 250$.

Mais rapidement, elle a tenu à montrer qu'elle savait garder la tête haute, quoi qu'il en soit. Premier événement. Première campagne de financement pour la fondation. Beaucoup de visibilité pour l'épilepsie... Son discours était plein d'entrain. «Et je suis vraiment contente que la robe ait été vendue à une femme», a-t-elle lancé aux journalistes venus entendre ses impressions.

Pourquoi? «Parce que ce qui s'est passé avec cette robe est la preuve que le sexisme est encore bien en vie et que c'est seulement de la rectitude politique de dire que nous sommes égaux entre hommes et femmes. Nous ne le sommes pas... C'est encore un monde d'hommes.»

Quand je lui ai demandé de préciser sa pensée, elle m'a répondu tout de go: «Penses-tu que tout ça serait arrivé (je présume qu'elle parlait de toute la controverse autour de sa relation avec Maxime Bernier) si j'avais pesé 500 livres, mesuré 4 pieds et été couverte de boutons? Come on. T'es une femme. Tu sais ce que je veux dire.»

Il était environ minuit et demi quand Mme Couillard a quitté l'hôtel. Quelques minutes plus tard, la guigne la frappait encore.

Quelqu'un - elle n'a pas voulu me dire qui - a en effet alors écrit à l'agence de communication qui s'occupait de l'événement pour dire qu'il offrait 10 000$ pour la robe, malgré la fermeture des enchères. Un homme d'affaires montréalais, m'a-t-on affirmé quand j'ai appelé les membres de l'organisation de l'événement pour confirmer le tout hier matin. «Oui, il y a bel et bien eu une offre», m'a-t-on assuré. Tout le monde avait l'air hyper joyeux, en commençant par Mme Couillard, qui ne connaissait cependant pas encore l'identité de cet acheteur tardif.

Rendu là, la nouvelle de ce revirement inespéré était déjà sur l'internet et se baladait dans la ville.

Lorsque j'ai retéléphoné à Mme Couillard en après-midi pour savoir qui, finalement, avait acheté la robe pour 10 000$, elle était furax. «C'était une mauvaise blague, m'a-t-elle dit. Un farceur de très mauvais goût.»

Impossible d'avoir plus de détails sur ce dernier croc-en-jambe: «Je veux me concentrer sur le positif et je ne veux pas donner de l'importance à ce farceur...»

Elle commence à bien connaître les médias, Mme Couillard, parce qu'elle allait dire un gros mot et s'est retenue. «Cette personne devra vivre avec sa conscience.»

Bref, c'est toujours la Dre Morin qui a la robe.

Et si j'étais à sa place, je me dépêcherais de la mettre sur eBay.