Les politiciens se désolent que la population soit aussi cynique. Ils se demandent pourquoi les gens ne s'intéressent pas davantage à la campagne électorale, au débat des chefs de mardi, à la politique de façon générale et à leurs idées en particulier.

La population, elle, se demande comment les politiciens peuvent poser autant de questions idiotes, choisir des slogans aussi peu inspirés, diffuser des publicités aussi ridicules et dénoncer le parti pris libéral (?!!) de Tout le monde en parle.

Le cynisme est à mon sens la seule façon d'envisager la politique sans sombrer dans la dépression. Les politiciens, qui aimeraient parfois passer pour fleur bleue, seraient les premiers à le reconnaître, si d'aventure ils arrivaient à reconnaître quoi que ce soit.

Pourquoi près de 40% de l'électorat risque de ne pas voter le 8 décembre? Chacun a son avis plus ou moins éclairé sur la question. Voici le mien, pas du tout original: le gouvernement Harper est toujours minoritaire, Jean Charest est trop content d'être en campagne, Mario Dumont sera à Dieu merci! demain, chacun des discours de Pauline Marois commence par «Québécoises et Québécois» et Québec solidaire recrute chez les communistes.

Il n'y a pas que la population qui désespère de la politique. Les politiciens eux-mêmes désespèrent de la politique. C'est rassurant. Le politicien est un humain qui parle machinalement aux Québécoises et aux Québécois. Mais c'est un humain malgré tout.
Le documentaire Chers électeurs de Manuel Foglia, à l'affiche depuis hier, s'intéresse aux hauts et aux bas, aux petites victoires et aux grandes déceptions, aux ambitions affichées et à la fragile humanité de deux politiciens: le député péquiste Daniel Turp, et la députée libérale Charlotte L'Écuyer.

Deux politiciens aux antipodes l'un de l'autre - Daniel Turp est député de la minuscule circonscription urbaine de Mercier; Charlotte L'Écuyer de l'énorme circonscription rurale de Pontiac -, qui se rejoignent dans la candeur de leur engagement, la désillusion face à la rigidité du processus parlementaire et la persévérance de leur action politique (tous deux sont candidats aux prochaines élections).

Manuel Foglia, qui a signé en janvier Paroles et liberté, sur la vie de Pierre Bourgault, a suivi les deux députés pas à pas pendant presque quatre ans, de 2003 à 2006. De l'année de leur entrée en politique à la veille des élections générales de 2007. Dans leur circonscription, sur la route et à l'Assemblée nationale.

Le regard qu'il pose sur ses sujets reste détaché, même si l'on perçoit dans sa démarche une réelle affection pour ses personnages. Une affection que l'on ne peut toutefois confondre avec de la complaisance. Chers électeurs, au final une oeuvre tragicomique, évite aussi l'écueil de la condescendance, même si les députés n'y sont pas toujours présentés sous leur meilleur jour.

Daniel Turp, venu du milieu universitaire, y apparaît comme un idéaliste naïf, ambitieux mais sincère, dont l'enthousiasme excessif s'exprime souvent de manière maladroite. Charlotte L'Écuyer, comme une simple députée pragmatique mais sans prérogatives, laissée-pour-compte par son propre parti.

Le premier est essentiellement animé par l'espoir de voir le Québec devenir indépendant. La seconde, par le désir de faire valoir les droits de ses électeurs, de sauver leurs emplois et à faire construire une route sécuritaire dans sa région (son mari est mort dans un accident de voiture).

Chers électeurs, document brouillon, bringuebalant, mais pertinent, présente l'envers de la médaille des campagnes surmédiatisées, policées et réglées au quart de tour des chefs de partis. Le porte-à-porte humiliant, les rencontres avec des électeurs mécontents, les heures passées dans le bureau de circonscription à écouter les doléances de tout un chacun. Les votes à l'Assemblée nationale à toute heure du jour, les longs trajets vers la capitale, la solitude.
La vie de député ne fait pas rêver. Daniel Turp s'endort soudainement, dans un autobus, en parlant à la caméra de Foglia. Charlotte L'Écuyer signe des cartes de Noël en écoutant d'une oreille distraite les débats de l'Assemblée nationale. Turp plante un arbre devant une résidence pour personnes âgées. Charlotte L'Écuyer court les tournois de golf corporatifs.

C'est une vie épuisante, lassante, faite de frustrations, de compromis et d'une absence désespérante de pouvoir. Mais une vie à laquelle tiennent ces deux politiciens, pour toutes sortes de raisons, bonnes et mauvaises.

Chers électeurs, à la fois drôle et désespérant, de manière toute naturelle, pas du tout forcée, rend moins cynique. Ce sont les politiciens qui vont être contents.

Une étoile est née

Twilight, une romance adolescente mettent en vedette un beau vampire «végétarien», fera un malheur au box-office. Et pas seulement parce que la série de livres qui a inspiré le film a connu un succès monstre (s'cusez-la). C'est diablement efficace, quoiqu'un peu cheapo dans les effets spéciaux, et bien joué. Rachelle Lefevre, la jeune actrice montréalaise dont tout le monde parle (elle sera chez Guy A. Lepage demain soir), y tient un petit rôle intriguant. Mais c'est Kristen Stewart, vue dans Into the Wild de Sean Penn, qui vole la vedette. Cette actrice de 18 ans crève l'écran. Elle a de la graine de Jodie Foster. J'ai hâte de voir où le cinéma la mènera.