On annonce de la neige en milieu de semaine prochaine. La grisaille de novembre nous menace. La grippe nous attend dans le détour, comme Freddy Krueger à l'angle de Elm et de Dead End. Que faire? Rester à la maison, c't'affaire. Il n'y a pas de méthode de vaccination plus efficace que de s'enfermer à la maison avec un gros paquet de comédies. Bouillon de poulet pour le cinéphile combattant le blues de l'automne.

Cette chronique pro-cocooning a été inspirée par tous ces lecteurs et amis qui souhaitent que je leur suggère des films à louer. J'ai beau en voir quatre par semaine, il n'y a pratiquement jamais de titres qui me viennent spontanément à l'esprit. En voici 10, sans ordre particulier, qui m'ont fait rire aux larmes.

 1. Fargo des frères Coen

Un vendeur de voitures d'occasion (William H. Macy) qui a des soucis financiers imagine un subterfuge pour soutirer de l'argent à son beau-père. Son projet bancal vire évidemment à la catastrophe. Toutes les occasions sont bonnes pour nous faire rire, noir, dans la plus pure tradition des frères Coen. Surtout quand un assassin a du mal à broyer la jambe de l'une de ses victimes dans un déchiqueteur à bois. Pissant. De sang entre autres.

2. Le péril jeune de Cédric Klapisch

J'ai repensé au Péril jeune en voyant récemment Les beaux gosses. Il n'y a jamais eu, à mon sens, de comédie sur l'adolescence plus comique et délirante que ce film de 1995 (déjà?) de Cédric Klapisch. Tomasi, Momo, Bruno...Et l'inoubliable trip d'acide, dans le bain, de Chabert (Vincent Elbaz).

3. Juno de Jason Reitman

En attendant Up in the Air, nouveau film de Jason Reitman (sortie prévue en décembre) que le Tout-Hollywood voit déjà aux Oscars, pourquoi ne pas revisiter cette comédie spirituelle et irrévérencieuse. Petit film charmant et intelligent sur les aléas de l'adolescence, Juno propose une vision oblique de l'Amérique, du point de vue pétillant d'une fille de 16 ans (la Canadienne Ellen Page, lumineuse) allumée, frondeuse, irrésistible...et enceinte.

4. Happiness de Todd Solondz

Le nec plus ultra de la comédie noire, grinçante, tragicomique. Un film choral jouissif qui transgresse tous les tabous. Un père de famille pédophile rêve qu'il massacre à la mitraillette une douzaine de couples heureux, pique-niquant dans un parc, sur fond de musique d'ascenseur. Il rêve aussi d'un ami de son fils préadolescent. Tordu, provocateur, et drôle à mourir. En espérant voir bientôt Life During Wartime, qui a suscité la controverse au dernier Festival de Toronto.

5. Being John Malkovich de Spike Jonze

Avant Synechdoche, New York et Eternal Sunshine of the Spotless Mind, il y a eu dans la tête de Charlie Kaufman, ce scénario invraisemblable, rempli d'idées folles, d'humour déjanté, de situations cocasses et d'étages «et demi». Un film follement amusant, brillamment réalisé par Spike Jonze.

6. Napoleon Dynamite de Jared Hess

C'est parce qu'il prétend être si mauvais que Napoleon Dynamite est si bon. Un grand roux dégingandé vit sa vie de nerd à grosses barniques dans une campagne perdue de l'Idaho. Entre deux taxages, son quotidien bascule (si peu) lorsque son ami Pedro, un immigrant mexicain de fraîche date, se met en tête de devenir président du conseil étudiant. Le nerd aura sa revanche. Un film-culte rétro-kitsch hilarant, à prendre au deuxième (ou douzième) degré.

7. The Royal Tenenbaums de Wes Anderson

Le retour à la maison familiale d'anciens enfants prodiges devenus des adultes carencés, au prétexte de la maladie grave de leur père, sert de prémisse à cette comédie loufoque et brillante, mettant en scène des personnages tous plus forts les uns que les autres. Un parfait hors d'oeuvre à Fantastic Mr Fox, le nouveau film d'animation de Wes Anderson, en salle mercredi.

8. Bad Santa de Terry Zwigoff

Après Le père Noël est une ordure, sans doute mon «film de Noël» préféré. Billy Bob Thornton en Santa Claus ivrogne et mal rasé envoie paître les enfants avant de voler le coffre-fort du centre commercial qui l'emploie, en compagnie de son complice, un nain déguisé en elfe. Délicieusement décapant. Avec les regrettés Bernie Mac et John Ritter.

9. La moitié gauche du frigo de Philippe Falardeau

Christophe (Paul Ahmarani), jeune ingénieur désespérément à la recherche d'un emploi, se heurte à des portes closes, à des filles récalcitrantes, à une administration qui lui refuse l'assurance emploi. Son colocataire (Stéphane Demers) filme ses déboires dans le menu détail. De mémoire, je ne peux me souvenir d'un film québécois qui m'a plus fait rire que ce subtil faux documentaire engagé.

10. Election d'Alexander Payne

Reese Whiterspoon a été révélée au public américain grâce à ce rôle hilarant d'élève ambitieuse, prête à tout pour arriver à ses fins, quitte à ruiner la carrière d'un de ses profs (Matthew Broderick). De l'humour fin, particulièrement caustique, du cinéaste de Citizen Ruth, Sideways et About Schmidt.

Pour joindre notre chroniqueur: marc.cassivi@lapresse.ca