Judd Apatow est un adolescent attardé de 41 ans qui a les yeux rivés sur son pénis. Il est aussi depuis quelques années le nouveau roi de la comédie régressive hollywoodienne.

Funny People, son film le plus ambitieux à ce jour (à l'image de sa longueur indue de 2h30), a des prétentions dramatiques que The 40 Year Old Virgin et Knocked Up n'avaient pas. Mais ce troisième long métrage du prolifique scénariste et producteur reste comme ses prédécesseurs un monument de vulgarité. Que les admirateurs de Judd Apatow soient rassurés.

Si Funny People ne compte pas 100 blagues sur le pénis, c'est qu'il en compte 99. Mon pénis ceci, ton pénis cela, le pénis de ton grand-père, le pénis de ton voisin... Un peu plus et l'ancien humoriste se fendait d'une blague douteuse sur La graine et le mulet. «L'Amérique a peur du pénis. Je vais l'aider à surmonter sa peur», a déjà déclaré le réalisateur. On a compris.

Précision: j'ai trouvé Funny People drôle en ta... comme dirait l'autre. Jokes de graines et tutti quanti. Il n'y a pas en ce moment aux États-Unis de dialoguiste plus efficace dans l'humour scato, puéril, à forte connotation sexuelle, que Judd Apatow. Dommage qu'il n'ait pas le même talent pour écrire des scénarios qui sortent de l'ordinaire.

La trame de Funny People, par moments franchement fleur bleue, est tout ce qu'il y a de plus conformiste. Hollywood 100% pur. Enlevez les dizaines de références à l'organe mâle et à ses multiples usages et cette comédie romantique pourrait s'appeler Pretty Woman ou Four Weddings and A Funeral, version «bromedy» (comédie entre et pour gars; «brothers»). Issshhhh...

Qu'importe. Funny People s'apprécie comme un bon numéro de stand-up, avec ses temps forts et ses temps morts. Ce que Judd Apatow sait particulièrement mettre en valeur est la référence populaire qui tue. Son humour regorge de clins d'oeil au cinéma, à la musique pop et à la télévision des dernières décennies.

Mr Belvedere aussi avait un pénis, nous rappelle le scénariste et réalisateur, adepte de «caméos» (comme disent les Anglos) de vedettes plus ou moins connues: Norm McDonald, Ray Romano, Eminem, Sarah Siverman, Andy Dick et autres Paul Reiser.

Judd Apatow, révélé comme réalisateur grâce à The 40 Year Old Virgin (puis l'hilarant Knocked Up), mais d'abord comme scénariste (Fun with Dick and Jane, Walk Hard, You Don't Mess With The Zohan, Pineapple Express) et producteur (Year One, Step Brothers, Superbad, Talladega Nights), s'est encore une fois entouré de sa «famille» cinématographique. Sa femme et ses deux filles sont même de la distribution, comme son alter ego Seth Rogen, dans le rôle d'un jeune aspirant humoriste embauché comme assistant par une superstar de l'humour (Adam Sandler) atteinte d'une maladie mortelle.

Apatow et Sandler étaient colocataires dans les années 80, alors qu'ils tentaient de percer dans le monde de l'humour. Funny People est à la fois un hommage à cette époque et un regard empreint d'autodérision sur la célébrité, la vie d'humoriste et de vedette hollywoodienne. George Simmons, le personage de Sandler, a des airs évidents... d'Adam Sandler, mais surtout d'Eddie Murphy. Une légende du stand-up confinée à des rôles payants mais ridicules dans des comédies décervelées.

Funny People n'est pas une comédie décervelée. Sans révolutionner le genre, c'est un film qui traite efficacement de l'humour par l'humour, et s'insère parfaitement dans le parcours comique singulier de Judd Apatow. Un parcours jalonné de jokes de pénis.

Brüno menacé de poursuites

En parlant de pénis, Brüno, comédie outrancière mettant en vedette le personnage de reporter gai de Sacha Baron Cohen - filmé dans toute son intimité - a attiré cette semaine les foudres d'Ayman Abou Aita, 44 ans, l'un des responsables du Fatah en Cisjordanie, présenté dans le film comme le «leader du groupe terroriste les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa».

M. Aita menace Sacha Baron Cohen de poursuites judiciaires. «Je ne suis pas membre d'Al-Aqsa, a-t-il déclaré à l'AFP. C'est un mensonge, tout est un mensonge. Nous avons été trahis lorsque cet homme nous a dit qu'il était journaliste.»

Je ne saurais dire ce qui me fait le plus rire dans cette histoire.

Rétrospective Cassavetes

Le Cinéma du Parc présente jusqu'au 13 août une rétrospective des longs métrages de John Cassavetes, cinéaste américain mythique. Une occasion unique de voir ou de revoir des films comme A Woman Under the Influence, Opening Night ou Faces. L'ancienne compagne de Cassavetes, Gena Rowlands, a enregistré quatre courts témoignages pour l'occasion, qui seront présentés avant chacun des 12 longs métrages. Je sais ce que je vais faire au cours des prochaines semaines. Cette chronique fera relâche pour un mois. Bon cinéma.