Après deux années sans subventions, le Festival des films du monde rentre dans les bonnes grâces de Téléfilm Canada. Une entente doit être conclue aujourd'hui entre le festival montréalais et l'organisme fédéral, a déclaré hier à La Presse la vice-présidente du FFM, Danièle Cauchard.

«Ça va être réglé dans les prochaines 48 heures. On s'attend à recevoir environ 230 000 $», a précisé Mme Cauchard. Le FFM, qui a également retrouvé cette année les faveurs de la Société de développement des entreprises culturelles (220 000 $), avait été boycotté par les deux principaux organismes subventionnaires en 2005 et 2006. «C'est en train de se régler», confirme la porte-parole de Téléfilm Canada, Jeanine Basile.

Voilà qui devrait mettre un terme à la longue dispute opposant Serge Losique à l'agence fédérale, et rassurer de nombreux employés du FFM qui n'ont pas été payés depuis la fin du festival, le 3 septembre. Au moins un employé du Festival des films du monde a porté plainte en début de semaine à la Commission des normes du travail pour non-paiement de son salaire. Et plusieurs de ses collègues sont en colère.

Le 31 août, la direction du FFM a demandé à ses quelque 70 employés de ne pas encaisser leurs chèques de paie, faute de provisions. Depuis, de nombreux employés restent sans nouvelles de la direction. La plupart sinon la totalité des employés temporaires du FFM (une cinquantaine de personnes) n'ont pas été payés pour leurs deux semaines de travail au festival. Et de nombreux employés «permanents» (une vingtaine de personnes travaillant environ trois mois par année au FFM) n'ont pas été rémunérés pour des périodes variant de deux à cinq semaines de travail.

«À l'interne, la situation n'a jamais été pire, explique un employé de longue date qui a requis l'anonymat. Il s'agit d'un événement carton-pâte. Il y a eu une embellie au niveau de la programmation, mais la direction pratique la politique de l'autruche. Elle est complètement coupée de la réalité de ses employés.»

La frustration des employés du FFM semble généralisée. «Je ne retournerai certainement pas travailler au festival l'an prochain», déclare une autre employée «permanente». Après des semaines de demandes insistantes, elle a été payée rétroactivement il y a quelques jours pour quatre semaines de travail. «Il a fallu que je me rende sur place parce qu'on ne répondait pas à mes appels. On me doit encore une paie de deux semaines. Je compte bien la réclamer», dit-elle.

Cette employée se dit particulièrement outrée par la manière dont les dirigeants du festival ont géré la situation. «Ils ont totalement manqué de respect et de professionnalisme, dit-elle. Ils n'ont même pas pris la peine de nous appeler pour s'excuser des chèques sans provisions. Ils auraient pu au moins nous envoyer un courriel. Je n'ai jamais vu des employeurs avoir aussi peu de considération pour leurs employés.»

Danièle Cauchard comprend les doléances des employés du festival, qui forment selon elle «une équipe fidèle et fantastique». «On a dû les faire patienter parce que ç'a été plus long que prévu, dit-elle. On devrait pouvoir les payer d'ici deux semaines. Recevoir les subventions un mois après le festival, ce n'est pas idéal. Nous avons peut-être sous-estimé le temps que ça prendrait pour que tout soit finalisé. Avec Téléfilm, ç'a été beaucoup plus compliqué que prévu.»