Il y a deux ans, à l'occasion de la présentation d'un film éminemment oubliable en compétition officielle (September Dawn de Christopher Cain), le Festival des films du monde de Montréal a rendu hommage à Jon Voight. J'avais alors pu passer plus d'une heure en tête à tête avec lui. Cet entretien fut pour le moins intéressant, même si je me souviens avoir ressenti un profond malaise. Dès que la conversation débordait du cinéma pour atteindre la sphère politique, plus aucune discussion n'était possible. La vedette de Midnight Cowboy,Coming Home et Deliverance, qui reconnaît avoir épousé des idées de gauche dans les années 60 et 70, se vautrait dans le discours paranoïaque des conservateurs d'extrême droite.


Ses propos étaient tellement grotesques - et déraisonnables - que j'avais choisi d'y faire très peu écho dans mon papier, essentiellement consacré à la carrière cinématographique du papa d'Angelina.


Depuis, Voight a fait valoir ses idées publiquement. Haut et fort. Il a pris position dans la campagne électorale, prédisant pratiquement l'apocalypse si Obama devait sortir vainqueur de l'élection présidentielle. Il en rajoute aujourd'hui en affirmant que les mesures adoptées par le «faux prophète» depuis son entrée à la Maison-Blanche mènent l'Amérique tout droit au désastre.


Je vous épargne les détails de son discours, prononcé lundi à l'occasion d'une soirée-bénéfice organisée par le Parti républicain. Mais en regardant l'allocution dans son intégralité sur YouTube, je me suis franchement demandé si Voight faisait preuve de culot ou d'inconscience. Peut-être les deux...


Comme n'importe quel citoyen, les artistes ont évidemment droit à leurs opinions. Force est aussi de reconnaître que ceux qui adhèrent à des valeurs plus conservatrices sont généralement plus mal vus.


Cela dit, il vient un moment où les convictions personnelles - qu'elles soient de nature politique ou religieuse - entachent la perception que nous avons d'un artiste. Je crains que Voight ait maintenant atteint un point de non-retour. Le «midnight cowboy» a bien changé, en tout cas...


À quels bâtards aurons-nous droit?


À Cannes, je suis sorti un peu perplexe de la projection d'Inglourious Basterds. J'ai trouvé le premier acte remarquable; le dernier tout autant, mais j'estimais que Quentin Tarantino cédait parfois à ses travers habituels: trop de scènes étirées inutilement, trop de dialogues, trop de tout. Depuis la présentation cannoise, on s'agite beaucoup à ce propos dans la blogosphère. Un peu décontenancé par l'accueil plutôt mitigé qu'il a reçu sur la Croisette, Tarantino serait retourné à sa table de montage afin de resserrer un film dont la durée (2h28) serait trop longue au goût de Harvey Weinstein, grand gourou de The Weinstein Company.


La situation est un peu délicate, car Weinstein, à la tête d'une entreprise dont on dit qu'elle serait en difficulté financière, doit pratiquement sa notoriété - et l'envol de son ancienne société, Miramax - à Pulp Fiction. En 1994, le film lauréat de la Palme d'or fut en effet l'une des premières productions «indépendantes» à franchir la barre des 100 millions de dollars de recettes sur le marché intérieur. Depuis plus de 15 ans, les deux hommes travaillent d'ailleurs en étroite collaboration.


Si des modifications sont apportées à ce Commando des bâtards avant sa sortie, prévue le 21 août, elles proviendront toutefois du cinéaste lui-même, Tarantino bénéficiant du droit de regard final. Certains admirateurs estiment que ce dernier devrait tenir tête au producteur, et même étoffer certaines scènes, quitte à allonger encore la durée du film. D'autres, dont je suis, prétendent qu'Inglourious Basterds gagnerait en pertinence et en efficacité avec une petite coupe «de finition».


Si l'on se fie aux rumeurs qui circulent, tout porte à croire que le film auquel nous aurons droit ne sera pas tout à fait le même que celui montré sur la Croisette. Cela dit, la performance de l'acteur autrichien Christoph Waltz, lauréat du prix d'interprétation masculine, restera à coup sûr éblouissante. Avec ou sans coupes.


Mesrine porté disparu...


Le diptyque consacré au gang-ster Jacques Mesrine a disparu de nos écrans radars depuis maintenant plusieurs mois. Au départ, les dates de sortie des deux films, L'instinct de mort, puis L'ennemi public no 1, devaient s'harmoniser avec celles de la France l'an dernier. Puis, d'autres dates ont été retenues en janvier. Peu de temps auparavant, le distributeur, Alliance Vivafilm, annonçait toutefois que les sorties des deux volets étaient reportées. Depuis, plus de nouvelles, sinon que cette coproduction franco-québécoise (Roy Dupuis est l'une des vedettes de L'instinct de mort) a valu à Jean-François Richet le César de la meilleure réalisation et à Vincent Cassel, celui du meilleur acteur.


Chez Alliance, on explique le délai en évoquant un calendrier estival trop congestionné. Aussi espère-t-on trouver deux dates à l'automne, mais rien n'est encore fixé à cet égard. À tout hasard, je propose la fiche signalétique du film afin de faciliter les recherches.


Nom du disparu: Mesrine


Signe distinctif: diptyque ambitieux coproduit par la firme québécoise Remstar


Dernière preuve d'existence en Amérique du Nord:
Festival du film de Toronto, septembre 2008


Date de disparition: janvier 2009


Dates des retrouvailles en France:
17 juin et 1er juillet 2009 (dates de sortie des deux volets en DVD là-bas)


Toute nouvelle information sur les allées et venues du criminel à l'intérieur du continent devrait être signaléee immédiatement aux autorités.