Je persiste à croire que Tom Cruise est un bon acteur. Si, si. Plus jeune, il parvenait à donner le change à des monstres sacrés: Paul Newman (The Color of Money), Dustin Hoffman (Rain Man), ou Jack Nicholson (A Few Good Men). Des films comme Born on the Fourth of July, Jerry Maguire ou Collateral, sans oublier sa participation saisissante dans Magnolia, ont confirmé que l'homme au sourire éclatant disposait d'un vrai registre.

Mais je sais que vous ne l'aimez pas. Que vous ne l'aimez plus. Trop de controverses, trop de rumeurs, trop de scientologie, trop de folles déclarations, trop de «steppettes», trop de dents. Depuis longtemps, la vedette a pris le pas sur l'acteur.

Quoi qu'il fasse, quoi qu'il choisisse, Cruise ne peut désormais plus s'effacer derrière le personnage qu'il joue, à part, bien entendu, les fois où il peut se cacher sous un déguisement. Son numéro étonnant dans Tropic Thunder est plutôt révélateur à cet égard.

Pratiquement absent des écrans depuis Mission: Impossible 3, sorti il y a deux ans et demi (doit-on vraiment tenir compte de Lions for Lambs?), Cruise assure ces jours-ci le service après-vente de Valkyrie, un film à suspense sur l'assassinat raté d'Adolf Hitler par des résistants infiltrés dans son état-major.

Élaborée dans un climat de controverse (les Allemands voyaient d'un très mauvais oeil un scientologue notoire se glisser dans la peau du colonel Claus von Stauffenberg, un héros national), la luxueuse production, réalisée par Bryan Singer, est destinée à un public planétaire, pour qui cette histoire de tentative d'assassinat reste pratiquement inédite.

Ce faisant, les personnages, dont plusieurs sont campés par des acteurs allemands, s'expriment en anglais. Singer indique en outre avoir réglé le problème des accents en demandant aux acteurs d'utiliser leur langage naturel, estimant que de fausses inflexions auraient pu faire distraction. Un choix discutable à mon avis. Mais nous aurons l'occasion de revenir sur cet aspect quand le film prendra l'affiche la semaine prochaine.

Au cours d'une conférence de presse tenue dimanche à New York, Cruise a été fidèle à lui-même en enfonçant le clou du divertissement de qualité. Il a affirmé avoir toujours pris grand soin de sélectionner des projets qui pourraient plaire au grand public. «Je suis toujours émerveillé par le cinéma, a-t-il dit. À l'époque de Risky Business et de Top Gun, j'essayais déjà de savourer ces moments privilégiés le mieux possible car tu ne peux jamais savoir s'ils se reproduiront.»

Aujourd'hui très engagé dans la production (il dirige notamment le label United Artists avec sa partenaire d'affaires Paula Wagner), Cruise fait partie de ces vedettes ayant le pouvoir de donner à des cinéastes le mandat de réaliser leurs projets. À eux. Autrement dit, on a souvent l'impression que les stars de cette envergure, toujours très conscientes de leur image, tirent les ficelles derrière la caméra et que le réalisateur ne devient plus alors qu'un exécutant. Aussi ai-je été étonné d'entendre ce que Cruise avait à dire sur ce sujet.

«Je suis un acteur avant tout, a-t-il affirmé. Je veux tenter de trouver les plus beaux rôles dans les meilleurs films. C'est pourquoi je n'ai jamais accepté de signer un contrat d'exclusivité. Je veux rester ouvert à toutes les possibilités. Par-dessus tout, je veux qu'on me dirige. J'y tiens! Sur un plateau, je suis un acteur, rien d'autre.»

Un acteur, sans doute. Un bon acteur, assurément. Le seul problème, c'est qu'il s'appelle Tom Cruise.

Un cinéma d'exception

Pendant que toute l'industrie de l'exploitation du cinéma en salle souffre de gigantisme aigu, voilà qu'un petit cinéma indépendant résiste encore et toujours à l'envahisseur. Mieux, il s'épanouit. Dès aujourd'hui, le Cinéma Beaubien compte deux salles de plus, histoire d'offrir au public cinéphile un éventail encore plus large. Depuis sa renaissance en 2001, le beau cinéma du quartier Rosemont s'est avantageusement positionné en offrant une programmation de qualité, puisée à même les succès du cinéma québécois et international, tout autant qu'à ceux de films d'auteurs plus pointus. On ne peut qu'applaudir. Et promettre d'aller y faire un tour pendant le congé des Fêtes.

Falardeau à Berlin

Mine de rien, C'est pas moi, je le jure! est en train de se construire une belle carrière internationale. Le plus récent film de Philippe Falardeau a en effet été sélectionné au Festival de Berlin, dans une section parallèle réservée au cinéma jeunesse. Rappelons qu'avec Cannes, Venise et Toronto, la Berlinale fait partie du carré d'as des grands festivals de cinéma internationaux. Mais à quand la prochaine sélection québécoise dans la compétition officielle d'un festival majeur? Si je ne fais pas erreur, aucun film de chez nous n'a eu droit à cet honneur depuis Les invasions barbares. C'était en 2003...

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Cette chronique du vendredi fera relâche jusqu'au 6 février.