Enfoncé dans une énorme banquette, Brad Pitt picore du pad thaï, sirote un cocktail et rigole depuis une grosse demi-heure avec Mark Ruffalo et deux super amazones inconnues - probablement des relationnistes.

Impeccablement coiffé, comme toujours, Brad porte une chemise blanche (il a retiré sa cravate) et un costard foncé. Aucun gorille ne protège la star, hyper relax et cool. Voilà une bonne demi-heure que j'espionne Brad de façon peu discrète, attendant qu'il drague une jolie midinette ou qu'il s'écroule par terre comme Lazare dans Les filles de Caleb, mais rien de louche à signaler. Angelina Jolie peut dormir sur ses deux lèvres, euh, sur ses deux oreilles.

Vendredi soir, c'est ici, au chic resto Spice Route, rue King Ouest, que le wattage hollywoodien a brillé le plus fort. L'occasion? Une sauterie très privée pour la sortie du film Burn After Reading. Tiens, voilà Frances McDormand et son mari, Joel Coen, qui plongent tête première dans le buffet asiatico-fusion. Comme le titrerait sans doute le magazine Star: les vedettes, elles sont comme nous, elles s'empiffrent!

Dans le jardin extérieur, Jeremy Piven, escorté par deux mannequins filiformes, tirait de longues touches de son gigantesque cigare. Quelques mètres plus loin, je zyeute John Malkovich ainsi que la splendide et translucide Tilda Swinton, étendue façon Cléopâtre sur un sofa blanc. Je m'approche peu discrètement (encore) et attends que cette actrice formidable se lève. Wow! Avec ses talons, elle fait plus de six pieds. Une collègue torontoise me chuchote à l'oreille: «Je veux être Tilda Swinton.» Tellement.

Quoi? Le souriant Gerard Butler n'avale que de l'eau? Impossible pour un Écossais. Utiliserait-il la technique Lindsay Lohan, qui consiste à mettre de la vodka dans une bouteille Évian? En retrait, Adrien Brody joue son meilleur rôle, celui de l'acteur torturé et détestable. Coupez!

Trois flûtes de champagne, deux gin tonics et six cafés plus tôt, j'ai posé mes Converse signés John Varvatos au quartier général des stations CTV et MuchMusic, rue Queen West, où Puff Daddy - ou Puffy ou P. Diddy, choisissez -, ouvrait les festivités. Veuve Clicquot pour tout le monde! Comment refuser?

Près du tapis rouge, j'ai aperçu Sophia Bush, de la série One Tree Hill, le basketteur Steve Nash, Justin Trudeau et Sophie Grégoire, les jumeaux Dean et Dan de la griffe DSquared, une fille de Nip/Tuck (Kelly Carlson), des médaillés olympiques et la distribution de Degrassi (sans Joey Jeremiah, par contre). Rien pour écrire à sa mère.

Et où se cache la DJ Samantha Ronson, embauchée pour égayer cette faune très BCBG? Pas encore arrivée. Dommage. Accompagne-t-elle sa copine Lindsay Lohan au Ultra Supper Club, quelques rues plus loin? Mystère.

Allez, ouste! Je saute dans un taxi, direction Muzik, un entrepôt/discothèque/hangar ou a lieu la fête du grand patron de Virgin, l'excentrique Richard Branson. Faune: riche et un brin ennuyeuse. Moment bizarre: Richard Branson, excité comme une puce, qui atterrit sur scène au son de Eye of the Tiger. Ordinaire.

Facteur cool: la comédienne Kate Hudson, drapée dans une magnifique robe rouge pétant, et la top modèle Petra Nemcova, qui placotent à quelques mètres devant moi. Malheureusement, Peter, Bjorn & John enterrent leur discussion. Potin, ici: ex-copine de James Blunt, Petra Nemcova a été grièvement blessée dans le tsunami qui a ravagé l'Asie du Sud-Est en décembre 2004.

Prochain party: au luxueux Soho Metropolitan Hotel, où se déroule une réception pour le documentaire musical It Might Get Loud de David Guggenheim. Les relationnistes s'impatientent: oui, les rockeurs Jack White, Jimmy Page et The Edge arrivent dans, hmm, cinq minutes. Une heure plus tard, aucun signe de vie du trio. Beu-bye.

Jeudi soir, pour le coup d'envoi des festivités, tout le gratin canado-hollywoodien picolait sur le toit du très branché hôtel Drake, rue Queen West. Encore ici, la ségrégation règne (à quand un remake de La case de l'Once Tom?). Au rez-de-chaussée, la classe bétail n'accueille que les pique-assiettes et les acteurs de série Z, qui s'épivardent en buvant de la Stella gratis. Vite, passons en classe élite, lovée dans un écrin au deuxième étage. Problème. Un autre gorille à oreillette barre le précieux passage vers la jet-set.

Après une demi-heure d'argumentation bidon (you know, La Presse is very big!), j'ai finalement pu respirer le même air - collant et humide - que le réalisateur Fernando Meirelles (City of God, The Constant Gardener), Atom Egoyan et Piers Handling, le grand manitou du Festival de Toronto. Quelques mètres plus loin, François Girard bavardait avec Niv Fichman, le producteur de Silk, qui a également financé Blindness, dans lequel Julianne Moore et Mark Ruffalo tiennent la vedette. Également croisée: la brillante Caroline Dhavernas, qui rayonnait au milieu de cette étrange foule alcoolisée.

Comme vous le voyez, le chemin vers Brad a été suintant, gluant et, je l'avoue, bien amusant. Que voulez-vous, il en faut des valeureux reporters prêts à tout pour que le public ait droit à une information précise et de qualité. Alors, je le dépose où, mon futur prix Pulitzer?