Les chiffres ont parlé. Pas moins de 524 334 beaux dollars ont été amassés dans la cagnotte d'À vos marques... Party! pendant le premier week-end d'exploitation. Indiscutablement, les enfants et préados se sont rués dans les salles. Il est à prévoir que, congé pascal et temps moche aidant, la fréquentation soit de la même tenue au cours des prochains jours.

Je ne reviendrai pas sur les qualités cinématographiques, plutôt faibles à mon sens, de cette inoffensive bluette sentimentale conçue pour séduire un public déjà très ciblé. Mais j'avoue que l'ardeur avec laquelle les tout jeunes spectateurs défendent le film de Frédérik D'Amours m'étonne un peu.

Il ressort en effet des commentaires publics lus sur les différents sites Web spécialisés que le sentiment nationaliste compte pour beaucoup dans la popularité du film. Le fait que cette production ait été élaborée au Québec avec des vedettes d'ici suscite un véritable élan d'enthousiasme dans les chaumières. À telle enseigne que surgit même parfois cette formule que l'on croyait à jamais révolue : «Pour un film québécois, c'est très bon». Que les Arcand, Girard, Vallée et Bélanger de ce monde se le tiennent pour dit!

Sachons quand même reconnaître le flair des artisans qui y ont cru. Ils ont en tout cas su inventer un marché local pour un genre de produit qui, aux États-Unis, pourrait être dévolu à Hillary Duff, Mandy Moore ou autres jumelles Olsen. Ils ont aussi pu bénéficier d'une attention médiatique bien supérieure à celle qu'obtiennent leurs modèles américains.

Comme le Québec offre peu de longs métrages dans une année, du moins quand on compare au nombre effarant de films que produit le géant hollywoodien, chaque sortie crée forcément l'événement. Et entraîne inévitablement à sa suite un battage publicitaire qui, dans ce cas-ci, a clairement avantagé le film dans lequel Alexandre Despatie fait ses débuts de comédien.

Des films comme How to Deal, A Cinderella Story ou New York Minute ont trouvé leur jeune public malgré la quasi indifférence des grands médias. À vos marques... Party! fut en revanche très exposé, y compris face à la critique, laquelle n'a eue, c'est normal, aucune espèce d'incidence sur la carrière présumée du film. Au bout du compte, cette stratégie s'est révélée gagnante. Cela dit, je persiste à croire qu'en parlant d'un «film d'ados», on a peut-être créé, en fin de compte, un malentendu. L'âge réel du public visé serait en effet beaucoup plus jeune.

Ainsi, ceux qui ont vraiment atteint l'âge de l'adolescence iront plutôt revoir 300 pour la énième fois, et ils se précipiteront ce week-end dans les salles qui présenteront Grindhouse, même si le film est classé 16 ans et plus. Parce que c'est ben plus cool.

Il est par ailleurs assez amusant de constater aussi que sur les 245 commentaires recensés hier sur le site cinemamontreal.com, 206 provenaient de filles et à peine 32 de gars. Je vous laisse le soin de ranger vous-même À vos marques... Party! dans la catégorie des «chick flicks pour préados» si le coeur vous en dit; moi je ne m'en mêle plus. J'ai déjà assez de mes problèmes de vieux malcommode.

Parlons un peu cinéma

Les habitudes de fréquentation sont tellement bien ancrées dans les esprits que plusieurs cinéphiles semblent oublier que le Cinéma du Parc propose désormais du cinéma accessible à la clientèle francophone. Il est bon de le rappeler car certains spectateurs m'ont fait part de leur déception en constatant que la copie de Romanzo criminale présentée au Quartier latin était en version doublée française. Or, une copie en version italienne sous-titrée en français est aussi exploitée à Montréal. Elle occupe l'un des écrans du Cinéma du Parc. Sachez-le.

Et puisque nous parlons de ces salles dont Roland Smith assure désormais la programmation, les admirateurs du cinéma de David Lynch seront heureux d'apprendre que Inland Empire prendra l'affiche au Cinéma du Parc le 4 mai. L'ami Cassivi, qui a vu le film à New York un peu plus tôt cette année, a parlé d'un «délire cauchemardesque de près de trois heures qui ferait passer Mulholland Drive pour de la peinture à numéros conventionnelle». Ça promet...