Des films, des disques, des livres et des pièces de théâtre de théâtre qui ont marqué la dernière année de la décennie.

Il pleuvait des oiseaux, de Louise Archambault

Louise Archambault a le don, dans ses scénarios et ses mises en scène, d’atteindre les notes justes dans l’émotion. Son adaptation du roman de Jocelyne Saucier, extrêmement subtile, regorge de scènes d’une grande vérité. Les acteurs que la réalisatrice de Gabrielle a réunis sont au sommet de leur art. Gilbert Sicotte et Rémy Girard forment un duo d’ermites formidable. Andrée Lachapelle, dans son dernier rôle, est splendide, lumineuse, incandescente.

La mort des étoiles, des Sœurs Boulay

IMAGE FOURNIE PAR GROSSE BOÎTE

Pochette de l’album La mort des étoiles, des sœurs Boulay

Les chansons de ce troisième album, très joli et enveloppant, ont pour la première fois été entièrement écrites et composées par Mélanie et Stéphanie Boulay. Elles semblent chercher la lumière dans des textes parfois sombres. Il est toujours question de déception amoureuse, mais aussi de maternité. On retrouve les mélodies efficaces et les harmonies vocales qui sont la signature des sœurs Boulay, mais une signature un peu moins folk et plus dense, avec des orchestrations de cordes et de cuivres, de la guitare classique et du piano, ainsi qu’une influence rétro seventies qui rappelle autant Beau Dommage que Fleetwood Mac.

Extrait de La mort des étoiles, des sœurs Boulay

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Paul à la maison, de Michel Rabagliati

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Couverture du livre Paul à la maison, de Michel Rabagliati

En 2012, Paul est auteur de bandes dessinées et lance un nouvel ouvrage au Salon du livre de Montréal. Sa fille s’apprête à partir vivre en Angleterre, il s’est séparé après 30 ans de vie commune avec Lucie et sa mère est malade. Il est en pleine crise existentielle. Paul à la maison traite du deuil et de la solitude, du temps qui passe et des liens familiaux qui se délitent. C’est un livre beaucoup plus sombre que ce à quoi nous a habitués Rabagliati, même si on retrouve les mêmes traits d’humour doux-amer qui ont marqué sa série. C’est nostalgique, parfois cynique, et plus touchant que jamais.

Zéro, de Mani Soleymanlou

PHOTO JEAN-FRANÇOIS HÉTU, FOURNIE PAR ORANGE NOYÉE

Zéro, de Mani Soleymanlou

Post-scriptum d’une série de spectacles sur l’identité et premier solo de Mani Soleymanlou depuis Un  – auquel il fait des clins d’œil, notamment dans la scénographie –, Zéro est tissé de brillants apartés autour de l’histoire du père de Soleymanlou, qui lui a raconté il y a un an les véritables motifs de leur départ d’Iran en 1983. Il y a quantité d’images fortes dans ce texte puissant, corrosif et frontal, voguant habilement entre le comique et le dramatique, le pamphlet sans gants blancs et la chronique familiale émouvante.

Garde-fou, de Mat Vezio

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Pochette de l’album Garde-fou, de Mat Vezio

Ma découverte musicale de l’année : le rock atmosphérique, hypnotique, psychédélique du deuxième album de Mat Vezio. Des voix en chœur et en échos, tantôt harmonieuses, tantôt dissonantes, des guitares planantes, des couches superposées de cordes et de cuivres, riches et mélodiques, des accents beatlesques, folk ou encore country. Et une authentique recherche d’originalité sonore, à la Klô Pelgag, Philippe Brach ou Timber Timbre.

Extrait de Marjorie de Matt Vezio

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Lignes de fuite, de Catherine Chabot

PHOTO VALÉRIE REMISE, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE D’AUJOURD’HUI

Lamia Benhacine, Léane Labrèche-Dor et Catherine Chabot dans Lignes de fuite

Une soirée entre amies du secondaire de Québec, désormais trentenaires, tourne au vinaigre lorsqu’elles se disent leurs quatre vérités. Leurs visions de la société québécoise, de la maternité et du célibat, de la gauche et de la droite, de Montréal et des « régions », des générations X et Y, du snobisme et de l’anti-intellectualisme, s’entrechoquent. Les relations toxiques, amicales et amoureuses, passent au tordeur. Catherine Chabot propose une fine observation de sujets lourds, avec un humour grinçant et énormément d’autodérision.

Répertoire des villes disparues, de Denis Côté

Un jeune homme perd la vie en voiture dans un village en perdition de 215 habitants. Accident, suicide ? On n’ose en parler. Mais bientôt, des spectres apparaissent dans le village. Le 11e long métrage de Denis Côté, présenté en compétition à Berlin, a une parenté avec Les affamés de Robin Aubert, dans le regard posé sur l’étranger, que l’on redoute, dont on a peur, qu’on ne veut pas voir. Autant la femme voilée que le fantôme. Dans son style distinctif, et son minimalisme habituel, avec l’humour noir qu’on lui connaît, Côté s’intéresse à l’époque, à la xénophobie et au repli identitaire.

Wave, de Patrick Watson

IMAGE FOURNIE PAR SECRET CITY RECORDS

Pochette de l’album Wave de Patrick Watson

On se laisse porter et bercer par cette musique mélancolique et cinématographique, qui évoque le souvenir de John Lennon, période Double Fantasy. Et on renoue avec bonheur avec le falsetto distinctif de Patrick Watson, qui se prête à de jolis textes intimistes, inspirés par la perte et le renouveau. Lors de la création de l’album, Watson a perdu sa mère et s’est séparé de la mère de ses enfants. Après avoir littéralement perdu la voix, il est reparti à zéro. « Just like starting over »…

Extrait de Here Comes the River, de Patrick Watson

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Matthias et Maxime, de Xavier Dolan

Une œuvre tout en retenue, d’une rare sensibilité, sur l’identité, l’amitié et les tourments de l’amour. Un film plus doux, plus mélancolique, plus sublimé que la plupart des longs métrages précédents de Xavier Dolan. On retrouve des thèmes de prédilection (les amours de jeunesse, le rapport mère-fils) de Dolan dans son film le plus intimiste, qui fait l’économie des coups d’éclat et de l’esbroufe. Ce que le cinéaste de 30 ans perd en fulgurance, il le gagne en fluidité, en cohérence et en maturité.

Première apparition, de Laurence-Anne

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Pochette de l’album Première apparition, de Laurence-Anne

Avec ses musiques faites de guitares lancinantes et de bruitages originaux, Laurence-Anne (Charest Gagné) séduit avec un premier album très inspiré, réalisé quasi par surprise, dans un tourbillon de création et d’inspiration. Elle était troisième de la cuvée 2017 des Francouvertes en 2017, derrière la lauréate Lydia Képinski, avec laquelle elle a un air de famille, et Les Louanges. C’est ce qu’on appelle une bonne cuvée.

Extrait d’Instant zéro, de Laurence-Anne

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