Furieusement bien écrits, délicieusement cyniques et hyper punchés, les épisodes de la série Sexe à New York ont brillé de mille et une qualités étincelantes. Comme un diamant ciselé avec précision et exposé dans la vitrine de chez Tiffany's, sur la 5e Avenue.

En moins de 45 minutes, Carrie, Miranda, Charlotte et Samantha y parlaient crûment de sexe, versaient une larme, se posaient des questions existentielles, se tapaient sur les cuisses, alignaient les Cosmos et claquaient leurs escarpins vertigineux sur les trottoirs de Manhattan, toujours à la recherche d'un mari, d'un amant ou du prince charmant.

Maintenant catapultées sur grand écran, les quatre quadragénaires, qui ont toutes mis le grappin sur un jules, nous amusent-elles autant? Oui et non. Oui, car le film de 2 h 20 renferme des répliques percutantes, quelques scènes burlesques hilarantes et une orgie de marques prestigieuses.

Et non, car les dialogues ont été nettoyés de leur côté sulfureux originel. Par exemple, pour éviter de prononcer le mot «sexe» devant Lily, la fille de Charlotte, Miranda demandera à ses copines combien de fois par semaine elles «colorient». Réponse de Carrie: Big dépasse souvent des lignes quand il utilise son crayon. Subtil, non? On se croirait dans C.A.

Malheureusement, des moments superflus ponctuent le long métrage, dont l'escapade mexicaine, que Carrie passe dans un (Mexi) coma. Ne me demandez d'expliquer pourquoi. Vous m'en voudriez à mort.

Et impossible de rater la très peu subtile apparition de l'iPhone, glissé entre les mains manucurées de Samantha Jones. Mais, bon: Sex and the City existerait-il sans cet étalage de luxe inaccessible? Bien sûr que non. Les Christian Lacroix, Vivienne Westwood, Christian Dior, Diane Von Furstenberg, Louis Vuitton, Oscar de la Renta et même ce bon vieux Starbucks accaparent autant d'espace que nos héroïnes en talons aiguilles.

Cette «glamourisation» à l'extrême serait-elle un pied de nez à tous les curés verts qui nous implorent de vermicomposter nos retailles de patates? Si oui, c'est joliment réussi.

Pendant le premier tiers du film, j'ai souri de bonheur en renouant avec les ex-célibataires de New York. C'était comme croquer dans un cupcake moelleux, glacé au chocolat et saupoudré d'étoiles en bonbon. L'ouverture, avec l'indicatif original refait par une puissance section de cuivres, coupe le souffle. Tout comme les tenues extravagantes des actrices, leurs immenses chapeaux et leur bling-bling scintillant.

Puis, un fil se brise entre Steve et Miranda, tandis que la relation entre Big et Carrie s'effiloche. À la télé, les filles auraient reprisé ces déchirures le temps d'engouffrer un brunch. Pas au cinéma, où la moindre chicane, la moindre saute d'humeur et le moindre écueil personnel prennent des proportions exagérées. Assez pour qu'on ne reconnaisse plus les personnalités si bien définies des quatre copines.

Du lot, c'est Charlotte et Samantha qui ont le plus changé. Et pas nécessairement pour le mieux. Le scénariste Michael Patrick King a énormément «matantisé» Charlotte, dont les sourires béats, la pudeur exacerbée et la démarche de canard frôlent la caricature. Quant à Samantha-la-tigresse, exilée à Los Angeles, eh bien, mettons que Smith Jerrod a bien réussi à dompter son légendaire appétit sexuel. Vous comprendrez avec l'apparition de Dante, un voisin exhibitionniste, confiant et assoiffé de sexe. Bref, un Samantha au masculin.

Les fans de la première heure adoreront Sex and the City, qui offre un divertissement de qualité. En cherchant des poux, je dirais qu'il manque au film la profondeur et la vivacité de la série télé. Au cinéma, ce que les filles perdent en esprit, elles le gagnent en accessoires gigantesques. Et heureusement, le superficiel côtoie l'intellectuel, alors que les protagonistes dissertent autant sur Voltaire, Diane Arbus, Napoléon que Carolina Herrera.

Reste que selon moi, quand il est question de sexe (à New York), mieux vaut une petite vite intense qu'une séance un peu trop longue.

Le piège américain se referme

Ce week-end, Le piège américain a ajouté des recettes de 73 091 $ à son box-office qui atteint maintenant 325 457 $. Personne ne l'admettra publiquement, mais c'est très peu pour un film sur lequel Fabienne Larouche et Michel Trudeau misaient beaucoup et qui a bénéficié d'une lourde machine de promotion.

J'ai vu le film vendredi après-midi, en compagnie d'une quinzaine de personnes dans une salle du Quartier latin. Je n'ai pas détesté, ni adoré ce Syriana québécois. C'est, comment dire, correct. Sans plus.

Le scénario nous bringuebale dans trop de directions (le FLQ? JFK? Guy Favreau?) pour que l'on puisse suivre adéquatement le fil conducteur. Et on se lasse rapidement d'essayer de démêler ce ballot de ficelles. Qui a vendu Rivard aux douaniers? Pourquoi personne n'a démasqué le flic véreux (Colm Feore)? Pourquoi Lee Harvey Oswald a-t-il visé directement JFK, plutôt que la voiture, comme c'était prévu? A-t-il seulement eu le temps de tirer?

Sous quels ordres Jack Ruby a-t-il flingué Oswald par la suite? Et, la plus grande question d'entre toutes, quel rôle a vraiment joué Lucien Rivard (excellent Rémy Girard) dans ce complot compliqué? Pas clair.

Dans cet ambitieux projet, Fabienne Larouche et Michel Trudeau, qui ont écrit et produit Le piège américain, auraient gagné à mieux expliquer qui fricotait avec qui, au lieu de lancer des noms à tout vent. En sortant du cinéma, j'avais la tête bourrée de points d'interrogation. Si c'était le but de l'opération Rivard, c'est mission accomplie.