C'est vrai que c'est un «petit» Woody, To Rome With Love. Sans la fantaisie du précédent Midnight in Paris ou la fougue de Vicky Cristina Barcelona, toujours dans son cycle «cartes postales européennes».

Mais un film de Woody Allen qui donne envie de voyager et de manger des spaghettis, ce n'est pas rien. Mieux que bien des navets qu'on tente de nous faire passer pour des oeuvres d'art. Disons que To Rome With Love est un entremets, décousu, paresseux, fait par-dessus la jambe, avec quelques idées tout à fait séduisantes. Pas assez pour être mémorable, soit, mais bien assez pour passer un bon moment.

Aveu: j'aime Woody Allen d'un amour inconditionnel parce qu'il me fait rire comme peu de gens en sont capables. Même lorsque la plupart de ses dialogues semblent surtout servir de prétexte à une enfilade de répliques savoureuses.

C'est bien le cas de To Rome With Love, qui s'éparpille et se perd dans les venelles de la capitale italienne avant d'aboutir dans un cul-de-sac scénaristique. Tout en escamotant le principal sujet, pourtant riche, qu'il aborde de front: la célébrité (titre de l'un de ses films précédents), le rapport tordu à la célébrité et la vacuité de cette célébrité, de plus en plus instantanée.

L'occasion de tourner en dérision toutes ces nymphettes «célèbres parce qu'elles sont célèbres» (à la Paris Hilton ou Kim Kardashian). De se moquer de ceux et celles qui sont fascinés par ces «célébrités» sans raison valable. Et de tendre un miroir aux médias qui relaient leur moindre quinte de toux comme s'il s'agissait d'une nouvelle d'intérêt public. Il y avait là matière à aller bien plus loin. Woody ne l'a pas fait. Dommage.

Mais quel chapelet de répliques! À un jeune architecte (Jesse Eisenberg) déçu de la tournure de son aventure avec une actrice poseuse et délurée (Ellen Page), son «mentor» (Alec Baldwin), se faisant philosophe, dit: «Au moins, tu ne t'es pas retrouvé avec un paquet de bébés birmans!» (traduction libre du chroniqueur).

Brad Pitt et Angelina Jolie ne sont évidemment pas les premiers à passer au tordeur allenien. Plusieurs des répliques les plus caustiques de Woody se retrouvent d'ailleurs dans un recueil tout à fait ludique, imaginé par l'auteur français Vincent Mirabel (L'histoire du cinéma pour les nuls). Intitulé Les 200 répliques les plus vaches du cinéma, ce mini-livre grand comme une poche est en vente au Québec aux Éditions First.

Vincent Mirabel, qui est journaliste et professeur de cinéma, est aussi l'auteur des 200 répliques cultes du cinéma et des 200 répliques les plus drôles du cinéma. Bref, ce cinéphile qui aime bien s'amuser a de la suite dans les idées. Sa nouvelle collection rassemble quelques-unes des vannes les plus cinglantes de l'histoire du cinéma.

«Vous êtes journaliste, je le sens. [...] Permettez-moi d'ouvrir la fenêtre!», dit Carole Lombard à Fredric March dans La joyeuse suicidée de William Wellman (1937). «Vous devez être avocat. Vous dégagez quelque chose de malin et d'inutile», dit encore Julia Roberts à sa première rencontre avec le personnage de Richard Gere dans Pretty Woman de Garry Marshall (1990).

Par ordre chronologique, alternant entre films très connus et oeuvres plus obscures, Vincent Mirabel a déterré avec plaisir, sans prétention aucune, plusieurs «vacheries» mémorables du septième art. Et ce plaisir se traduit au lecteur. «Ce que cet acteur a fait subir à Shakespeare, les nazis sont en train de le faire à la Pologne!», déclare Jack Benny en parlant du personnage incarné par Felix Bressart dans To Be or Not to Be d'Ernst Lubitsch (1942).

Il y en a de tous les genres et de toutes les longueurs, des plus corrosives aux moins subtiles. Le cinéma québécois est représenté par un seul dialogue - trop long à reproduire ici - du succès populaire Bon Cop, Bad Cop, à propos d'Angelina Jolie (encore elle!).

Origine de l'auteur oblige, la majorité des films cités sont français. «Quand on vous regarde, on n'imagine pas le papillon, mais on distingue parfaitement la larve», dit Laurent Labasse à Jean-Pierre Mocky, dans son film Vidange (1998). «Les prix, c'est comme les hémorroïdes. N'importe quel trou du cul finit par en avoir», déclare l'éditeur de l'auteure qu'incarne Charlotte Rampling dans Swimming Pool (2003) de François Ozon. «Elle ressemble pas vraiment à Charlize Theron... ou alors dans Monster!», lance Samy Sehgir à son ami, à propos de la soeur de ce dernier, dans Neuilly sa mère (2009) de Gabriel Julien-Laferrière.

«Oui, c'est ça, pleure! Tu pisseras moins!», tonne Tsilla Chelton, la reine des vacheries dans Tatie Danielle d'Étienne Chatilliez (1990), en reconnaissant que la fille de son interlocutrice est gentille, certes, «mais qu'est-ce qu'elle est laide!» Et comment oublier Jean-Pierre Bacri, dans Kennedy et moi de Sam Karmann (1999), qui déclare à son psy: «Je rêvais d'un fils unique et j'ai eu deux imbéciles.» Avant d'ajouter que de les voir grandir le met mal à l'aise, «comme porter un pull de laine à même la peau»...

Que de belles vacheries, pour une courte lecture sympathique, qui fait sourire comme un petit film de Woody Allen.