Maintenant que les élections américaines, fédérales et provinciales sont réglées, que la gouverneure générale a appuyé sur «pause» pour suspendre jusqu'en janvier la crise parlementaire, nous avons enfin un peu de temps pour cet autre débat crucial: le sapin de Noël, vrai ou faux?

Saviez-vous que, depuis quelques années, certains pro-faux essaient de nous convaincre de tomber dans l'artificiel et de rejeter les vrais sapins?

 

Moi pas. Probablement parce que, pro-sapin naturel convaincue, je ne voulais pas l'entendre.

Mais ces discussions ont bel et bien cours et ont même donné lieu à une nouvelle étude complexe, très bien expliquée par mon collègue Karim Benessaieh, qui vient conforter les pro-naturel: une plante, c'est mieux qu'une créature de plastique venue de Chine.

Ceux qui essayaient de se justifier d'avoir choisi un sapin artificiel en arguant le transport, l'engrais et je ne sais quoi ont perdu.

Peut-être que le journaliste Malcolm Gladwell nous rappellerait ici, comme il l'écrit dans son livre Blink, que l'instinct est souvent tout aussi efficace pour répondre à ce type de question qu'une analyse hyper-complexe bourrée d'information longue à récolter et à digérer. Et que, dans ce cas, la réponse à «plante locale ou plastique importé?» est évidente.

Peu importe. La réponse est là et en béton. Du béton bio.

Évidemment, les pro-artificiel pourront dire que cette étude ne touche que l'impact environnemental de l'acquisition et de la mise aux déchets de l'arbre en question et qu'elle ne parle pas de ce qui se passe entre ces deux moments.

L'étude ne mentionne pas, par exemple, la question de l'électricité dépensée par l'aspirateur pour ramasser les épines naturelles avant, pendant et après l'installation de l'arbre et lors de sa sortie de la maison. Et une analyse écolo-féministe soulèverait aussi probablement les questions d'équité posées par ce nettoyage d'épines et l'épongeage de l'eau renversée chaque fois qu'il faut arroser l'arbre. Sans parler du ménage de l'auto et du perron...

Mais même le surplus de nettoyage occasionné par les arbres naturels ne réussit pas à me faire pencher du côté des sapins artificiels.

Je sais, je sais, ma grand-mère Laurette en avait de tout petits, tout blancs et argentés, super-faux, qu'elle décorait de chocolats déguisés en boules de Noël et qu'elle posait sur la table des enfants, dans son sous-sol éclairé au néon. Tout pour rendre un enfant heureux et laisser des souvenirs indélébiles au goût de noisette.

Sauf que voilà. C'était les années 70. Tino Rossi vivait encore et Nixon aussi. Ça vous dit à quel point le monde a changé.

Tellement que même les sapins naturels ne sont plus ce qu'ils étaient. On dirait qu'aujourd'hui, on les nourrit aux stéroïdes pour en faire des monstres de verdure. Qu'on les a transformés génétiquement pour les faire ressembler, paradoxalement, à des faux, parfaitement fournis et symétriques et séduisants comme des accros au Nautilus Plus.

Bref, les sapins naturels n'ont plus l'air réellement naturels.

Quand j'étais enfant, les arbres naturels étaient différents. Ils étaient maigrichons, avec des branches réellement horizontales, dégagées.

J'ai retrouvé ces créatures dans le nord de l'Europe, en Scandinavie notamment, où on allume de vraies bougies dans le sapin à Noël.

Oui, de vraies bougies, avec une vraie flamme de vrai feu, posées sur des bougeoirs spéciaux qu'on accroche aux branches les plus costaudes.

Pour des raisons évidentes - le danger d'incendie -, on ne les allume pas souvent et pas longtemps. Juste pendant quelques minutes, le temps de danser en rond autour de l'arbre et de chanter un peu.

Je l'ai vu deux fois, deux arbres illuminés ainsi, et c'est spectaculaire.

Pour que ça fonctionne, il faut que les branches soient si peu nombreuses que l'arbre soit à la limite du riquiqui.

Oui, riquiqui. Justement, c'est ça qui est joli.

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